À peine élu, il doit non seulement intensifier des actions militaires contre Boko Haram mais aussi insuffler des réformes pour relancer l’économie du 6ème exportateur mondial de l’or noir.
Plusieurs risques planent sur les perspectives économiques du pays en commençant par le front domestique : les problèmes de sécurité actuels dans le Nord-est pourraient perturber la production agricole et le commerce. Et ce qui concerne le front extérieur, il y a d’abord une croissance plus faible des marchés avancés et émergents qui affecterait de manière négative la demande pour les exportations de pétrole du Nigeria. Il y a ensuite le resserrement des conditions de financement au niveau mondial avec des taux d’intérêt en augmentation à partir de mi-2015, ce qui pourrait entraîner la fuite massive de capitaux. Enfin, la persistance de la faiblesse des prix du pétrole entraînerait des pressions accrues sur des balances budgétaires déjà dégradées, bien que le budget ait été réduit pour refléter les nouveaux prix du marché.
Dès son entrée en fonction le 29 mai 2015, le gouvernement a dû projeter des réformes structurelles nécessaires afin de placer l’économie sur un socle plus solide, lui permettant ainsi de faire face aux enjeux cruciaux de l’heure. Il s’agit de l’urbanisation rapide, de la forte croissance de la population, du faible taux d’emploi et la diversification de l’économie en dehors des hydrocarbures, ainsi que l’élaboration des plans de bataille efficaces pour contrecarrer les actions terroristes de Boko Haram à défaut de l’éradiquer complètement. Le gouvernement doit aussi promouvoir des politiques propices au commerce et aux investissements.
Mesures restrictives et compétitivité menacée
La baisse des recettes pétrolières qui représentent plus de 75% des recettes totales et le niveau élevé des dépenses électorales se sont traduites par l’amplification du déficit budgétaire à 3% du PIB en 2015. Pour l’exercice 2015, les autorités ont revisité le cadre des dépenses à moyen terme (2015-2017) et tablé sur un budget plus serré afin de mieux refléter la baisse des prix du pétrole.
Fin février dernier, le sénat a approuvé un prix de référence de 52 dollars le baril, contre 65 dans la première version du budget. Dans le souci, d’assurer la consolidation budgétaire, les autorités ont, dès lors, réduit les coûts des déplacements des membres du gouvernement. Elles ont accru les coûts des biens de luxe et réfléchissent à la baisse ou au retrait des subventions sur les combustibles fossiles. Les dépenses sont réduites afin d’empêcher le déficit de se creuser au-delà de 3% du PIB.
La baisse rapide des prix du pétrole met en lumière les pressions qui s’exercent sur une économie dont l’environnement des affaires pâtit déjà d’importantes contraintes telles que la hausse de l’insécurité dans le Nord-est, la faible gouvernance, le taux de corruption élevé et des infrastructures de mauvaise qualité. Ces maux, si elles ne sont pas combattues, continueront de miner davantage la compétitivité du Nigeria.