Moody’s dégrade Renault en catégorie spéculative

L’annonce ne va pas aider l’action du constructeur français qui ne cesse de s’enfoncer depuis plusieurs mois. L’agence de notation a en effet abaissé sa note à long terme à Ba1 du fait d’une faible performance opérationnelle en 2019.

LA RAISON est sans doute les prévisions publiées pour 2020 par l’entreprise, qui anticipe un nouveau recul de la marge opérationnelle du groupe, et la faiblesse de l’environnement de marché. « Nous ne nous attendons pas à ce que Renault soit capable de retrouver des niveaux corrects de marge opérationnelle à moyen terme », se justifie l’agence de notation Moody’s dans un communiqué. C’est pour la première fois depuis 10 ans que Renault affiche des résultats annuels dans le rouge, enregistrant une perte nette de 141 millions d’euros. Dans un marché mondial en recul, le groupe au losange a été victime d’une baisse de son activité qui s’est traduite par une chute de sa rentabilité opérationnelle à 4,8 % des ventes, contre 6,3 % en 2018. 

Anticipation

La marge opérationnelle a chuté de près d’un milliard d’euros à 2,66 milliards. Le chiffre d’affaires s’est replié de 3,3 % à 55,5 milliards.

Pour 2020, dans un marché mondial toujours en déclin, le groupe au losange anticipe une nouvelle baisse de sa rentabilité opérationnelle, qui devrait se situer entre 3 % et 4 % des ventes. Il table sur un chiffre d’affaires « du même ordre » qu’en 2019 et sur une activité automobile générant des flux de trésorerie positifs.

 L’action du constructeur français a chuté de près de moitié en un an et se trouve quasiment à son plus bas niveau depuis dix ans, signe de la défiance des investisseurs. Défiance concrétisée par la dégradation de Moody’s.

Le constructeur automobile français est tombé dans le rouge l’an dernier pour la première fois depuis 2009, sans pour autant voir le bout du tunnel après sa première année sans son patron emblématique Carlos Ghosn. « La visibilité pour 2020 reste limitée par volatilité attendue des marchés (…) et par les possibles impacts du coronavirus », a déclaré Clotilde Delbos, la directrice générale par intérim. Elle s’est toutefois félicitée que Renault ait pu réaliser des « résultats conformes » aux objectifs qui avaient été abaissés en octobre 2019.

Les prévisions 2020 ne tiennent cependant pas compte « d’éventuels impacts liés à la crise sanitaire du coronavirus », a souligné Renault. Le constructeur français avait annoncé en janvier dernier un recul de 3,4 % de ses ventes l’an dernier à 3,75 millions de véhicules. Renault a également été victime d’une chute de la contribution financière de son allié japonais Nissan en difficulté, tombée à 242 millions d’euros, contre 1,51 milliard en 2018. Par ailleurs, les résultats ont été affectés par l’abandon d’une créance fiscale en France, se traduisant par une charge de 753 millions d’euros.

Nissan aussi à la peine

Renault était tombé dans le rouge pour la dernière fois lors de la crise financière de 2009, quand il avait enregistré une perte de 3,1 milliards d’euros. L’action du constructeur français a chuté de près de moitié en un an et se trouve quasiment à son plus bas niveau depuis dix ans, signe de la défiance des investisseurs. Jeudi 20 février, de mauvaises nouvelles étaient arrivées du Japon où le partenaire Nissan, détenu à 43 % par Renault, a encore revu à la baisse ses perspectives après une chute de ses profits sur neuf mois.

L’arrestation de Carlos Ghosn au Japon en novembre 2018, sur des accusations de malversations lancées par des dirigeants de Nissan, avait plongé l’alliance Renault-Nissan dans la crise. L’ancien patron est désormais réfugié au Liban après avoir fui la justice japonaise.