Entre l’Afrique et la France, plus rien ne devrait être comme avant dans le domaine économique, si l’on en croit la déclaration finale du Sommet de l’Elysée. Tenu du 6 au 7 décembre courant à Paris, cette rencontre qui a mis face à face 53 Chefs d’Etat et de Gouvernement africains et le Président français François Hollande a débouché sur un certain nombre de résolutions visant à changer la relation économique entre l’Afrique et la France.
Au terme des deux jours de discussions, les Chefs d’Etat et de Gouvernement ont souligné les atouts de la relation économique entre l’Afrique et la France pour réaliser le processus d’intégration proclamé par l’Union africaine et les objectifs du NEPAD, le fameux Nouveau partenariat économique pour le développement de l’Afrique. Ils ont affirmé leur volonté de moderniser cette relation pour dynamiser les échanges économiques. Ils ont insisté sur la nécessité de promouvoir une croissance de qualité, créatrice d’emplois, fondée sur une mobilisation équilibrée du capital physique, humain et naturel. De même, ils ont encouragé l’avènement d’une économie durable, fondée notamment sur les énergies renouvelables et la valorisation des océans.
Les Chefs d’Etat et de Gouvernement ont réaffirmé leur soutien aux initiatives conduites au niveau international, notamment par l’Union Européenne, pour réaliser les plus hautes exigences de transparence économique et financière. Ils ont appelé conjointement à lutter contre les paradis fiscaux, à soutenir la Banque mondiale et de la Banque africaine de développement pour faciliter la transparence des contrats industriels. Ils ont souligné l’importance de faire des échanges humains le moteur de la relation économique en misant sur la jeunesse pour assurer son avenir. Ils se sont accordés pour favoriser la détection et la promotion des jeunes talents entrepreneuriaux au service du développement des échanges croisés. Ils ont mis l’accent sur l’intérêt de créer une Fondation franco-africaine pour la croissance, rassemblant intérêts publics et privés, français et africains.
Un nouveau cadre de sécurité physique et juridique
Les Chefs d’Etat et de Gouvernement ont pris note de la déclaration commune signée par les
Organisations d’entreprises africaines et françaises, notamment en matière de responsabilité sociale et environnementale et se sont engagés à favoriser l’investissement dans la formation
professionnelle et à dynamiser la coopération scientifique et technique entre experts africains et français, au service de l’innovation. Cela nécessite notamment de mobiliser davantage les acteurs économiques africains et français, en particulier les entreprises réunies à l’occasion de la manifestation organisée par le Ministre de l’Economie en marge du Sommet, à la suite du rapport « Un partenariat pour l’avenir » préparé en amont du Sommet.
Aussi les Chefs d’Etat et de Gouvernement ont-ils souligné leur détermination à créer un cadre de sécurité physique et juridique des investissements permettant de mobiliser davantage les investisseurs privés. Les Chefs d’Etat et de Gouvernement se sont engagés à œuvrer ensemble avec les partenaires multilatéraux, à l’OCDE et dans les institutions financières internationales, ainsi qu’avec les agences de notation, pour favoriser une évolution positive de la perception du risque financier africain et réduire ses facteurs actuels de sur-tarification.
En outre les Chefs d’Etat et de Gouvernement ont affirmé leur volonté de mobiliser les banques multilatérales et leurs fonds concessionnels ainsi que le Fonds européen de développement au service d’une croissance durable et inclusive en Afrique. Pour sa part, la France s’est engagée notamment via son agence de développement (AFD) à promouvoir un développement durable du continent, sur les plans économique, social et environnemental, ainsi que les valeurs de la démocratie et de l’Etat de droit et l’égalité entre les hommes et les femmes. Elle continuera d’œuvrer en faveur de l’intégration régionale, de l’insertion de l’Afrique dans les échanges internationaux et la mobilisation du secteur privé pour le développement des infrastructures africaines.
Objectif : dédoubler le volume d’échanges
Par ailleurs, les participants au sommet ont convenue que les Accords de Partenariat Economique (APE) entre l’Union européenne et les communautés économiques régionales en Afrique doivent contribuer à une meilleure insertion de l’Afrique dans les échanges internationaux, en prenant en compte toutes les flexibilités disponibles pour permettre aux pays africains qui le souhaitent d’y participer. La France est favorable à la conclusion du processus de négociations régionales des APE avec des conditions de calendrier et de contenu plus favorables pour les pays africains.
Les Chefs d’Etat et de Gouvernement se sont engagés à promouvoir l’utilisation innovante des sources de financements, afin de répondre aux besoins du développement sur le continent africain dans les domaines de la santé, de l’éducation, de l’agriculture, de la pêche, de la sécurité alimentaire, de la promotion de la biodiversité et de la lutte contre le changement climatique. Ils se sont engagés à réaliser les plus hautes exigences de transparence vis-à-vis des opinions publiques et d’efficacité de l’aide. La France rendra publiques les informations sur son aide au développement conformément à l’initiative internationale pour la transparence de l’aide.
Dans la déclaration finale, ils ont affirmé leur détermination à promouvoir des échanges commerciaux dynamiques et équilibrés entre l’Afrique et la France en poursuivant l’objectif d’un doublement du volume d’échanges croisés en cinq ans. Les Chefs d’Etat et de Gouvernement ont convenu d’intensifier les partenariats économiques et d’affaires en organisant une réunion des ministres de l’économie africains et français en 2014 ainsi qu’un
forum d’affaires Afrique-France.