Pour diffuser les matchs, bar et restaurants priés de payer des droits

Pour suivre les matchs de la Coupe du monde dans leur établissement, les patrons de bars et restaurants devaient verser un forfait aux chaînes télé mais aussi à la Sacem, qui gère les droits d’auteur de la musique. Surprenant tout de même !

« JE NE VOIS PAS pourquoi on paierait des droits d’auteur alors qu’il n’y a pas de musique lors d’un match de foot », s’est énervé Stéphane, propriétaire d’un bar dans l’Aveyron. Comme lui, de nombreux professionnels du secteur n’ont pas compris cette obligation qui pesait sur les comptes de leur établissement. Si les patrons de bars ou de restaurants veulent diffuser les matchs de la Coupe du monde, ils doivent en effet verser obligatoirement de l’argent à la Sacem qui gère les droits d’auteur pour les œuvres musicales. 

De manière indirecte, Jean-Jacques Goldman ou Pokora ont perçu des revenus grâce aux Bleus (équipe de France) puisque ces recettes sont versées dans un pot commun et que ces artistes figurent parmi les plus gros bénéficiaires de cette répartition, écrit Sophie Levy Ayoun. « Autour des programmes de sport, il y a des contenus musicaux ou protégés par la Sacem : sur les génériques, les publicités, etc. », a-t-on expliqué du côté de l’organisation. 

« Notre autorisation couvre également les droits des scénaristes, et des réalisateurs et journalistes ». Certes, mais les propriétaires de bars et restaurants ne pourraient-ils pas allumer la télévision uniquement durant la durée du match pour éviter le paiement de ces droits d’auteur ? « Il serait impossible de vérifier heure par heure l’utilisation faite de la télévision. 

Dès lors nous ne pouvons que donner une autorisation de diffusion pour une durée déterminée permettant l’accès à tous les programmes et au répertoire mondial des œuvres, soit 121 millions d’œuvres », répond la Sacem.

Pour rester dans les clous, les gérants avaient donc deux possibilités. Ils pouvaient d’abord souscrire à un abonnement à l’année dont le prix est compris entre 373 euros et 2 424 euros, selon la taille de la ville et de l’établissement. Ou s’acquitter du forfait « Spécial Foot 2018 » de la Sacem, pour ceux qui ne voulaient installer une télé que ponctuellement. 

Il a été proposé à 112,50 euros pour diffuser les matchs du 14 juin au 15 juillet, 90 euros s’il a été souscrit avant le 5 mai dernier. Mais dans les faits, l’obligation de verser des droits d’auteur à la Sacem n’est pas toujours respectée… « J’ai vu beaucoup d’écrans non déclarés », a assuré Stéphane, patron de bar.

Un forfait spécial beIN Sport 

Par ailleurs, les patrons de bars et restaurants devaient aussi se rapprocher des chaînes de télévision qui diffusent les matchs du Mondial. Ainsi, beIN Sports proposait un abonnement valable du 14 juin au 15 juillet à 395 euros hors taxe pour 1 à 5 télés (avec d’autres chaînes comprises comme Canal +, Canal + Sport ou Eurosport). Pour ceux qui diffusent du foot toute l’année, il n’était pas possible de se contenter d’un abonnement classique proposé au public. Les établissements devaient souscrire à un pack professionnel, proposé à partir de 105 euros par mois hors taxe, pour 1 à 2 télés. 

Quant à TF1, elle est restée gratuite mais a indiqué, en tant que diffuseur officiel du Mondial en France, toucher à 50-50 avec la FIFA une redevance. 

Cette dernière est due par les bars et restaurants qui construisent une offre commerciale autour de la compétition de foot, comme un menu spécifique incluant la diffusion du match par exemple. Le tarif indiqué sur le site de la FIFA est de 1 000 dollars (environ 860 euros) s’ils accueillent au maximum 1 000 personnes. 

Mais d’après TF1, il est dans les faits défini « au cas par cas », notamment pour les petits établissements. « Ça concerne le plus souvent de grandes enseignes présentes sur le tout le territoire qui veulent développer une offre commerciale nationale, mais c’est extrêmement marginal », a-t-on affirmé du côté de la chaîne privée. « On ne fait pas la chasse en France, on est enclins à ce que ce soit une grande fête populaire ».

Malgré ces dépenses, les patrons de bars et restaurants devraient rentrer dans leurs frais. D’après Laurent Lutse, président de la branche cafés et brasseries à l’Union des Métiers et des Industries de l’Hôtellerie, le chiffre d’affaires des établissements pourrait grimper de 30 % durant la Coupe du monde. Il estime qu’il aurait même « doubler voire tripler » le soir de la finale, le dimanche 15 juillet.