Personne ne peut prédire l’avenir avec certitude, mais nous avons bon espoir que certaines technologies naissantes seront plus développées en 2020. La technologie de réalité augmentée existe déjà avec les applications pour smartphones qui fournissent des renseignements en ligne sur le lieu où se trouve l’utilisateur : par exemple, une liste de restaurants locaux selon votre choix et des applications qui cartographient le ciel et les étoiles à l’endroit où vous vous trouvez, mais les lunettes connectées comme Google Glass sont conçues pour mieux intégrer ce contenu augmenté dans notre expérience du monde hors ligne.
L’Internet des objets est la phrase souvent utilisée pour décrire l’incorporation de la connectivité de l’Internet dans une multitude d’appareils auparavant non connectés, comme les appareils électroménagers et l’habillement.
Écosystème unique
Avec l’augmentation accrue du marquage d’identification par radiofréquence, la prolifération globale de détecteurs connectés à l’Internet peut donner lieu à des innovations dans les chaînes d’approvisionnement et de distribution, tandis que l’arrivée de l’impression en trois dimensions peut être un catalyseur pour les nouveaux modèles de fabrication.
Aucune de ces technologies ne sera exploitée de manière isolée; elles feront plutôt partie d’un écosystème unique. Ajoutez à cette technologie les nouvelles perspectives qui seront obtenues à partir des données intelligentes et l’émergence de la réalité virtuelle attendue depuis longtemps sous la forme de technologies permettant une présence à distance, comme la transmission de signaux, il est évident que nous générerons tout le temps plus de données. Cela continuera à attirer les cybercriminels, ce qui exigera une plus grande protection de la part des fournisseurs de services ainsi qu’un renforcement des niveaux de coopération internationale par ceux qui sont chargés d’enquêter sur les violations et de faire porter la responsabilité aux cybercriminels.
Partout dans le monde, la législation devra non seulement rattraper son retard par rapport à l’usage criminel des technologies émergentes, mais aussi ne pas se laisser distancer. Il existe aujourd’hui un risque réel que, sans harmonisation dans ce domaine, les pays qui ont de faibles niveaux de cybersécurité, une législation faible en matière de cybercriminalité et des capacités réduites dans le domaine de l’application de la loi deviennent des refuges pour les cybercriminels durant de nombreuses années à venir.Déjà, la coopération internationale est essentielle pour mener des enquêtes efficaces et traduire les cybercriminels en justice. Toutefois, nous devons aussi substituer aux pratiques traditionnelles de justice pénale des pratiques d’arrestation, de poursuites et de condamnation plus intelligentes.
Renseignement
Des mesures de prévention efficaces sont, et continueront d’être, possibles. Des organisations internationales comme Europol, Interpol et les Nations Unies sont des multiplicateurs de force dans la fourniture d’initiatives multisectorielles efficaces visant à démanteler les réseaux d’ordinateurs zombies, réduire les profits générés par l’économie numérique clandestine et faire activement participer les citoyens à la protection contre les attaques. La lutte contre la cybercriminalité requiert également la création de centres de spécialistes de l’information et de la coordination du renseignement. Très souvent, ce n’est qu’au niveau international que les analystes peuvent avoir une idée précise de la portée des activités des groupes cybercriminels et du tort qu’elles causent. Les autorités chargées de l’application de la loi et de la sécurité, par exemple, ont besoin d’organisations comme Europol, Interpol, l’Institut interrégional de recherche des Nations Unies sur la criminalité et la justice pour les aider à évaluer la menace et établir des liens cruciaux entre les délits dans des parties du monde souvent très diverses. Pendant des années, la communauté internationale a décrit la cybercriminalité comme un problème sans frontières. Il nous faut passer à l’action et apporter des réponses coordonnées qui ne soient pas seulement ponctuelles, mais adaptées à l’évolution des technologies d’Internet. En travaillant ensemble avec l’objectif commun de garantir un Internet plus sûr, nous parviendrons non seulement à répondre aux menaces actuelles aussi efficacement que possible, mais aussi à être préparés pour l’avenir.
Victoria Baines est à la tête de l’équipe Stratégie et prévention du Centre européen de lutte contre la cybercriminalité (EC3) à Europol.