Depuis une dizaine d’années, les différences comportementales entre hommes et femmes en matière d’investissement suscitent un intérêt grandissant. Plusieurs thèmes récurrents ont été mis en évidence par les recherches menées par des académiciens, des consultants et des gérants de fonds.
Il semblerait que les femmes soient nettement plus enclines à associer leur objectif de placement à l’idée d’apporter sécurité et soutien à leur famille tout en favorisant son indépendance. Leurs objectifs sont donc souvent de long terme. A cette fin, elles sont davantage susceptibles que les hommes de faire des recherches approfondies et de demander l’avis d’autres personnes avant de prendre leur décision.
Les hommes plus compétitifs?
Les hommes ont au contraire davantage tendance à être compétitifs, à pratiquer le market timing et à se concentrer sur la performance à court terme de leur portefeuille. Ils sont plus indépendants et autonomes lors de leurs recherches.
Ces approches contrastées présentent chacune des avantages et des inconvénients. Les hommes sont plus susceptibles d’être influencés par un biais de confirmation, mais aussi plus enclins à investir à contre-courant, alors que les femmes tendent à suivre les opinions consensuelles.
Au bout du compte, quel est l’impact de ces attitudes différenciées sur les portefeuilles de titres des hommes et des femmes? Pour en savoir plus, Legg Mason a interrogé au début de l’année 900 épargnants et investisseurs suisses dans le cadre de son sondage sur les placements à l’échelle globale.
Les femmes auraient davantage de liquidités
Cette enquête a révélé que les femmes détiennent une part de liquidités et d’obligations supérieure d’environ 7% à celle des hommes, mais pondèrent les actions de façon similaire. La différence se situe plutôt au niveau de la proportion plus importante de placements immobiliers et d’investissements non traditionnels détenue par les hommes.
Le souhait des femmes de protéger plus de la moitié de leur portefeuille contre les risques de placement importants reflète leur optimisme moindre à l’égard des marchés. S’agissant de leurs attentes concernant l’évolution des marchés durant l’année à venir, 54% d’entre elles ont en effet répondu qu’elles n’étaient pas optimistes. Cette proportion n’était que de 37% parmi les hommes.
Lorsqu’on leur demande quels investissements leur paraissent les plus prometteurs sur un horizon d’un an, les hommes favorisent clairement le rapport risque/rendement des actions, alors que les femmes montrent une nette préférence pour l’immobilier. Le constat le plus intéressant est que près d’un quart des femmes affirment n’avoir aucune idée de la classe d’actifs qui surperformera au cours des 12 prochains mois, alors que seuls 10% des hommes se montrent aussi incertains. Ce biais s’accentue lorsqu’on demande aux hommes et aux femmes de citer les pays les plus prometteurs pour un investissement: 22% des hommes disent qu’ils ne savent pas, contre 59% des femmes.
En solo ou conseillé ?
Cela étaye la théorie selon laquelle les femmes préfèrent décider après avoir consulté quelqu’un, tandis que les hommes se fient à leurs recherches. Le sondage le confirme en montrant que les femmes tiennent davantage compte des opinions et recommandations de tiers, que ce soit celles de leur conseiller, de leur famille ou d’un ami. Les hommes sont plus enclins à effectuer leurs propres recherches en lisant la presse financière ou des blogs.
La sensibilité aux impulsions du market timing est plus marquée chez les hommes que chez les femmes. Lorsqu’on demande aux hommes et aux femmes quels problèmes macroéconomiques, comme l’instabilité politique, la volatilité des cours boursiers, l’évolution des taux d’intérêt et de l’inflation, ils jugent particulièrement menaçants pour les douze prochains mois, les hommes citent leurs préoccupations, alors que les femmes tendent plus à répondre qu’elles ne sont pas préoccupées.
83% des femmes ont une approche conservatrice
Lorsque nous avons interrogé les hommes et les femmes au sujet de leur style de placement, les femmes étaient plus nombreuses à qualifier leur approche de conservatrice (83%), contre 71% parmi les hommes. Les hommes sont donc bien plus enclins à affirmer qu’ils ont pris des risques de placement qui se sont révélés payants et qu’ils ont l’intention de relever le niveau de risque durant l’année à venir.
Que pouvons-nous en conclure? Le souhait des hommes de comprendre les marchés financiers pour pouvoir agir de manière indépendante peut se traduire par des résultats aussi bien positifs que négatifs. En revanche, la disposition des femmes à tenir compte de conseils suggère une plus grande probabilité d’obtenir un résultat ni bon ni mauvais. Les deux approches ont leurs mérites.