Dans un entretien à Business et Finances, à la faveur des conférences à la Semaine minière de la RDC ou DRC Mining Week 2018, Pierrot Nienge, jeune entrepreneur au Katanga, scrute les opportunités et les défis que présente la loi sur la sous-traitance. D’entrée de jeu, il déclare : « Bien que la loi soit promulguée et publiée au Journal Officiel, il est évident que les opérateurs miniers ne seront prêts à demander des services ou des produits des fournisseurs locaux que dans la mesure où ils seront capables de répondre à leurs exigences ». Pour Pierrot Nienge, « ce n’est malheureusement pas le cas, pour le moment ».
C’est dans ce contexte-là, nous dit-il, que sa société dénommée « Green Horizon Investment » a conçu le Programme intégré pour le développement des sous-traitants et fournisseurs aux grandes entreprises du secteur minier, en particulier (PIDSF). Il justifie la motivation de cette initiative par la mouvance actuelle dans les pays en voie de développement. « Ces pays utilisent de plus en plus le mécanisme de développement des fournisseurs locaux pour une croissance durable et inclusive de leurs économies. En plus, les responsables politiques en Afrique ont compris l’importance monumentale des petites et moyennes entreprises (PME) pour la création de la classe moyenne, chose indispensable pour un développement économique durable », fait-il remarquer.
Et de poursuivre : « La République démocratique du Congo n’est pas épargnée par cette réalité, ce qui justifie l’adoption de la loi no 017/001, du 8 février 2017 fixant les règles applicables à la sous-traitance dans le secteur privé par l’Assemblée nationale et le Sénat, ainsi que sa promulgation par le président de la République, Joseph Kabila Kabange. Ce fait est une indication claire de la volonté des autorités à soutenir le développement socio-économique et promouvoir le bien-être au sein des communautés locales, ainsi que la bonne gouvernance dans le pays. »
Pierrot Nienge pense que c’est une « disposition efficace » pour optimiser la contribution du secteur privé au développement économique du pays, la réduction effective de la pauvreté, et l’amélioration des conditions de vies des communautés locales par la rétention des capitaux. Convaincu que ceci est un « moyen certain d’assurer la dissémination des investissements étrangers direct au seuil de la population la plus démunie ».
Exigences rigoureuses
Le PIDSF a pour but d’analyser et de comprendre les défis des sous-traitants et fournisseurs, et ensuite développer des solutions pour y remédier de manière durable, et ainsi développer un contenu local capable de répondre aux exigences des opérateurs miniers. D’après Pierrot Nienge, ce projet vise à établir des partenariats solides de représentativité entre les firmes locales et les grandes multinationales pour servir les entreprises minières.
« Ceci permettra l’établissement de branches locales de ces multinationales qui, dès lors, pourront mettre leurs produits et services à la disposition de l’industrie locale, et progressivement transférer les chaînes de valeurs pour optimiser la plus-value locale dans leurs prestations, et réduire la dépendance de l’industrie sur l’importation », souligne-t-il.
Il vise aussi « l’amélioration du service à des coûts meilleurs », c’est-à-dire « la transformation des accords contractuels visant une interaction beaucoup plus collaborative entre les parties permettra une amélioration continue de la qualité et du coût des services et produits fournis, créant ainsi une situation gagnant-gagnant ».
De plus, les produits étant disponibles localement, les délais de livraisons pourront être réduits de manière substantielle, ce qui limitera les risques d’arrêts éventuels des usines dues au manque de produits…
En plus du coût, cette collaboration permettra aux sous-traitants de se spécialiser dans leur champ d’activités. Par conséquent, ils seront en mesure de fournir des services ou produits de meilleure qualité, donnant ainsi la quiétude aux opérateurs miniers pour se focaliser sur leur activité principale.
Ce projet vise également « l’optimisation des effets socio-économiques ». Selon Pierrot Nienge, le transfert de commandes des produits et services des entités internationales vers les firmes locales favorise la dissémination de ses fonds au sein de l’économie locale, ce qui stimulerait la production locale vu l’augmentation de la demande. « Le transfert de chaînes de valeurs pour la production des biens nécessaires au bon fonctionnement des mines aura pour conséquence la création d’emplois pour les communautés locales », souligne-t-il.
« En conclusion, déclare-t-il, le PIDSF dans le secteur privé, ainsi expliqué, constitue le cheval de bataille par excellence pour la création de la classe moyenne en RDC. En effet, la mise en œuvre de ce programme verra une nette augmentation pour la rétention des fonds investis dans le secteur miner au sein de l’économie locale.
Ceci rendra donc les activités des opérateurs miniers beaucoup plus effectifs dans la vie sociale de la population au-delà de tous leurs efforts pour la responsabilité sociale des entreprises. C’est un moyen certain et durable pour diversifier ces fonds investis vers d’autres secteurs économiques de notre pays. »