À L’arrivée des membres de l’ONUSIDA pour les réunions du Conseil de coordination des programmes (CCP) à Genève, des militants ont dressé mardi 26 juin une ligne de piquetage devant le siège de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) pour réclamer le renvoi du directeur exécutif de l’ONUSIDA, Michel Sidibé. On lui reproche la « gestion bâclée » d’une enquête sur le harcèlement sexuel visant un cadre dirigeant de l’agence. Ce furent des femmes et d’autres activistes et militants déterminés à confronter « l’indifférence et l’apathie » envers les allégations de harcèlement sexuel sur le lieu de travail, à l’échelle mondiale.
Les manifestations ont eu lieu devant l’immeuble de l’OMS à l’arrivée des membres et des fonctionnaires de l’ONUSIDA pour les trois jours de réunions du CCP, dans le but de persuader le directeur exécutif de l’ONUSIDA, Michel Sidibé, de démissionner (ou d’être congédié par les fonctionnaires des Nations Unies) pour « sa mauvaise gestion et dissimulation consécutive d’une enquête sur le harcèlement sexuel visant un cadre dirigeant de l’agence ». La veille de la réunion programmée du CCP de l’ONUSIDA, des défenseurs des droits des femmes et des employés de l’ONU, ayant subi un harcèlement sexuel au travail ont déclaré aux médias lors d’une conférence de presse au Geneva Press Club, que « la seule façon de sortir de la crise qui frappe actuellement l’agence de l’ONU est que Michel Sidibé, le directeur exécutif, démissionne ou soit congédié ».
Il faut de véritables réformes
Pour les manifestants, il s’agirait là d’« une première étape sur la voie vers de véritables réformes ». Pour sa part, Michel Sidibé a mal géré les allégations de harcèlement sexuel à l’encontre de son ancien adjoint, le Dr Luiz Loures, en tentant de « couvrir l’incident et d’interférer avec l’enquête ultérieure ». Selon les médias, il a tenté d’« influencer Martina Brostrom, une employée de l’ONUSIDA et la cible du harcèlement du Dr Loures, en lui offrant une promotion si elle abandonnait la plainte ». Les mêmes sources rapportent que « durant une réunion du personnel de l’ONUSIDA, Michel Sidibé a également menacé les dénonciateurs qui envisageraient de porter d’autres accusations d’abus à l’avenir ». Lundi 25 juin, des journalistes ont recueilli les déclarations publiques de Martina Brostrom et de l’ancienne consultante de l’UNFPA, Prashanti Tiwari, laquelle a été également victime d’agression sexuelle, ainsi que celles du leadership de l’AIDS Healthcare Foundation sur « la nécessité de transformer la culture au sein du système de l’ONU qui tolère le comportement abusif d’hommes occupant des postes de dirigeants, envers leurs collaboratrices ». Au cours de cette conférence de presse, Martina Brostrom a confié y avoir participé, car elle veut « appeler le conseil de l’ONUSIDA à agir et à mettre fin au sexisme, au népotisme et aux patronymes (sic.) au sein de l’ONUSIDA ».
« Je demande au CCP de congédier le directeur exécutif de façon à ce que l’organisation soit un environnement sûr pour les femmes et poursuive son mandat important qui est de répondre à l’épidémie de VIH dans le monde. Au minimum, je voudrais demander au conseil de suspendre Michel Sidibé de ses fonctions au cours de l’enquête d’un groupe indépendant pour éviter ses ingérences, conformément aux politiques de l’ONUSIDA. », a-t-elle déclaré. De son côté, Prashanti Tiwari, qui a participé à la conférence de presse via Skype, a indiqué que « trop souvent, les auteurs d’agression et de harcèlement sexuel au sein du système de l’ONU restent impunis, car ils sont protégés par leur immunité diplomatique, ce qui décourage d’autres femmes de signaler de tels cas ». Elle a souligné que tout le monde à l’ONU est devenu son procureur en l’attaquant et en attaquant son intégrité quand elle a déclaré qu’elle avait été agressée. « Tel est le sort des femmes qui font entendre leur voix, tandis que ceux qui se comportent aussi abominablement ne subissent aucune conséquence », a-t-elle ajouté. « En se défendant par le biais d’une campagne de relations publiques, Michel Sidibé défend un système et une culture de complicité et d’acceptation du harcèlement sexuel ; c’est totalement répréhensible, et nous ne l’accepterons pas. », a déclaré Terri Ford, directrice des représentations et des politiques mondiales de l’AHF. Et de poursuivre : « Comment pouvons-nous suivre une organisation mondiale qui est supposée diriger le mouvement contre le SIDA, avec ce type d’exemple. Si Michel Sidibé se souciait vraiment de ce qu’il professe, à savoir les personnes qui vivent avec le VIH/SIDA, la durabilité de l’ONUSIDA et l’unification de la communauté, il se mettrait à l’écart ainsi que son intérêt personnel pour le plus grand bien de la cause et se désisterait ; dans le cas contraire, il n’y a aucune chance que cette situation s’arrange et que des réformes aient lieu tant qu’il restera en fonction. » La conférence de presse et la manifestation de Genève représentent la toute dernière d’une série d’actions similaires menées ces dernières semaines dans plusieurs grandes villes. Le scandale de l’ONUSIDA a été largement couvert par les médias grand public, notamment CNN, The Guardian, The Independent, Al Jazeera, le Daily Mail et d’autres. D’autres pays apportant une contribution à l’ONUSIDA, notamment le Royaume-Uni et les Pays-Bas, ont également été invités à intervenir devant l’inaction de l’actuelle administration de l’ONU.
L’AIDS Healthcare Foundation, la plus grande organisation mondiale de lutte contre le sida, fournit actuellement des soins et/ou des services médicaux à plus de 924 000 personnes dans 41 pays à travers le monde, notamment aux États-Unis, en Afrique, en Amérique latine, aux Caraïbes, dans la région Asie-Pacifique et en Europe de l’Est.