Le 1ER Ministre, Samy Badibanga Ntita, pourrait passer son premier sale temps avec les fonctionnaires et agents de l’État. La tension monte à la Fonction publique. La dépréciation du franc congolais par rapport au dollar a une incidence sur le pouvoir d’achat. Entretemps, les salaires des fonctionnaires et agents de l’État ne sont guère indexés. Par exemple, le fonctionnaire qui touche quelque 280 000 francs, soit un peu plus de 300 dollars en septembre 2016, est fou furieux de constater que ses 280 000 francs ne valent plus que quelque 200 dollars. Les syndicats de la Fonction publique exigent la reprise des pourparlers sur un nouveau barème des salaires.
C’est un rendez-vous de longue date avec le gouvernement. On s’en souvient, dans les années de la Transition version Conférence nationale souveraine – Haut Conseil de la République – Parlement de Transition (CNS – HCR-PT), du temps de Mobutu, faute de satisfaire à leur demande sociale, les fonctionnaires et agents de l’État avaient improvisé un cercueil du Maréchal sur la fameuse Place Golgotha devant le bâtiment blanc, siège de la Fonction publique. Aujourd’hui, c’est de l’histoire ancienne, pourrait-on ainsi dire, parce que les fonctionnaires et agents de l’État ont leurs salaires payés à la régulière grâce à la bancarisation, les salaires sont payés régulièrement. Mais les salaires à la Fonction publique sont restés cristallisés sous Matata Ponyo, alors que son prédécesseur avait entamé un processus de réajustement à la hausse.
La conséquence est que le pouvoir d’achat s’effrite du jour au lendemain avec la hausse des prix des produits de base. Les primes constituent un autre dossier qui fâche à la Fonction publique. Le 1ER Ministre sortant y aurait mis une ligne rouge à ne pas franchir. Elles ont fait l’objet d’un véritable pugilat épistolaire entre l’ancien 1ER Ministre Matata et son ministre des Finances, Henri Yav Mulang, qui ne voulait nullement rien entendre ni attendre d’« une autorisation préalable » de son chef pour les payer, singulièrement à la Direction générale des recettes administratives, domaniales et de participation (DGRAD). Depuis environ 5 ans, au ministère des Affaires étrangères, Matata ne faisait que promettre la régularisation de la prime de rétrocession. Il s’en va sans rien réaliser, laissant une grève sèche ayant notamment pour conséquence la non-délivrance des passeports. « Si la cravate rouge était symbole des coups de cravache jusqu’à rendre exsangue, nous l’avons subi… », confie ce cadre aux Affaires étrangères. Et de renchérir, « Espérons que Badibanga ne restera pas indifférent à nos doléances! ». Des complaintes similaires, les agents des Lignes aériennes congolaises (LAC, ex-Air Zaïre), en ont rabâchées, indexant le 1ER Ministre de faire échouer toute tentative de reprise de leur entreprise, dont les actifs sont présentement vendus en pièces détachés.
Pour le ministre d’État en charge de la Fonction publique, Michel Bongongo, un contrôle des effectifs est lancé. Objectif : récupérer des fonds pour augmenter les salaires à la Fonction publique. Pour 2017, le budget de l’État que laisse Matata se chiffre à quelque 4,5 milliards de dollars. L’enveloppe salariale sur toute l’étendue du territoire national se chiffre, à plus de 2 milliards de dollars depuis deux ans. Les dépenses du personnel ont, en effet, connu un accroissement de près de 15 % par rapport à 2014 où elles se sont chiffrées à 1 707,6 milliards de FC. Pour l’exercice 2015, selon la loi sur la reddition des comptes, la paie de la Fonction publique s’est établie à quelque 1 960,7 milliards de FC, soit plus de 2,100 milliards de dollars. Ce qui a représenté près de 26 % du budget général de l’État en 2015, évalué à près de 7, 600 mille milliards de FC, soit 8 100 607 542,36 dollars au taux officiel de 936 FC/dollar repris dans la loi de finances n°14/027 pour l’exercice 2015.
Si le salaire doit absorber plus de 50 % du budget 2017, version Matata, quid des besoins sociaux de base ? Quand on sait que les réserves de l’État sont en dessous de 1 milliard de dollars, juste 928 millions indiquait, courant octobre 2016, le ministre de l’Économie, Modeste Bahati Lukwebo. Autour de 800 millions de dollars, selon le député PPRD-MP, Henri- Thomas Lokondo. Quand Matata succédait à Adolphe Muzito, les caisses de la Banque centrale du Congo (BCC) comptaient plus de 1,5 milliard de dollars. Sur le terrain, les besoins sociaux de base sont demeurés inassouvis sinon qu’ils se posent davantage avec acuité.