La France et la Chine se sont engagées à travailler la main dans la main à des projets dans les domaines des infrastructures et de l’énergie et pour introduire de nouvelles formules de cotraitance, de coproduction et de cofinancement. La France est invitée à participer à l’expansion spectaculaire de la Chine en Asie et aussi en Afrique.
La dernière visite du Premier ministre chinois, Li Keqiang, en France, a été à l’origine de la signature d’un contrat de partenariat franco-chinois sur les marchés tiers, prioritairement en Afrique et en Asie. Signé le 30 juin, à Paris, ce contrat est le début d’une ère nouvelle pour la Chine, qui a toujours joué cavalier seul sur la multitude de marchés qu’elle finance, mettant ainsi mal à l’aise les entreprises occidentales, particulièrement françaises. Au terme du contrat, la France a décidé de s’allier à la Chine dans le tournant majeur de la politique d’internationalisation des entreprises chinoises.
La Chine est devenue incontournable en Afrique. Au moins chaque pays africain a, durant cette dernière décennie, signé des contrats avec elle. Les échanges entre la Chine et l’Afrique ont explosé en 15 ans, soulignait récemment Standard and Poor’s : 23 % des exportations des 18 pays d’Afrique subsaharienne, relève l’agence de notation, étaient destinées à la Chine en 2013, contre 4,6 % en 2000. Cette omniprésence ne manque pas de susciter des tensions et certains mécontentements, surtout dans le chef des populations africaines qui n’y voient pas leur intérêt direct. D’où la nécessité du savoir-faire français. Selon Le Monde, ce partenariat est qualifié de gagnant-gagnant car comparable à un triangle : «Les Africains ont le marché, les Chinois ont l’argent et les Français ont la technologie. Comme qui dirait : un troc argent contre savoir-faire pour gagner des marchés».
Pour le Premier ministre français, Manuel Valls, il s’agit d’un accord tout simplement historique. Son homologue chinois Li Keqiang a, lui, salué une alliance qui va dans l’intérêt de tous. «Travaillons ensemble afin de faire progresser les infrastructures, l’industrialisation et la réduction de la pauvreté. Cela servira les intérêts de tous», a-t-il déclaré le 1er juillet dans un discours au siège de l’Organisation pour la coopération et le développement économiques (OCDE), à Paris.
Pour la France, c’est l’occasion d’affirmer son rôle d’intermédiaire en Afrique en offrant son savoir-faire et la Chine souhaite profiter de cette expertise sur des marchés où elle est implantée, en Afrique notamment, sans oublier que quelques grandes entreprises françaises présentes en Afrique, comme Total ou Areva, travaillent déjà en partenariat avec la Chine. La Chine semble très satisfaite de cet accord car, à Paris, le Premier ministre chinois a souligné qu’en plus de la France, Pékin espérait aussi collaborer avec d’autres pays occidentaux afin d’améliorer la croissance des pays en développement, qui représentent un énorme marché. Et il a conclu en disant que le développement de la Chine ne pourra pas se faire sans le reste du monde.
Toujours dans le cadre du partenariat France-Chine, un laboratoire P4 de haute sécurité biologique a été construit dans le but de traiter des maladies infectieuses africaines telle qu’Ebola. Ce laboratoire est ouvert grâce aux transferts de technologies de la France et fut inauguré en janvier 2015 par Manuel Valls, à Wuhan, au centre de la Chine. Ceci est le symbole concret de la coopération accrue entre la Chine et la France en Afrique.
Ces partenariats en marché tiers obéiront à quatre principes
Premièrement, le rôle dominant des entreprises avec l’appui des pouvoirs publics. Les entreprises sont les acteurs principaux des partenariats commerciaux et industriels en pays tiers. Elles sont soumises au respect du droit international, des usages internationaux et des principes commerciaux pertinents, ainsi que des lois et règlements de la France, de la Chine et des pays tiers. Les gouvernements peuvent apporter leur soutien aux entreprises des deux pays et jouer un rôle d’orientation et de coordination pour créer un environnement et des conditions favorables aux partenariats entre entreprises.
Deuxièmement, la consultation sur un pied d’égalité et coopération gagnant –gagnant. La France et la Chine souhaitent contribuer à la réalisation de projets structurants pour les économies locales, renforçant leur ‘’connectivité’’ et soutenant l’intégration régionale. L’accent sera mis sur les projets de grande ampleur qui mobiliseront une expertise et des financements conséquents à impact majeur pour le pays ou la région.
Troisièmement, la complémentarité, bénéfices mutuels, ouverture et inclusivité. La France et la Chine engageront des partenariats fondés sur leurs complémentarités productives, techniques et /ou financières. Elles encourageront leurs entreprises à dépasser les schémas de sous-traitance traditionnelles pour laisser place à des formules nouvelles de cotraitance, de coproduction et de cofinancement.
Quatrièmement, la France et la Chine souhaitent que les partenariats entre entreprises des deux pays en marchés tiers soient à la hauteur de l’ambition qu’elles ont pour la relation franco-chinoise. Dans la mise en œuvre de cette déclaration conjointe, la France et la Chine accorderont la plus haute importance à ce que les entreprises mettent en œuvre des projets répondant aux exigences environnementales et sociales et s’inscrivent dans la promotion du développement économique et social, la protection des écosystèmes et des ressources naturelles. Elles veilleront à la soutenabilité financière, au renforcement des capacités de gestion publique et de gouvernance dans les pays partenaires dans le respect de leur souveraineté.