Lusaka accueille une rencontre sur le traitement pédiatrique du sida

Si le Congo a fait des progrès remarquables en matière de lutte contre la pandémie, l’accès aux médicaments et la prise en charge demeurent un véritable casse-tête.

L’accès aux antirétroviraux demeure un casse-tête pour les malades.
L’accès aux antirétroviraux demeure un casse-tête pour les malades.

Les délégués des ONG de lutte contre le VIH de 8 pays d’Afrique (Tanzanie, Cameroun, Zambie, Congo, Malawi, Lesotho, Kenya et Mozambique) se réunissent à Lusaka, en Zambie, du 16 au 19 novembre. La rencontre est organisée conjointement par le Fonds du gouvernement américain pour la lutte contre le VIH, l’ONUSIDA et la Fondation Fonds d’investissement  pour l’enfance (CIFF). Selon un expert de l’Union congolaise des personnes vivant avec le VIH (UCOP+), il s’agit d’un échange de stratégies et de techniques liées au dépistage et au traitement pédiatrique du sida.

État de la situation

Au Congo, environ 60 000 enfants vivent avec le virus du sida sur un total de près de 400 000 personnes, dont environ 100 000 ont accès aux antirétroviraux, selon le docteur Franck Fwamba du Programme national multisectoriel de lutte contre le sida (PNMLS). Pour lui, il est nécessaire de renforcer les stratégies pour accroître le taux d’accès aux antirétroviraux pour les enfants comme pour les adultes malades. Les participants  à la rencontre de Lusaka vont échanger sur les techniques actuelles dans leurs pays, relatives au  traitement pédiatrique du VIH/Sida. Ces techniques visent notamment l’élimination de la transmission du VIH de la mère à l’enfant. À travers ce traitement, les médecins font subir un test virologique aux mères séropositives. L’objectif est de dépister le VIH en vue de remettre des antirétroviraux aux mères  porteuses du virus.

Le  PNMLS chiffre à 5 055 le nombre d’enfants nés malades et placés sous un traitement aux antirétroviraux en 2013 contre 8 505 en 2014. C’est pourquoi les hôpitaux et les centres de traitement sont encouragés à dépister le plus de femmes enceintes dans l’optique de réduire la transmission du virus de la mère à l’enfant. Les pouvoirs publics, quant à eux, sont appelés à élaborer des budgets conséquents pour la lutte contre le VIH/Sida, notamment pour l’achat d’antirétroviraux en quantités suffisantes. Ces budgets devraient être adoptés par les Assemblées provinciales et le Parlement, conformément à la Déclaration d’Abuja de 2006, qui  oblige les États à consacrer 15 % de leur budget à la santé. Au Congo, le secteur  de la santé bénéficie de moins de 10 % du budget national. Plus de 90 % des fonds dépensés dans la lutte contre le VIH/Sida proviennent des bailleurs extérieurs. Les maigres moyens alloués à la santé dans le budget national ne peuvent pas couvrir les besoins relatifs aux systèmes d’approvisionnement en médicaments, à la surveillance de la pharmaco-résistance du VIH, à la supervision des malades assurée par le personnel soignant et à l’amélioration des infrastructures ainsi que l’acquisition de nouveaux équipements dans le domaine de la lutte contre le VIH/sida.

Campagnes de sensibilisation

Le renforcement de l’accès aux antirétroviraux passe aussi par les campagnes de sensibilisation des personnes vivant avec le VIH au bien-fondé de la prise des antirétroviraux. Une synergie d’actions des acteurs aussi bien étatiques, du secteur des entreprises que des ONG est indispensable. Au-delà  du  traitement par les antirétroviraux,  les animateurs sociaux au niveau des provinces, des districts et des communes ainsi que les activistes des organisations de lutte comme Femmes Plus, UCOP +, AMMO Congo et d’autres associations feraient œuvre utile en multipliant les campagnes d’information et de sensibilisation à l’intention des personnes vivant avec le VIH/Sida. Ces campagnes viseraient à convaincre de sortir de la clandestinité et de s’inscrire dans la logique du traitement aux antirétroviraux et l’assistance des personnes vivant avec le VIH/Sida en aliments et en activités génératrices de revenus contribuent à les amener à poursuivre la prise des antirétroviraux, soulignent des animateurs d’ONG. D’après eux, nombre de malades ont abandonné la prise des antirétroviraux à la suite de la fatigue causée par ces produits aux malades affamés. Les adultes sous traitement antirétroviral, ajoutent ces animateurs, se plaignent des effets collatéraux des antirétroviraux.

Engagements politiques

Au Congo, les adultes malades n’ayant pas accès aux antirétroviraux sont estimés à environ 300 000 sur les 400 000 personnes vivant avec le VIH/Sida. En 2011, le pays  a souscrit, lors de la session spéciale de l’assemblée générale des Nations unies sur le VIH/Sida à la Déclaration visant à mettre en œuvre une série d’interventions afin de freiner et d’inverser les tendances de l’épidémie du sida. Il a adhéré à la Déclaration politique des États membres de l’ONU sur le VIH/Sida de 2011 sur l’augmentation du nombre de personnes  sous traitement antirétroviral et l’élimination de nouvelles infections au VIH parmi les enfants en gardant en vie leurs mères. Depuis 1983, année où le Zaïre s’était engagé dans la lutte, on peut épingler quelques réalisations, notamment l’élaboration d’un plan national d’élimination de la transmission du virus de la mère à l’enfant, d’un plan stratégique national de lutte contre le VIH/Sida, la promulgation de la loi portant sur la protection des personnes vivant avec le VIH et des personnes affectées, l’adoption d’un plan national d’extension de l’accès aux traitements antirétroviraux, la création du Programme national de lutte contre le sida et la signature de l’ordonnance-loi portant sur la création et l’organisation du PNMLS. Les participants au colloque de Lusaka rappelleront aux gouvernements de leurs pays respectifs le respect des engagements internationaux librement consentis en matière de lutte contre le VIH/Sida.