LE SEUIL de 22 ratifications, minimum nécessaire pour l’entrée en vigueur de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECA), avait été atteint le 2 avril, avec la ratification de la Gambie. Cette signature était très attendue notamment par les pays qui l’avaient précédé pour préparer le lancement officiel en juillet, à Niamey, en marge du sommet des chefs d’État et de gouvernement de l’Union africaine (UA), comme l’avait préconisé Issoufou Mahamadou, le président du Niger, considéré comme le « champion de la ZLECA ».
Dès à présent, les pays signataires devront négocier entre autres, les aspects et les modalités de la mise en application de cet accord, notamment, les règles d’origine, les modalités de paiement, les concessions tarifaires pour le commerce des marchandises et de règlement et les obstacles non tarifaires. Une fois entrée en vigueur, la ZLECA permettra de créer un espace économique dans lequel des États-parties éliminent, entre eux, les droits de douane ainsi que toutes les barrières pouvant entraver le commerce.
1,3 milliard de consommateurs
À en croire les chefs d’État de l’UA, avec la mise en place de cet instrument, l’Afrique tout entière ne sera qu’un marché unique de 1,3 milliard de consommateurs où les produits circuleront et s’échangeront librement. La ZLECA a pour objectif ultime de rassembler les 55 États africains qui regorgent d’énormes potentialités naturelles et humaines mais dont les populations pâtissent souvent de la misère et la pauvreté, du fait notamment des barrières géographiques et douanières.
Une fois en place, la ZLECA pourrait faire progresser le PIB des pays membres de 1 % à 3 %, estime la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED), dans son rapport 2019 sur l’Afrique, publié le 26 juin. « Si l’accord est pleinement mis en œuvre, le PIB de la plupart des pays africains pourrait augmenter de 1 % à 3 %, une fois tous les droits de douane supprimés », précise la CNUCED. L’entrée en vigueur de la ZLECA devrait également « booster le commerce intra-africain dont la progression devrait atteindre 33 % après la suppression totale des droits de douane ».
L’Afrique centrale en ligne de mire
Selon les calculs de la Commission économique des Nations Unies pour l’Afrique (CEA), la ZLECA pourrait accroître le commerce intra-africain de 52,3 % par an. L’Afrique est en effet très en retard en matière d’échanges intracontinentaux. Le commerce intra-africain ne représente que 15 % du total des échanges sur le continent contre 67 % pour les flux commerciaux intra-européens. D’après la CNUCED, l’essor du commerce intracontinental aura un double avantage : attirer les investisseurs étrangers et créer des débouchés qui favoriseront l’industrialisation de l’Afrique par l’accroissement des chaînes de valeur régionale.
L’Afrique centrale devrait être la région qui bénéficiera le plus de la zone de libre-échange continentale africaine (ZLECA). C’est ce qu’a indiqué Hanan Morsy, la directrice de la recherche à la Banque africaine de développement (BAD). Lors des assemblées annuelles de la BAD, à Malabo, en Guinée équatoriale, elle avait indiqué que le revenu réel de la région pourrait augmenter jusqu’à 7 %, grâce à la mise en place de la ZLECA. Elle devancera ainsi l’Afrique de l’Est (région la plus performante du continent en termes de PIB) qui devrait enregistrer une hausse d’environ 4,2 %, suivie de près par l’Afrique du Nord.
D’après Hanan Morsy, la mise en place de la nouvelle zone devrait également permettre au continent d’atteindre les objectifs de 4 % à 6 % de croissance, nécessaires pour lui permettre de résorber le chômage qui sévit sur le continent en créant des millions d’emplois. « Bien qu’il y ait des différences dans les gains, tous les pays africains sont mieux lotis avec l’intégration régionale qu’en l’absence d’une telle intégration », a-t-elle indiqué.
Pour rappel, la ZLECA, entrée en vigueur le 30 mai dernier, vise à créer un marché unique africain, pour booster les échanges de personnes, de biens et de marchandises afin d’accélérer l’intégration de l’Afrique. D’après les estimations, la nouvelle zone devrait permettre au continent de gagner près de 4,5% de plus sur son PIB.