LE 19 JUILLET, en parlant des « efforts de tous », pour conjurer « le sort de nombreuses nuits passées sur certaines routes d’intérêt national », pour restaurer « l’autorité de l’État » et pour réunifier « notre territoire », Joseph Kabila Kabange, le président de la République, a mis en exergue le programme de réhabilitation d’un réseau routier minimal de près de 23 000 km, « devant relier l’ensemble des chefs-lieux des provinces, assortie de la modernisation de la voirie de ces derniers ». À ce jour, a-t-il fait savoir, l’exécution de ce programme a atteint 27 877 km de réseaux routiers praticables, dont 24 480 en terre et 3 400 revêtus, grâce aux matériels et aux équipements dont l’Office des Routes (OR) a été doté, ainsi qu’au concours financier de certains partenaires bilatéraux et multilatéraux, tels que la Banque mondiale, la Banque africaine de développement, la JICA, DFID, le Fonds Koweitien…
Il a aussi mis en relief l’amélioration de la navigation sur le fleuve Congo à la faveur des unités flottantes construites ou réhabilitées, la relance du trafic ferroviaire grâce à l’acquisition de plusieurs locomotives et voitures pour la Société nationale des chemins de fer (SNCC) et la Société commerciale des transports et des ports (SCTP), la relance de la compagnie nationale aérienne, Congo Airways, la restauration du parc automobile de transport en commun, public et privé.
Arrêt sur image
Il y a une vingtaine d’années, les voies de communication en République démocratique du Congo relevaient du parcours du combattant. Voyager était tout sauf une partie de plaisir. Les routes, le fleuve, les rails n’étaient plus des voies praticables. Il fallait prendre l’avion pour se rendre à l’intérieur du pays. Et souvent dans quelles conditions ?
Les défis des infrastructures imposés par la mobilité étaient à l’époque inédits et d’une importance historique pour l’avenir immédiat du pays, explique Thomas Thibaut, un expert belge de la mobilité. Cet homme connaît la RDC comme sa poche, pour y avoir travaillé pendant des années. Selon lui, l’ampleur des nouvelles ambitions nécessite « une montée en puissance de nos capacités de gestion ainsi qu’une révision du modèle de fonctionnement ». Un point de vue largement partagé par plusieurs spécialistes de la question.
Aujourd’hui, d’après eux, des ajustements s’avèrent indispensables pour gagner la bataille de l’émergence annoncée vers l’horizon 2050. Ces spécialistes sont à peu près d’accord que les infrastructures économiques ou de mobilité sont la clé de l’activité et de la croissance économiques. C’est donc la clé du développement de la RDC.
Le coût des infrastructures
« Réhabiliter les infrastructures économiques existantes et construire des nouvelles, c’est effectuer un parcours prédéfini et chronométré en franchisant divers types d’obstacles comme en équitation », fait remarquer Thomas Thibaut. Et cela a un coût. Des spécialistes avertis pensent qu’il faut un « programme soutenu pour remettre à niveau les infrastructures en fonction des besoins de l’économie ». Ils en évaluent le coût à quelque 5 milliards de dollars par an pendant 10 ans, si la RDC veut refaire son retard dans ce domaine.
Dans l’optique de la Banque mondiale, les infrastructures constituent « le soubassement de tout essor économique » et sont « complémentaires aux secteurs productifs tels que l’agriculture, les mines et les manufactures ». Elles jouent « un rôle très important dans la lutte contre la pauvreté et pour une croissance partagée », c’est-à-dire en termes de satisfaction des besoins sociaux et d’opportunités d’emplois. Bref, les bonnes infrastructures sont indispensables au développement socio-économique de la RDC. Ceci est vrai pour les secteurs des transports, de l’énergie, de l’accès à l’eau potable, des télécommunications et de l’aménagement des villes.
On ne le dit pas assez : la mobilité est un facteur de base essentiel au bon déploiement des initiatives de reconstruction du pays. L’amélioration des voies de communication permet aux marchandises et aux personnes de mieux circuler, pour commercer, travailler, se nourrir, se soigner, étudier et plus simplement se rencontrer. C’est donc une question cruciale pour le désenclavement du pays, qui fait face maintenant à la croissance démographique rapide et à d’autres problèmes auxquels il faut répondre via des actions concrètes.