À ce jour, aucune des 20 sociétés commerciales issues de la transformation n’a fait l’objet d’un désengagement de l’État de son capital. Précision : la transformation est une exigence légale, mais le désengagement n’en est pas une. Il est plutôt une stratégie de restructuration décidée par le gouvernement selon le cas. Les entreprises concernées par la transformation sont notamment la GECAMINES, la REGIDESO, la SNEL, la SNCC, la SCTP, la RVA, la CVM, la SCPT et la SONAS. La cause principale qui a ruiné le portefeuille de l’État, c’est l’empiétement de la politique sur l’économie. C’est pourquoi, l’objectif poursuivi par la réforme est d’attirer les privés, en harmonisant le cadre juridique des entreprises publiques qui, depuis 1978, constituait un épouvantail vis-à-vis des potentiels investisseurs. Aussi, fallait-il séparer les entreprises de l’État des établissements publics ou des services publics. C’est la remise de l’ordre dans la boutique qui a fait que, dès lors, les entreprises ayant un caractère marchand soient répertoriées dans la catégorie des entreprises commerciales. Alors que ce n’est pas de son ressort, c’est curieusement le COPIREP qui les aide maintenant à dresser leurs bilans respectifs, en faisant appel au Conseil permanent de la comptabilité au Congo (CPCC). Sans cela, il y aurait eu blocage. Les états financiers étaient ainsi établis à partir de 2008. À titre indicatif, au 31 décembre 2009, par exemple, le bilan de la SNEL indiquait que les fonds propres de l’entreprise se chiffraient à 236,817 milliards de francs, alors que ses dettes atteignaient les 700,119 milliards de francs. Autrement dit, au moment où se faisait la transformation, la SNEL était en situation de cessation de payement.
La réforme au cas par cas
En vue de décanter la situation, l’État s’est engagé à payer les dettes fiscales de ces entreprises, mais pas leurs dettes sociales et autres. Pourtant, il y a aussi les dettes que ni l’État ni ces entreprises ne peuvent assurer. Certaines entreprises doivent, par exemple, jusqu’à un milliard de dollars à l’Institut national de sécurité sociale (INSS) et à l’Institut national de préparation professionnelle (INPP). L’insolvabilité de l’État, qui est l’une des causes de la ruine, revient encore au galop, ce, malgré la problématique du passif non assurable qui a fait piétiner le travail de restructuration. D’aucuns pensent que le temps où l’État doit tout prendre en charge est révolu. Parmi les solutions qui sont envisagées pour les tirer du marasme figure celle de privatisation. Mais les avis sont partagés. Les syndicats et la société civile estiment que la privatisation paraît dangereuse car il y a encore moyen de redresser les entreprises publiques. Plusieurs entreprises détiennent des créances sur l’État, qu’elles ont de la peine à recouvrer. L’État doit à la SCTP quelque 400 millions de dollars pour les services rendus, plus de 100 millions à la SNEL…
La COHYDRO Sarl détient à son actif des atouts majeurs susceptibles de garantir le développement de ses activités. En effet, l’entreprise peut compter sur l’existence d’un réseau de distribution comprenant une dizaine de stations et de dépôts dont 2 dépôts-relais et 2 dépôts-terrestres. La COHYDRO possède aussi une flotte fluviale de grande capacité composée de 3 pousseurs d’une puissance de 1 200 CV chacun et de 11 barges-citernes d’une capacité totale de 12 000 m3, 27 wagons-citernes.
Elle détient des parts d’intérêt et des participations dans les sociétés pétrolières d’exploration, de production, de distribution et de services dont un droit de passage dans les installations pétrolières de Sep-Congo pour la mise en place des produits à travers le pays. Mais elle a des faiblesses parmi lesquelles les difficultés persistantes de trésorerie, l’insuffisance du fond de roulement, les dettes vis-à-vis des régies financières, l’insuffisance des ressources pour financer les investissements pétroliers importants, la gestion hasardeuse. La MIBA possède des ressources reconnues de l’ordre de 120 millions de carats et peut dégager un chiffre d’affaires de plus de 2 milliards de dollars. La société dispose des atouts pour faire face à la profonde crise qu’elle traverse depuis 2007. La MIBA traverse actuellement une période difficile sur le plan financier avec une dette allant jusqu’à environ 500 millions de dollars. Elle fait face à de multiples problèmes parmi lesquels la spoliation de son patrimoine foncier. Le gouvernement cherche actuellement des partenaires étrangers pour exploiter en joint-venture diverses sections des concessions de la MIBA.
Chaque année, la REGIDESO a besoin de 130 millions de dollars en termes d’investissement par an. D’après le syndicat, la société va mal. Elle aurait dû atteindre un certain équilibre financier, début second semestre 2016, selon un vade-mecum du COPIREP mis en œuvre depuis 2011.
Hélas, les experts ouest-africains d’ERANOVE/SDE commis aux commandes de l’entreprise n’ont guère apporté les recettes escomptées, alors que les perspectives de paiement des créances de la REGIDESO SA sur l’État qui dépassent les 130 millions de dollars semblent bien s’éloigner. Face à la crise, les cadres de la société ont adopté un business plan pour l’horizon 2020. Selon Mme la présidente du conseil d’administration, Dina Masika Yalala, ce business plan consiste à faire de la REGIDESO SA « une société à gestion davantage tournée vers l’atteinte des objectifs de son redressement. » Il s’agit en pratique d’améliorer le taux d’accès à l’eau potable, les services de qualité à rendre à la clientèle et d’accroître les performances en vue de rétablir l’équilibre financier de la société. Hélas, les ressources financières de la société s’amenuisent dans le cadre du contrat de service portant sur la gestion de la société confiée à la Sénégalaise des eaux (SDE).
Toutefois, le gouvernement et le groupement ERANOVE/SDE ont signé un second contrat de service jusqu’en 2018. Mais, cette fois, le bureau syndical tient à ce que des directeurs et autres cadres nationaux de l’entreprise soient « considérés » dans la gestion de la REGIDESO SA.
*Cet article a été publié dans l’édition n°132 de Business et Finances.