L’ÉTUDE a pris en compte 207 pays et territoires et montre que globalement, les vitesses de connexion Internet, mesurées par les vitesses moyennes de téléchargements, se sont améliorées en 2019, comparativement à 2017. Globalement, la vitesse de téléchargement est passée d’environ 9 Mbit/s en 2017 à un peu plus de 11 Mbit/s en 2019, certainement grâce au développement de la fibre optique, qui gagne du terrain dans de nombreux pays.
Dans le monde, c’est Taiwan qui dispose de la vitesse moyenne de téléchargement la plus rapide au monde, soit 85.02 mégabits par seconde. Avec cette vitesse, il suffit de seulement 8 secondes pour télécharger un long-métrage en haute définition. Derrière l’île de Taiwan, suit Singapour (70.86 Mbit/s), l’île de Jersey (67.46 Mbit/s), la Suède (55.18 Mbit/s) et le Danemark (49.19 Mbit/s). Les États-Unis occupent le 15è rang mondial, avec une vitesse de téléchargement de 32.89 Mbit/s, et la France se positionne au 22è rang mondial avec une vitesse de téléchargement de 30.44 Mbit/s…
RDC : non classée
Malgré des avancées en matière d’accès et d’amélioration des infrastructures de télécommunications, les pays d’Afrique sont loin de disposer des meilleurs débits d’Internet, souligne cette étude. Aucun pays africain ne figure dans le Top 50 des meilleures connexions Internet du monde. Sur le continent, le pays qui dispose de la connexion la plus rapide est l’Afrique du Sud, qui se positionne au 75è rang mondial avec une vitesse de téléchargement de 8.4 mégabits (Mbit/s), ce qui représente presque le 1/10è de celle de Taiwan.
Après l’Afrique du Sud, c’est le Kenya qui occupe le second rang africain et le 84è rang mondial, avec une vitesse de téléchargement moyen de 7.62 Mbit/s. Suit le Maroc, qui se situe au troisième rang africain et 100è rang mondial avec un score de 5.48 Mbit/s. C’est le pays maghrébin ayant la meilleure connexion Internet, devant la Tunisie (108è) et l’Algérie (182è mondial, avec une vitesse de téléchargement de seulement 1.37 Mbit/s). Ce top 5 africain est complété par Maurice avec une vitesse de téléchargement de 5.02 Mbit/s, qui le positionne au 108è rang mondial et la Tunisie avec une vitesse de 4.64 Mbits/s qui occupe le 114è rang mondial. En queue de ce classement mondial, on retrouve de nombreux pays africains. Les vitesses de téléchargement les plus bas au monde sont à mettre à l’actif de la Somalie (200è avec une vitesse 0.86 Mbits), l’Ethiopie (201è avec 0.8 Mbit/s), le Niger (202è avec 0.71 Mbit/s), la Mauritanie (204è avec 0.59 Mbit/s) et Guinée Équatoriale (205è avec 0.51 Mbit/s). Ces pays ne sont devancés dans ce classement que par le Timor occidental (206è mondial avec une vitesse de 0.45 Mbits/s) et le Yémen (207è avec une vitesse de 0.38 Mbits/s).
Leçons à tirer
Le constat : moins d’un tiers des Africains sont actuellement connectés à l’Internet haut débit. Le montant des investissements nécessaires pour garantir un accès universel, abordable et de qualité sur l’ensemble du continent d’ici 2030 est estimé à 100 milliards de dollars. La Banque mondiale plaide pour des « mesures urgentes afin de combler le retard en matière de connectivité et définit une série d’étapes à suivre pour réaliser cet objectif ambitieux ».
Pour cette institution financière internationale, « garantir un accès universel au haut débit signifie, pour les pays africains, connecter plus de 1,1 milliard d’individus supplémentaires ». Cela exigera des « efforts inédits et concertés des gouvernements, du secteur privé, des partenaires du développement et de la société civile ». Mais, l’investissement en vaut la peine. Pour la Banque mondiale, la stratégie numérique est avant tout une stratégie de soutien à la croissance et à l’emploi. Environ 450 millions de personnes devraient rejoindre les rangs de la population active en Afrique entre 2015 et 2035. Si les tendances actuelles perdurent, moins d’un quart d’entre elles décrocheront un emploi stable. L’extension de l’accès à l’Internet va permettre de créer des millions de débouchés.
Autres constats : le nombre de raccordements au haut débit en Afrique a franchi la barre des 400 millions en 2018 (soit pratiquement 20 fois plus qu’en 2010). Le taux de pénétration de la 3G et de la 4G n’atteint que 25 % en moyenne. Et la couverture haut débit mobile ne dépasse pas les 70 % de la population africaine. L’accélération indispensable de la transformation numérique de l’Afrique est confrontée à d’autres obstacles, notamment le manque de fiabilité et le coût des raccordements à l’électricité.
Près de 80 % du total des investissements nécessaires sont directement liés au déploiement et à l’entretien des réseaux large bande. Mais connecter les populations actuellement privées d’accès à l’Internet haut débit ne se limite pas aux seules infrastructures : environ 20 % des investissements concernent le développement des compétences numériques des usagers et la création de contenu local, sachant qu’entre 2 % et 4 % des investissements devront par ailleurs viser la mise en place d’un cadre réglementaire adapté.
Le secteur privé a été à l’origine des initiatives les plus réussies en matière de haut débit. Les organismes publics ont un rôle crucial à jouer, qu’il s’agisse de réglementer le secteur, pallier les éventuelles défaillances du marché ou installer les conditions propices à un accès ouvert et concurrentiel. Dans un grand nombre de pays, le prix du service est de plus en plus onéreux. L’amélioration de l’inclusion numérique passe par une collaboration plus efficace et capable de sortir des sentiers battus…
Politique de soutien
Pour connecter les 100 millions d’individus vivant en milieu rural et dans des zones isolées, hors de portée des réseaux mobiles traditionnels, il va falloir mobiliser le secteur privé, recourir à des modèles commerciaux innovants et déployer des technologies alternatives, à l’image des solutions fondées sur le satellite ou le wifi…
L’Union internationale des télécommunications (UIT) et l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO) ont créé en 2010 une commission sur le haut débit pour le développement numérique, dans l’objectif d’inscrire cet enjeu à l’ordre du jour de la communauté internationale et de développer l’accès au haut débit dans chaque pays pour pouvoir accélérer la réalisation des objectifs nationaux et internationaux de développement. Avec l’adoption des Objectifs de développement durable (ODD) des Nations Unies en septembre 2015, cette commission a évolué pour devenir la « Commission sur le haut débit pour le développement durable » afin de mettre en avant et documenter l’importance des TIC et des technologies haut débit pour le développement durable. Elle est composée de hauts dirigeants d’entreprises du secteur, de hauts responsables publics et de représentants de gouvernements, ainsi que de membres d’organismes internationaux, des milieux académiques et d’organisations œuvrant pour le développement.