L’Afrique subsaharienne pourrait connaître une grave crise d’enseignants, selon l’UNESCO. Les statistiques qu’elle a récemment publiées récemment montrent que l’Afrique subsaharienne aura besoin d’environ 2,1 millions de nouveaux postes d’enseignants tout en pourvoyant à 2,6 millions de postes vacants du fait du départ d’un grand nombre d’enseignants à la retraite ou à cause de maladie. Certains pays africains font déjà des efforts pour juguler cette crise. Par exemple, depuis 1999, l’Éthiopie a amélioré ses effectifs d’enseignants de 11 % en moyenne par an. Des analystes estiment que ce taux pourrait lui permettre pays de faire face à une pénurie dans le futur. Même son de cloche au Cameroun, en Namibie et au Lesotho où des mesures d’augmentation du nombre d’enseignants ont été mises en application.
En 2013, l’Institut de statistique de l’UNESCO avait réalisé une étude intitulée, « Projection des besoins d’enseignants à l’échelle mondiale entre 2015 et 2030 ». Dans cette étude, on apprend que dans d’autres pays de la région, la tendance inquiète. Par exemple, le nombre d’enfants en Côte d’Ivoire, en Érythrée, au Malawi et au Nigéria qui auront besoin d’enseignants du primaire sera plus élevé en 2030 qu’il ne l’est actuellement. En Érythrée, pour sept enseignants recrutés, 10 quittent la profession… Pour atteindre l’objectif d’’éducation primaire universelle, Djibouti devra recruter environ 17 % d’enseignants en plus chaque année d’ici à 2030. Un objectif peu réaliste pour un pays qui ne dispose pas des ressources nécessaires pour augmenter considérablement ses effectifs. Une sérieuse pénurie d’enseignants d’ici à cette échéance semble inévitable.
Forte résilience
Même si l’Afrique subsaharienne représente 46 % de la pénurie mondiale d’enseignants du premier cycle du secondaire, les données montrent que les gouvernements qui ont déployés de sérieux efforts pour juguler ce problème seront mieux placés pour assurer la qualité et l’éducation universelle d’ici à 2030. C’est le cas de la République démocratique du Congo, où, parmi les avancées notoires, on pourra souligner la forte résilience du système éducatif associée à la confiance sans faille des ménages congolais dans ce système. Entre 2001 et 2012, année de la dernière évaluation, les indicateurs de couverture, d’accès et d’achèvement ont plus que doublé et sont supérieurs aux moyennes régionales. L’accès à l’école est devenu quasi universel avec seulement 5 % d’une cohorte n’ayant jamais eu accès à l’école. Et ce sont près de 7 enfants sur 10 qui ont atteint en 2012 la dernière année du primaire, contre un enfant sur 3 en 2001-2002.
L’engagement du gouvernement n’est pas étranger à ces évolutions, comme le montrent les efforts financiers continus en la matière. Entre 2005 et 2012, les dépenses d’éducation ont plus que doublé en termes réels, atteignant 13 % du budget en 2012 ou encore 1,8 % du PIB. Si ces niveaux restent encore faibles par rapport aux autres pays de niveau de développement similaire, les marges de manœuvre d’expansion budgétaire sont bien réelles et fortes, le pays connaissant un contexte macroéconomique actuel et à venir particulièrement encourageant et favorable (forte croissance économique, assortie de potentialités significatives d’augmentation de la pression fiscale). Si la couverture scolaire a augmenté à tous les niveaux d’enseignement, elle reste très modeste au niveau du préscolaire (avec une couverture réduite de 4,5 % en 2012) et de l’enseignement non formel, alors qu’elle a explosé au supérieur (multipliée par 2,5 pour atteindre 512 étudiants pour 100 000 habitants).