Dix ans après le lancement de l’iPhone, qui a ouvert ce marché, la vente d’applications mobiles bat tous les records. Les développeurs ont récolté plus de 35 milliards de dollars (environ 32 milliards d’euros) l’an dernier grâce à l’App Store et au Play Store, en hausse de 40 % par rapport à l’année précédente, selon des chiffres communiqués par App Annie. Cela signifie que le montant total dépensé par les clients, une fois ajoutée la commission d’Apple et de Google (le plus souvent 30 %), est d’environ 45 milliards d’euros. Dans le détail, pas moins de 90 milliards d’applications, gratuites et payantes, ont été téléchargées au cours de l’année (+15 %). Des pays comme la Chine, l’Inde ou l’Indonésie conservent un important potentiel de croissance et expliquent en grande partie cette performance. La hausse des revenus est malgré tout mondiale, tirée par trois phénomènes conjoints: le temps passé dans les applications augmente encore plus vite que le nombre de téléchargements. App Annie estime que « 900 milliards d’heures » ont été passées à parcourir des applications mobiles en 2016, soit 25 % de plus que l’année précédente. Les développeurs savent de mieux en mieux en tirer profit de cette addiction. Ils proposent des enrichissements, sous forme d’achats supplémentaires (« in-app »), que ce soit dans des jeux à l’origine gratuits ou dans des logiciels bureautiques. Des activités entières migrent vers le mobile. Les applications sur smartphone deviennent le point d’entrée unique pour les jeux, le commerce en ligne, les médias, les transports. Au fur et à mesure que de nouveaux secteurs basculent, les revenus augmentent d’autant. L’an dernier, la croissance a notamment été très soutenue dans la vidéo en ligne payante, souligne App Annie.
L’exceptionnel Pokémon Go
Le jeu mobile, sorti en plein cœur de l’été, a généré à lui seul 950 millions de dollars (890 millions d’euros) de recettes. Il a donc représenté, à lui seul, 10 % de la croissance du marché en 2016. Pokémon Go symbolise bien toutes les mécaniques du succès pour une application mobile: un jeu gratuit, largement téléchargé, avec des revenus générés par des achats supplémentaires. Les chiffres donnés la semaine dernière par App Annie ne concernent que la vente d’applications et les achats supplémentaires. Sur ce terrain, l’App Store continue à dominer le Play Store, avec des versements aux développeurs 30 % supérieurs – 20 milliards de dollars sur iOS, contre 15 milliards sur Android -, malgré une base installée moindre. Cela n’intègre toutefois pas les gains grâce à la publicité, davantage utilisée dans les applications du Play Store. Les revenus combinés des développeurs avoisinent alors les 90 milliards de dollars. Un chiffre que l’on peut comparer aux recettes mondiales du cinéma (autour de 40 milliards de dollars) ou de la musique (15 milliards de dollars).