Comme on pouvait le craindre, un ancien membre du Comité central du MPR, qui vit désormais en retrait de la politique, estime que le président Kabila ne s’est pas révélé « un bon docteur ». Il attendait que le chef de l’État se présentât le 5 avril dans la posture de « père de la Nation ». Ce septuagénaire qui s’occupe désormais de ses terres au Plateau de Bateke, regrette que le président de la République ait choisi le camp d’OlengaNkoy celui des « dissidents » du Rassemblement et en se mettant à dos l’autre camp de Tshisekedi qui a rejeté son arbitrage dans l’échec des négociations de l’arrangement particulier de l’accord du 31 décembre 2016.
La messe étant dite, avec la nomination de Bruno Tshibala Nzenze comme 1ER Ministre, les spécialistes font remarquer que le volet politique du dernier message présidentiel a presque occulté les aspects économiques qui ne manquent pas d’intérêt. Joseph Kabila s’est fait le devoir de rappeler, une fois de plus, « la fragilité des fondamentaux du tissu économique tournés essentiellement vers le secteur tertiaire, et marqué, d’une part, par l’importation des biens de première nécessité consommés par les Congolais et que nous ne produisons, et, d’autre part, par l’exportation des matières premières vers les pays industrialisés, source de nos principales recettes budgétaires, mais dont la fixation des cours échappe à notre contrôle. »
Changer des paradigmes
Dans une approche méthodique, Joseph Kabila a saisi le taureau par les cornes : « tant que nous ne changerons pas ce paradigme, notre économie restera fragile et fera continuellement les frais des soubresauts de la conjoncture économique internationale. » Et de poursuivre : « tant que notre système fiscal sera écrasant, discriminatoire et truffé d’une parafiscalité lourde, le climat des affaires ne sera pas propice à l’investissement productif ni au civisme fiscal. » Engagement : le président Kabila a dit avoir pris « la mesure du défi ». Pour cela, « il nous faut agir sans plus attendre ».
En plus d’investissements publics légitimes, l’État apportera de manière significative son « soutien au secteur privé productif » à travers, particulièrement, l’appui direct aux petites et moyennes industries et aux petites et moyennes entreprises (PMI/PME). Celles qui sont spécialement engagées dans l’agro-industrie et qui inscrivent leurs activités dans le cadre des chaînes de valeurs. « Il nous faut, en effet, produire ce que nous consommons et, comme j’ai eu déjà à le dire, conférer de la valeur ajoutée à nos produits destinés, non seulement à la consommation domestique, mais aussi à l’exportation, en vue de les rendre plus compétitifs ». Dans la foulée, Joseph Kabila a martelé : « notre pays ne saurait plus indéfiniment être ce grand marché offrant l’opportunité d’affaires et d’emplois aux peuples des pays tiers, au détriment de sa propre population et de son économie. »
Mobilisation des recettes
Par ailleurs, les efforts de mobilisation des ressources internes doivent être poursuivis. Comment ? À travers « la lutte sans concession contre la fraude douanière et fiscale », ainsi que contre « la contrebande, grâce aux réformes fiscales nécessaires ». Très prochainement, les régies financières vont être dotées de systèmes de gestion informatisée des contribuables, fournis par une expertise appropriée. Le président de la République a insisté sur « l’impérieuse nécessité » pour le gouvernement, l’Assemblée nationale et le Sénat de « prendre des dispositions utiles » en vue d’adopter, dans « les plus brefs délais, et pendant la session en cours », des nouvelles lois sur la fiscalité, le partenariat public-privé. Joseph Kabila a aussi enjoint au Parlement d’adopter la loi sur la révision de « certaines dispositions du code minier », en sursis depuis plusieurs mois. « Le gouvernement pourra ainsi disposer des outils solides pour stabiliser, de manière pérenne et structurelle, la situation économique en cours, avant d’inverser définitivement la tendance préoccupante actuelle », a fait remarquer le chef de l’État.
Qui a annoncé à la jeunesse la mise en œuvre effective des politiques appropriées promises en novembre 2016, en vue de sa réinsertion socio-économique. Pour le chef de l’État, la promotion de l’entrepreneuriat local à travers les mesures de soutien au secteur privé ainsi que l’entrée en vigueur de la loi sur la sous-traitance en faveur des PME/PMI locales constituent aujourd’hui, des opportunités à saisir. Parallèlement à ces efforts de création de milliers d’emplois, il a fait savoir que les entreprises du portefeuille de l’État ont été instruites de « privilégier, dans le cadre de leur plan de redressement, la résorption du chômage des jeunes. »