L’Union africaine se dote d’une feuille de route pour la Centrafrique

Les membres du panel de facilitateurs de l’Initiative africaine se sont réunis pour la première fois à Bangui les 11 et 12 septembre sous l’égide des ministres des Affaires étrangères centrafricain et congolais pour donner une suite au draft établi en juillet. 

 

L’Union africaine est désormais seule à la manœuvre dans les efforts de médiation en vue de parvenir à la paix en RCA. Prochainement, selon un calendrier qui doit encore être établi, le panel de facilitateurs de l’Initiative africaine va rencontrer chacun des chefs des groupes armés. « Nous allons les rencontrer un à un pour que nous puissions parler directement, franchement, sans aucune présence extérieure. Il y aura tous les membres du panel qui vont se déplacer chez chacun d’eux pour leur montrer le respect que nous avons, notre ouverture et notre disponibilité de les écouter avec suffisamment de temps et avec suffisamment d’attention pour que, à la fin de cette campagne auprès de tous, nous puissions faire une synthèse et réfléchir sur un canevas d’accord politique crédible et praticable dans les meilleurs délais possibles. Mais ce travail n’est possible que si les groupes, qu’ils soient des ex-Seleka, des ex-anti-Balaka, ou de nouveaux groupes émergents ou apparaissant, qu’ils arrêtent de se tuer, qu’on arrête le massacre des citoyens paisibles de la Centrafrique, qu’on arrête les violences pour que nous puissions travailler avec d’autres Centrafricains aussi pour trouver une solution rapide. »

C’est ce qui ressort de la première réunion à Bangui du panel des facilitateurs de l’Initiative africaine pour la paix et la réconciliation en Centrafrique. Le représentant spécial du président de la Commission de l’Union africaine, Mohamed El Hacen Lebatt, a expliqué, au cours d’une conférence de presse, à l’issue de cette réunion, le 12 septembre, à Bangui, le travail du panel pour la mise en œuvre de la feuille de route de l’Initiative de l’UA pour promouvoir la paix et la réconciliation en République Centrafricaine. La feuille de route prévoit notamment la création d’un panel de facilitation sous l’égide de l’UA, d’un fonds spécial en vue de financer l’opération et de rendre public un communiqué résumant l’ensemble de ces décisions, a indiqué Mohamed El Hacen Lebath.

L’apport du Panel de facilitateurs est de faciliter les rencontres et d’offrir le cadre des discussions et des échanges entre les différents groupes. « Nous allons travailler d’arrache-pied pour réunir les conditions techniques, logistiques, financières, des ressources humaines et des communications afin d’avoir une carte complète de tous les groupes qui portent des armes aujourd’hui sur l’ensemble du territoire pour un dialogue inclusif et total sans exclure qui que ce soit afin de ramener définitivement la paix en Centrafrique », a expliqué Lebath.

Pour rappel, le Panel de facilitateurs a été institué le 17 juillet à Libreville, au Gabon lors d’une réunion ministérielle regroupant l’Angola, le Gabon, le Congo et le Tchad. Selon le communiqué sanctionnant la première réunion du panel, l’objectif principal a été « le lancement du processus de mise en œuvre de la feuille de route de l’Initiative africaine pour la paix et la réconciliation en RCA. Les membres du Panel ont été accueillis par le ministre des Affaires étrangères, et de la coopération internationale de la République centrafricaine, Charles Doubane. Au nom de tous les ministres des pays membres de l’Initiative africaine, le ministre des Affaires étrangères, de la Coopération et des Congolais de l’étranger de la République du Congo, Jean-Claude Gakosso, a ouvert les travaux du Panel. Auxquels ont pris part Mohamed El Hacen Lebatt, conseiller stratégique principal du président de la Commission de l’UA et coordinateur du Panel ; le ministre Jean Willybiro Sako, point focal de la RCA de l’Initiative africaine; l’ambassadeur Baudouin Hamuli Kabarhuza, directeur des affaires politiques et du Mécanisme d’alerte rapide de l’Afrique centrale de la CEEAC, représentant de la CEEAC dans le Panel; l’ambassadeur Jean Félix Mokiemo, chef de département Afrique du ministère des Affaires étrangères, de la Coopération et des Congolais de l’étranger de la République du Congo; l’ambassadrice Madeleine Megneng Obame, directeur des affaires africaines au ministère des Affaires étrangères du Gabon; Manuel Da Rocha, consul général d’Angola; Abdou Hountinto, chargé d’affaires de l’ambassade du Tchad; l’ambassadeur Moussa B. Nebie, représentant spécial du président de la Commission de l’UA en RCA; l’ambassadeur Adolphe Nahayo, représentant du secrétaire général de la CEEAC en RCA; Kenny Gluck, représentant spécial adjoint du secrétaire général des Nations Unies en RCA, en tant qu’observateur.

Selon le même communiqué, après l’adoption de l’ordre du jour, les participants ont procédé à un examen des points inscrits à l’ordre du jour sous la modération du professeur Hacen Lebatt. Au sujet des conditions de succès de l’Initiative africaine, le Panel, conscient de la qualité de médiateurs de ses membres, a reconnu, entre autres, que le soutien total du président de la RCA, des pays limitrophes, de la MINUSCA et des autres partenaires multilatéraux et bilatéraux est indispensable au succès de leur mission. S’agissant de l’organisation interne, le Panel a adopté son mode de fonctionnement dont le bureau sera sous la présidence de l’UA, de la CEEAC et du gouvernement centrafricain, avec le soutien des Nations Unies.

Il a adopté le principe de l’ouverture du Panel aux pays limitrophes de la RCA qui en feraient la demande, et invite l’Union européenne (UE), l’Organisation internationale de la francophonie (OIF), l’OCI et la Communauté Sant’Egidio à les accompagner à titre d’observateurs. Concernant le plan d’action, le Panel des facilitateurs a adopté leurs actions prioritaires dans un chronogramme assorti d’une prévision budgétaire. À cet effet, il a lancé un appel aux États membres du Panel et aux partenaires internationaux d’apporter leurs contributions dans les meilleurs délais possibles.

Le Panel a mis en place un secrétariat technique sous la supervision de la CEEAC qui se chargera, en collaboration avec l’Union africaine et le gouvernement (point focal), de finaliser les documents et de mobiliser les moyens logistiques nécessaires au démarrage des contacts et du dialogue envisagé. Il a unanimement exprimé la ferme détermination à œuvrer pour le succès de cette Initiative en vue de contribuer à la réconciliation et à la cohésion nationale pour le rétablissement de la paix durable en RCA. Il a constaté avec une profonde amertume la poursuite injustifiée des violences contre les populations innocentes dans de nombreuses localités du pays. Cette situation constitue une entrave majeure au dialogue et au processus de paix et de réconciliation dans le pays. Et il a lancé un appel urgent aux groupes armés de cesser toutes les hostilités et de s’engager, avec lui, dans l’esprit du dialogue dont le chronogramme, séquences et timing leur seront communiqués dans les meilleurs délais.

Au terme des travaux, le Panel de facilitateurs a été reçu en audience par le président de la République, Faustin-Archange Touadéra pour lui faire part des résultats de leur réunion. Le Panel a remercié le chef de l’État pour le soutien total à la concrétisation de l’Initiative africaine, et pour la nomination du ministre Jean Willybiro Sako comme point focal du gouvernement.