L’industrialisation de cet art populaire du pays peut contribuer sensiblement à renflouer les caisses de l’Etat.
Selon Winan Mignon, un Congolais de la diaspora, cadre au Conseil supérieur de l’audiovisuel et de la communication en France (CSA), la RDC peut tirer grandement bénéfice de son secteur musical. « La République démocratique du Congo, une grande et inépuisable richesse culturelle. » C’est le thème qu’il a développé lors du forum sur l’industrie de la musique congolaise en Europe, il y a deux ans. Néanmoins, ce sujet reste encore d’actualité, au regard des réalités qui demeurent inchangées sur l’échiquier national. Interpellé par le fait que les ressources minières n’arrivent pas à renflouer l’assiette budgétaire du pays, Winan Mignon estime qu’il est plus que temps que l’Etat pense à redynamiser d’autres secteurs qui peuvent mieux générer des recettes. « La RDC ne dispose pas que des ressources minières comme richesse. Il dispose également d’une grande et inépuisable richesse culturelle, notamment la musique », a indiqué celui qui affirme que « la culture a toujours été l’un des maillons forts de l’économie.» Cette culture peut tout aussi générer des recettes au pays dans les mêmes proportions, voire plus que le diamant, l’or, le coltan ou le cuivre. Raison pour laquelle il est convaincu que la musique congolaise, étant l’un de ces maillons, peut apporter sa contribution au développement de ce géant culturel. Elle constitue, poursuit-il, une véritable mine d’or, pour le pays, mais presqu’inexploitée par le pouvoir public. D’autres pays africains qui ont su capitaliser les avantages de l’art. Le cas du Burkina Faso.
Nécessité d’implanter une industrie musicale
Ce cadre du CSAC/France soutient que l’implantation d’une industrie musicale performante, avec des facilités techniques telles que les structures de duplication, va aider la RDC à valoriser son patrimoine musical et à redynamiser tous les secteurs économiques qui s’y rattachent. Ainsi, elle contribuera-t-elle à améliorer les conditions socioprofessionnelles des artistes et des entreprises de la filière musicale. En l’absence de cette industrie, souligne Mignon, tous les bénéfices produits par la musique congolaise restent à l’étranger et, par conséquent, ne profitent pas au pays. Pourtant, poursuit-il, si cette industrie est implantée localement, les artistes musiciens n’auront plus besoin de s’exiler. Comme retombée, le pays n’importera plus sa propre musique. En plus, les albums produits localement seront accessibles à la majorité de Congolais, dans la mesure où la production locale va atténuer, en même temps, le prix de vente des discs et, par ricochet, la piraterie. En 2012, la même recommandation était faite au gouvernement par les artistes musiciens, experts nationaux et internationaux ainsi que des chroniqueurs musicaux, à l’issue d’un atelier de réflexion sur la politique culturelle congolaise, organisée par le ministère de la Culture et des Arts.
Une politique culturelle défaillante
Certes, « la culture est l’âme des peuples ». Cependant, en RDC, elle fait figure de parent pauvre. Bien que disposant d’une loi-cadre de la politique culturelle, conçue dans le but de permettre à ce secteur de devenir un moteur de développement économique, le pouvoir public semble ne pas y accorder beaucoup d’importance. Il suffit de faire un tour à la Bibliothèque nationale du Congo (BNC), aux archives nationales, et dans quelques édifices abritant les services qui s’occupent des activités culturelles, pour s’en rendre compte. La ville de Kinshasa ne dispose plus de salles de spectacles, encore moins de salles de cinéma. Quelques signes précurseurs de la volonté du gouvernement à valoriser le secteur culturel sont, tout de même, prévisibles. Le 4 juillet dernier, le ministère de la Culture et Arts a honoré 74 artistes, en organisant la première édition du prix national de mérite de la Culture et des Arts « Nous vendons du cuivre, du coltan, du manganèse,…, il nous faut désormais vendre notre culture », déclarait Banza Mukalayi. Cependant, en dépit de ces efforts encourageants, la politique de la culture souffre d’un manque de suivi et d’application.