L’air pur des sommets et la douceur de vivre des cantons helvètes n’expliquent pas à eux seuls l’attrait de la Confédération sur son voisin tricolore. Qu’est-ce qui attire si irrépressiblement les citoyens français à placer leur argent dans les coffres bancaires suisses, comme le révèle notre enquête « SwissLeaks » ?
Une tradition de discrétion
C’est le mot d’ordre de tous les établissements suisses. « Le secret bancaire suisse a toujours eu comme but premier la protection des clients contre toute ingérence dans les affaires privées », résume la banque BBGI sur son site Internet.
De nouvelles règles s’imposent certes aux banquiers suisses : dernière avancée majeure en date, la Confédération a signé en 2013 une convention de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) sur la lutte contre l’évasion fiscale, convention qui prépare le passage à l’échange automatique de données fiscales, prévu pour 2018.
Une loi arrangeante
Les établissements suisses sont aidés dans leur effort de discrétion par la loi suisse qui interdit de révéler l’existence d’un compte sans le consentement du client. (…)
Le véritable problème pour les clients, ce sont les entailles faites de plus en plus régulièrement, sous la pression de certains gouvernements (Etats-Unis, France, Allemagne…), au secret bancaire. En octobre dernier, Genève a remis aux autorités françaises des documents sur 300 clients d’UBS soupçonnés d’évasion fiscale.
Prête-noms et comptes numérotés
La technique du prête-nom est encore largement utilisée. Par ailleurs, certains comptes peuvent être numérotés et désignés par ce code plutôt que par le nom de son dépositaire, comme celui du roi du Maroc, Mohammed VI.
Enfin, même si les banques suisses doivent procéder à une vérification d’identité et à la provenance des fonds déposés, les démarches peuvent être menées uniquement par voie postale. Et l’épouse tenue à l’écart des petits secrets des comptes de son mari.(A suivre)Le Monde