Sur la centaine de centres de détentions, y compris les amigos, officiellement répertoriés en RDC, seulement 15 étaient encore pris en charge par l’État jusqu’en 2014. Et, depuis 2015, les subventions sont accordées à quelque 41 prisons, grâce à un plaidoyer soutenu des humanitaires. Mais cela n’est pas évident comme le montrent plusieurs rapports des ONGDH.
Donner aux détenus la possibilité de vivre décemment, tel est le leitmotiv du ministère de la Justice et des Droits humains à court terme. Pour ce faire, ce ministère a chiffré son état des besoins à 10 922 milliards de FC pour l’exercice 2017. Mais la direction de la préparation du budget n’aurait prévu que juste 3 620 milliards de FC. Cette année, le Premier ministre sortant, Augustin Matata Ponyo, avait réduit, d’autorité, au tiers la subvention. Son ministre de la Justice et des Droits humains, Alexis Thambwe Mwamba, en a appelé à l’Assemblée nationale, l’autorité budgétaire. Ce dernier se faisait un peu de soucis financiers. De plus de 2 247 milliards de FC du budget bouclé pour l’exercice 2016, la primature a sensiblement ramené la subvention à 1,8 milliard de FC. Tout décaissement se faisant désormais par voie bancaire. Chaque trimestre, la Prison de Makala reçoit 591,5 millions de FC contre 218 millions de FC pour la prison militaire de N’dolo, près de 125 millions de FC pour la prison d’Angenga et 6 millions de FC pour la prison de Kassapa à Lubumbashi. À son arrivée au ministère de la Justice, Thambwe Mwamba avait trouvé sur la table le dossier des 15 prisons subventionnées par l’État.
Humaniser les pénitenciers
Sortir de la prison pour être utile à la société, Thambwe Mwamba y croyait ferme et s’y mettait déjà. Tous les ateliers de scierie, plomberie, imprimerie, etc., à l’arrêt depuis des lustres, notamment à la Prison centrale de Makala étaient dans sa ligne de mire. En tout cas, il pensait déjà à les rendre de nouveau opérationnels. Tout comme les activités génératrices des recettes au bénéfice des détenus. Tout est question de volonté politique et des moyens financiers, a-t-il laissé comprendre aux députés, à la suite d’une question orale lui posée, début novembre, sur la prise en charge des détenus malades. Le ministère de la Justice s’emploie à court terme à désengorger les grandes prisons du pays à travers notamment la réhabilitation des centres pénitentiaires de Luzumu, au Kongo- Central, dont la fin des travaux est annoncée pour fin 2017, ainsi que de Mbenseke, avec l’appui de la MONUSCO. Les prisons d’Osio (Tshopo), Buluwo (Haut-Katanga), Mbandaka (Équateur), Kabinda (Lomami) et Tshikapa (Kasaï) seront, elles aussi, réfectionnées par la section du génie militaire des Forces armées de la RDC (FARDC). La Prison centrale d’Angenga à Mbandaka a été rouverte, en 2015, après sa réfection grâce un appui du Comité international de la Croix-Rouge (CICR). Quant à Makala, dont l’effectif, au 10 novembre 2016, était de 7 888 détenus, les pavillons 3,4 et 6 seront réhabilités pour un montant de 1 333 496 dollars. Les procédures de passation des marchés sont en cours au niveau du ministère des Infrastructures, des Travaux publics et de la Reconstruction (ITPR). À sa création, en 1959, le pénitencier de Makala avait juste une capacité de 500 détenus. Kinshasa, alors Léopoldville, comptait 350 000 habitants contre environ 10 millions, à ce jour, selon les récentes estimations.
Thambwe Mwamba avait promis de rendre plus fréquentes les inspections des prisons dans le cadre de la promotion des droits humains. De même, le contrôle des conditions d’incarcération, le respect de droits des détenus devraient être renforcés. Déjà, des agents des services du ministère de la Justice sont en tournée dans des centres pénitentiaires de l’arrière-pays où des ONG décrivent souvent des situations apocalyptiques. Il s’agit notamment des prisons de Kinshasa, de l’ex-Bandundu, du Sankuru, de Maniema, du Kasaï oriental et de Lomami.
Selon les services du ministère de la Justice, les prisons congolaises sont en grande partie bondées des détenus préventifs (75 %). Ainsi, dans l’optique de décongestionner les milieux carcéraux, le ministre de tutelle a rappelé dans un arrêté aux officiers judiciaires que « la liberté individuelle est la règle, et la détention, l’exception ». Des mesures d’assouplissement devraient être envisagées pour toute détention préventive excédant trois mois. Et tous les condamnés faisant preuve d’amendement devraient être proposés à une libération conditionnelle. Depuis janvier 2015, plus de 1 220 prisonniers ont bénéficié des mesures de libération conditionnelle et plus de 3 000 détenus, de la mesure de la grâce présidentielle.