Parc des Virunga : tensions récurrentes

Le Fonds mondial pour l’environnement (WWF) ne lâche pas prise dans sa croisade contre l’exploration et la production des hydrocarbures dans les aires protégées de la RDC. Après le français Total, qui a décidé de suspendre ses activités, c’est au tour de Soco, une entreprise pétrolière britannique d’essuy

 

Le WWF est clair : les activités de Soco n’ont pas lieu d’être dans le parc des Virunga car elles sont de nature à porter préjudice à l’environnement et à l’écosystème fragile de cet espace. Dans sa démarche, WWF est soutenu par une partie de la société civile congolaise et des ONG internationales parmi lesquelles Ramsar, une ONG de défense de l’environnement. Un autre conflit oppose depuis quelques années déjà les gardes du parc et des paysans du Nord-Kivu, particulièrement dans le secteur de Kibirizi, à une centaine de kilomètres au nord de Goma, dans le territoire de Rutshuru. Depuis quelques jours, les gardes de l’Institut congolais pour la conservation de la nature (ICCN) détruisent les cultures des paysans qui, selon eux, exploitent « illégalement » les ressources du parc. Pour leur part, les paysans exigent de l’ICCN une précision des limites du parc par rapport à leur chefferie et réclament leur droit de propriété sur le site. Au moins 150 000 paysans ont envahi le parc depuis plusieurs années. D’autres paysans reconnaissent néanmoins que, depuis octobre 2013, l’ICCN leur avait accordé un moratoire de 3 mois pour récolter leurs champs situés dans le parc. Ce moratoire a expiré début janvier 2014. Ils attendent que, comme convenu lors d’un atelier organisé en janvier à Goma, l’ICCN envoie une commission pour marquer les limites matérielles du parc, respectables par tous. Mais, selon un cadre de l’ICCN basé à Rumangabo, les paysans ont profité des trois mois qui leur avaient été accordés pour, à la fois récolter et continuer de semer de nouveau dans les limites du parc. Laisser perdurer cette situation aurait été un précédent fâcheux vis-à-vis des paysans des autres secteurs qui sont dans la même situation. C’est ce qui explique cette opération « coup de poing ». Les paysans situés sur l’axe Kibirizi-Rwindi auraient, selon l’ICCN, envahi l’aire protégé jusqu’à une dizaine de kilomètres, au moins, à l’intérieur de ses limites. L’endroit est également régulièrement fréquenté par des braconniers qui se livrent à la chasse aux éléphants pour leurs pointes d’ivoire, aux rhinocéros pour leurs cornes et aux gorilles pour la viande. Les pointes d’ivoire et les cornes de rhinocéros sont vendues à prix d’or sur le marché asiatique, où les cornes particulièrement prisées pour leurs vertus aphrodisiaques supposées.

Devenu également un repaire de bandits et des groupes armés, le parc des Virunga sert régulièrement de lieu d’affrontement entre l’armée gouvernementale et les rebelles notamment ceux des Forces démocratiques pour la libération du Rwanda et de l’ADF. De violents affrontements opposent depuis le 24 mai les Forces armées de la RDC (FARDC) aux rebelles ougandais des ADF dans les localités de Lesse et Abya, situées à plus ou moins 70 km au nord-est de Beni-ville. Les FARDC ont attaqué simultanément ces deux importantes positions des ADF où les rebelles ont installé, depuis plusieurs mois, leur base-arrière, après leur défaite à Medina.

Le commandant de la 8ème région militaire, le général-major Lucien Bauma Ambamba, a indiqué que les affrontements se poursuivaient encore sur terrain. Les militaires congolais mènent ces combats dans le cadre de l’opération « Sokola », (en français : Nettoyez) pour déloger les rebelles ougandais, repliés en plein parc des Virunga dans le territoire de Beni.

En 1994, plus de deux millions de réfugiés rwandais avaient campé à la lisière et à l’intérieur même du parc. Des milliers d’arbres ont alors été coupés pour servir de bois de chauffe, sans parler des animaux abattus pour leur chair. C’est ainsi que,  cinq ans plus tard, en 1999, le parc des Virunga fut alors déclaré site en péril.