Elle était autrefois considérée comme l’ultime recours pour sauver la maman, le bébé ou les deux. Depuis quelques années, cette opération s’est banalisée dans les hôpitaux.
A Kinshasa, en dépit de la situation socio-économique précaire de la majorité de la population, la pratique de la césarienne est de plus en plus utilisée dans plusieurs hôpitaux et autres établissements de santé. Cela serait du au fait que certaines femmes évitent d’affronter la douleur de l’enfantement et préfèrent se faire opérer pour extraire leur bébé. D’aucuns estiment que l’obstétrique actuelle ne réalise de césarienne que dans les cas où les voies naturelles sont trop étroites pour permettre le passage du fœtus. On n’y recourt également en cas des tourments éventuels pouvant intervenir au cours de l’accouchement : hémorragies, tumeurs chez la mère, défaut de dilatation du col, détresse fœtale (manque d’oxygène) ou difficultés de positionnement du fœtus. Le nombre de césariennes a augmenté à partir des années 1970. Il a été prouvé en 1989 qu’elles n’étaient pas toutes nécessaires. On croyait, par exemple, qu’une femme ayant subi une césarienne ne pouvait pas avoir d’autre enfant par les voies naturelles sans risquer la rupture de la première cicatrice, mais il a été prouvé que ce risque était faible. Selon les statistiques de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), ce mode d’accouchement présente un risque de décès trois fois supérieur pour la mère.
Huit femmes sur dix accouchent par césarienne
Est-ce toutes les césariennes sont nécessaires ? Les avis divergent. Lisette M., mère de famille, en garde un souvenir plaisant : « je suis mère de cinq enfants. Quatre sont sortis par voie basse sans problème. J’ai suivi correctement les conseils du médecin pour mon dernier fils dans une polyclinique bien connue du district de la Funa. Le jour de l’accouchement, la l’écographie a montré que tout se passera sans intervention. Mon mari avait préparé le montant qu’il fallait pour l’accouchement par voie basse : 150 dollars. En entrant dans la salle d’accouchement, un autre médecin est venu me demander d’aller dans les urgences. Comme la douleur montait, j’ai obtempéré. Ensuite, il a demandé à mon mari de payer 500dollars pour une césarienne sans lui donner d’explication. Un débat s’est installé alors entre les toubibs et mon mari qui est aussi médecin. Cinq minutes plus tard, l’enfant est sorti de lui même. Ébahis, les médecins se sont précipités pour nous donner les premiers soins. A la fin, nous avons payé les 150dollars. Aux dires des patientes retenues pour n’avoir pas payé, les médecins de cet hôpital fonctionnent sur cette mode. Ici, huit femmes sur dix accouchent par césarienne ».
Pour Rémy K., gynécologue: « il ne sert à rien d’incriminer mes pairs. Il est vrai qu’il ne manque pas des brebis galeuses dans chaque secteur de la vie. Même si l’on observe une certaine boulimie dans le chef de certains collègues, mais cela ne doit pas nous pousser de voir tout en noir. La césarienne est une option médicale ».
Question de vie ou de mort
La césarienne coûte plus cher parce qu’elles nécessitent plusieurs interventions médicales. L’anesthésie, la chirurgie, toute une gymnastique entrent en jeu. Ce n’est plus de la compétence d’une sage-femme mais plutôt d’un médecin spécialiste car l’intervention est très délicate explique Rémy K. C’est une question de vie ou de mort d’où la hausse du coût explique-t-il. « Entre payer 500 dollars à l’hôpital ou organiser les funérailles de sa femme, le choix est clair» renchérit le gynécologue.
Les prix varient selon les établissements et la localisation. Le coût de la césarienne à Kisenso n’équivaut pas celui installé à Gombe. La méthode employée par les médecins peut être la même, mais la notoriété du centre et celle du médecin vont faire la différence. A chaque hôpital correspond un tarif. En réalité, le coût est plus élevé chez les privés que dans des hôpitaux d’Etat ou confessionnel.
Pour les profanes, la césarienne est une extraction chirurgicale du fœtus en incisant la paroi abdominale et l’utérus de la femme. Selon la tradition, l’empereur romain Jules César serait né grâce à cette méthode, d’où son nom. Cette opération a été pratiquée depuis très longtemps sur des mères décédées ou mourantes pour sauver la vie du fœtus. Le premier cas authentifié de césarienne sur une femme vivante remonte à 1610.