L’expérience de la Côte d’Ivoire démontre l’importance des politiques prospectives, des réformes structurelles et des investissements clés dans la stimulation de l’émergence. Le nouveau Plan national de développement pour 2016-2020 privilégie la transformation économique structurelle par le biais de l’industrialisation, du développement des infrastructures et de la croissance inclusive. Le PNUD est fier d’avoir appuyé le gouvernement de la Côte d’Ivoire dans la préparation de son Plan de développement national et son alignement sur les résultats de la Conférence internationale sur l’émergence de l’Afrique de 2015 et sur le Programme 2030. Le PNUD œuvre à présent de concert avec le gouvernement ivoirien afin de mettre en place un cadre de suivi et d’évaluation pour surveiller la mise en œuvre du plan, et pour établir également un dialogue national sur les politiques publiques inclusives et les processus budgétaires efficaces.
Les défis de l’émergence
À l’avenir, le PNUD est prêt à mettre à contribution sa présence dans le monde en vue de faciliter l’échange d’expériences en matière de développement dans des domaines dignes d’intérêt pour le gouvernement de la Côte d’Ivoire.
Dans l’ensemble du continent, on constate encore une dépendance excessive à l’égard des produits de base alors que la baisse des prix de certains d’entre eux durant ces dernières années a eu comme effet de freiner la croissance économique. L’accroissement de la résilience face aux chocs provoqués par les fluctuations des cours des produits de base nécessite une plus grande diversification de l’économie et des exportations, ainsi que l’industrialisation.
Les restrictions commerciales restent plus élevées en Afrique subsaharienne que partout ailleurs dans le monde. Ce constat conjugué à une prolifération des accords commerciaux bilatéraux et régionaux risque d’avoir un impact négatif sur l’espace politique dont les pays africains ont besoin pour promouvoir l’émergence.
La réussite du Cycle de négociations de Doha pour le développement de l’Organisation mondial du commerce (OMC) pourrait constituer une étape décisive pour mettre le commerce au service du développement de l’Afrique. Pour cela, les capacités institutionnelles doivent être renforcées pour soutenir l’analyse prospective, la mise en œuvre et le suivi des stratégies et des politiques visant à réaliser l’émergence. Les gains de l’émergence à ce jour ne sont pas équitablement partagés. En moyenne, les 20 % des travailleurs les mieux payés en Afrique ont des revenus de dix fois supérieurs à ceux des 20 % de travailleurs les moins bien rémunérés. La répartition inégale des ressources, du pouvoir et de la richesse, couplée à des normes sociales inéquitables, conforte les inégalités persistantes. Les inégalités hommes femmes coûtent à l’Afrique subsaharienne 95 milliards de dollars en moyenne par an, soit 6 % du PIB de la région. L’objectif de ne laisser personne de côté est un élément clé du Programme 2030, qui sera essentiel à l’émergence complète de l’Afrique.
Accélérer l’émergence de l’Afrique
La Déclaration d’Abidjan de 2015 a mis en évidence trois piliers liés à l’émergence de l’Afrique : la transformation économique structurelle, la mise en place d’un État développementiste et la promotion du développement humain. Le PNUD considère qu’il est nécessaire, pour faire progresser ces piliers, de prendre des mesures effectives dans cinq domaines stratégiques : Premièrement, l’industrialisation de l’Afrique devrait s’articuler autour des domaines dans lesquels le continent bénéficie du meilleur avantage comparatif, en s’appuyant notamment sur l’agriculture et les industries extractives. Cela aiderait les pays africains à gravir les échelons des chaînes de valeur et à faciliter le développement de groupes industriels et la croissance des PME comme piliers de l’économie. Un exemple réussi à cet égard est celui de l’Éthiopie, qui a fait la démonstration du potentiel des parcs industriels et des zones économiques spéciales (ZES) pour transformer le secteur manufacturier et stimuler l’industrialisation.
Deuxièmement, il est primordial de promouvoir l’esprit d’entreprise et de tirer parti de la vitalité du secteur privé. Pour ce faire, il importe de renforcer les compétences grâce à l’éducation, à la formation technique et à la formation professionnelle en vue d’améliorer l’employabilité et de donner libre cours au pouvoir créateur des jeunes et des femmes. En exploitant le potentiel de leurs populations jeunes, les pays émergents d’Asie ont réussi à développer leur main-d’œuvre et à gagner en compétitivité et en productivité.
Troisièmement, les investissements continus et à grande échelle dans des infrastructures de qualité sont essentiels. La Banque mondiale et la Banque africaine de développement ont estimé que pour surmonter les graves déficits d’infrastructure, l’Afrique subsaharienne devrait investir 93 milliards de dollars supplémentaires par an dans ses infrastructures jusqu’en 2020. L’approvisionnement en électricité stable, le maintien des réseaux routiers et ferroviaires en bon état de fonctionnement, et la nécessité de disposer d’un secteur portuaire fort et de systèmes de communications aériens et maritimes efficaces sont indispensables pour stimuler l’émergence.
Quatrièmement, des politiques sociales saines sont essentielles pour traduire la croissance économique en autant de gains sur le front du développement humain. Il existe de nombreux exemples de la façon dont les politiques sociales ont permis d’induire une croissance plus inclusive, au sein de l’Afrique et au-delà. Les expériences de pays tels que Cap Vert, Maurice, le Rwanda, le Sénégal et la Tanzanie peuvent être reproduites et mises à l’échelle. Enfin et surtout, il est essentiel de construire un État développementiste porteur d’une vision claire et partagée, caractérisé par une gouvernance responsable et transparente et détenteur d’une forte capacité institutionnelle. « Accélérer l’émergence n’est qu’un seul élément de l’équation ; soutenir l’émergence en est l’autre. Un État qui promeut un développement tenant compte des risques et résilient face aux problèmes, notamment par le biais de la réduction des risques de catastrophe, de la lutte contre le changement climatique, de la protection sociale et de la cohésion sociale, est mieux préparé à stimuler et à maintenir le programme de l’émergence », pose l’administrateur du PNUD, Helen Clark.
D’ailleurs, le PNUD travaille activement avec les partenaires africains pour documenter et partager les leçons et les expériences tirées des initiatives transformatrices en faveur de l’émergence. L’étude de cas portant sur les réussites et les défis associés à la mise en œuvre de l’émergence dans treize pays, qui devrait être présentée à la 2è édition de la CIEA, est un exemple édifiant de cet effort. En collaboration avec la Banque africaine de développement et la Banque mondiale, le PNUD envisage également d’étendre le partenariat pour l’émergence à d’autres partenaires multilatéraux et bilatéraux, ce qui pourrait contribuer à accélérer les progrès de l’émergence en Afrique. Au niveau des pays, le PNUD est déterminé à soutenir l’intégration des trois piliers de l’émergence dans les plans de développement nationaux et à aligner ses propres programmes sur ces piliers, sur les ODD et sur les plans de développement nationaux.
À la tribune de la 2è édition de la CIEA, Helen Clark a souligné que « la poursuite et la promotion de l’émergence agissent comme des accélérateurs du développement humain en Afrique et sont, à ce titre, essentielles pour réaliser le programme 2030 et l’Agenda 2063 sur le continent. » Elle a rassuré sur « l’engagement indéfectible du PNUD à travailler avec tous les partenaires pour faire en sorte que l’émergence et ses avantages deviennent une réalité à l’échelle du continent. »