OMD 2015 : la RDC, à nouveau dans le dernier peloton

A une année de l’expiration du deadline accepté par tous les pays du monde pour mettre en œuvre les Objectifs du Millénaire pour le Développement « OMD », la RD-Congo ne se fait plus d’illusion. Les résultats attendus ne seront pas atteints. Le PNUD-RDC a déjà noté que le pays n’a réalisé que des « faibles progrès », à part des avancées glanées au niveau du deuxième objectif relatif à l’éducation pour tous. Adoptés en septembre 2000 au cours du Sommet du Millénaire qui s’était tenu à New York, les OMD avaient été considérés comme des « repères concrets, numériques et limités dans le temps pour s’attaquer à la pauvreté extrême sous toutes ses dimensions » et il avait été convenu de les couler en faits vérifiables au plus tard en 2015.

En 2010, les Nations Unies avaient procédé à un exercice d’évaluation avec comme orientation « renouveler et revisitaliser les efforts visant à la réalisation des OMD dans les différents pays ». Dans ce cadre un groupe de 30 pays, dont le Congo-Kinshasa, avaient été retenus pour produire, chacun, un rapport national fixant le niveau de progrès atteint vers l’atteinte des résultats. Toutes les parties prenantes avaient pris part à l’activité.

Dans le document final de la RD Congo, comme l’indique le PNUD, il y a trois faits à retenir :

1.ce pays n’atteindra pas les OMD d’ici 2015,

2.des progrès importants ont certes été réalisés au niveau de la scolarisation primaire et de l’alphabétisation (objectif 2) ainsi que de la santé des enfants (objectif 4),

3.les conflits armés ont globalement entravé la marche du pays vers ces objectifs, les dépenses budgétaires étant affectées prioritairement au secteur de la défense nationale.

Posture mal indiquée

Indices en RDC

  • Population : 70 millions d’habitants
  • Taux de pauvreté : 71 %
  • Revenu par tête : 319 USD
  • Indice de développement humain : 0,304
  • 8 Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD)
  • 1. Réduire l’extrême pauvreté et la faim
  • 2. Assurer l’éducation primaire pour tous
  • 3. Promouvoir l’égalité des chances
  • 4. Réduire la mortalité infantile
  • 5. Améliorer la santé maternelle
  • 6. Combattre le VIH/SIDA, le paludisme et d’autres maladies
  • 7. Préserver l’environnement
  • 8. Mettre en place un partenariat mondial

Ainsi, avec d’autres faiblesses comme le fait d’être 187è sur 187 pays de la planète en terme d’indice de développement humain ou l’un des dix nations du monde qui hébergent les 80 % des personnes vivant dans l’extrême-pauvreté ou encore l’un des cinq Etats connaissant « la densité de pauvreté la plus forte », la RDC devra mettre toutes les batteries en marche pour se projeter vers d’autres échéances comme celle de 2030. A ce niveau, elle n’a pas de choix. Et, des opportunités paraissent être à sa portée. En fait, pour les experts, le cas de cette nation « tient à sa nature et à l’importance des défis qu’elle doit relever pour faire avancer son développement et réduire par conséquent l’incidence et la profondeur de la pauvreté ».

Il y a quelques deux années, ce pays a été par ailleurs retenu parmi les 50 qui ont été appelés à conduire des consultations nationales à seule fin d’amener leurs populations à « donner leur vision de développement futur du monde après 2015 ». Kinshasa s’est ainsi adonné à cet exercice en 2012 et en 2013. Ces femmes et ces hommes provenaient de toutes les couches de la population, mais également des milieux ruraux et urbains. Pour le PNUD-RDC, il fallait produire un profil d’une « vision prospective de développement telle que désirée par la population congolaise ». Le document a été validé en septembre 2013, au cours d’une importante séance de travail multi acteurs, et les autorités congolaises avaient tenu à insister auprès du système onusien afin que cette moisson de données collectées sur la praxis nationale soit également intégrée dans ce que l’on appelle désormais l’Agenda post 2015.

Notable position congolaise

Il est en fait intéressant de relire les idées proposées par la population congolaise afin d’aller vers un partenariat mondial partagé :

1)la flexibilité de l’échéance selon le niveau de développement de chaque pays ;

2)la mobilisation accrue des ressources disponibles ;

3)une aide publique au développement sans conditionnalité à caractère politique ;

4)la cohérence entre différents cadres de développement (programme d’action du gouvernement, révolution de la modernité, DSCRP, new deal) des pays moins avancés ;5)l’implication plus accrue des pays émergents et moins avancés dans la gouvernance mondiale ;

6)la désignation d’un Haut commissaire aux OMD ;

7)le développement d’un leadership mondial inclusif.

Ce sont-là des intéressantes pistes de travail qui sous-tendent aussi les différentes actions de développement. Si les OMD commencent à devenir un peu « vieillots » pour certains cercles de réflexion, même ceux de grande notoriété, ils auront cependant eu l’avantage d’avoir mis d’accord les différents partenaires au développement concernant les multiples aspects de la pauvreté : éducation, revenu, emploi, santé, environnement, sécurité alimentaire, commerce, aide au développement. En fait, dans leur déclinaison, les 8 Objectifs du Millénaire pour le Développement affichent tout un train de 21 cibles, définies par pas moins de 60 indicateurs.

huit niveaux : « cible pas encore atteinte mais des progrès substantiels en cours ».