La Société nationale d’électricité (SNEL SA) et l’Office de voirie et drainage (OVD) sont les principales autorités adjudicatrices des marchés d’éclairage public en République démocratique du Congo. Mais le dernier rapport du Bureau d’expertises comptables et du commissariat aux comptes (BEC Sarl) sur « l’audit définitif de conformité des marchés publics au titre de l’exercice 2013, rendu public il y a peu, laisse à penser que les attributions des marchés d’éclairage public se font plutôt au noir. « Le contrat OVD/DG/001/2013 sur le marché d’éclairage public du boulevard Lumumba n’est pas couvert par un appel national d’offre (ANO) de la Direction générale congolaise de marchés publics (DGCMP) ni de preuve d’approbation dudit marché », lit-on dans ce rapport.
Plan ORSEC
Autres griefs relevés par le BEC Sarl, « le défaut de preuve de publication de l’attribution provisoire… Non respect de délai de 10 jours pour la signature du contrat avec la société CREC-8. L’offre de CREC-8 n’était pas la moins disante… ». Le Plan d’organisation de secours en cas de catastrophes (ORSEC) de la RDC élaboré en 2012, dit aussi Plan ORSEC, relève que l’éclairage public ferait largement défaut, surtout dans l’arrière-pays, pour maîtriser l’extinction des incendies , de manœuvres de force, de protection contre les matières dangereuses, de sauvetage des personnes et des biens, du dégagement des ensevelis, du secours d’urgence aux blessés, noyés, asphyxiés ou encore dans les opérations d’héliportage, d’exfiltration ou d’évacuation.
Cependant, la loi de finances publiques pour l’exercice 2018 prévoit, dans le cadre des investissements sur transferts aux provinces et entités territoriales décentralisées (ETD), des installations des lignes électriques pour l’éclairage public dans certaines grandes agglomérations des provinces. Il s’agit notamment de la ville d’Isiro, chef-lieu du Bas-Uélé pour 133 880 000 francs, du territoire de Tshilenge, dans le Kasaï-Oriental pour 184 millions de francs ainsi que les bourgades de Lubao pour 400 millions de francs et de Bolobo, dans le septentrion de l’ex-Bandundu pour 307 millions. Il sied de noter que ces projets dits CDI reposent essentiellement sur l’appui des partenaires extérieurs.
Insécurité
À Kananga, chef-lieu de la province du Kasaï-Central, ex-Kasaï-Occidental, la SNEL s’emploie avec des moyens de bord pour assurer l’éclairage public dans cette ville en proie à une instabilité sociopolitique depuis l’insurrection des partisans du chef coutumier assassiné Kamwina Nsapu. Début janvier 2018, des coups de feu avaient retenti dans la ville, aux abords du principal aéroport de la ville qui n’est guère exploitable aux heures vespérales. Depuis le 31 décembre 2017, la SNEL assure l’éclairage de principales artères de Kananga. Les autorités de la province ont ravitaillé la SNEL avec 30 000 litres de gasoil pour ce faire.
La ville de Kananga est alimentée en énergie électrique par une centrale thermique dotée d’un groupe électrogène de 1 300 Kva. Le groupe consommerait quelque 200 litres par heure. Mais depuis quelques années, la SNEL a noué un partenariat public-privé avec un groupe privé, lequel a donné naissance à l’entreprise ENERKAC (Energie du Kasaï-Central) qui alimente la ville notamment au solaire. Depuis avril 2015, l’État a créé une taxe de consommation d’électricité qui vise notamment à assurer l’éclairage public. Cette taxe est reprise sur la facture de consommation d’électricité de la SNEL équivalent à 1 % de l’ensemble de la facture.
À Kinshasa, seulement 44 % des foyers bénéficient de l’énergie électrique contre 9 % pour toute l’étendue du territoire national, a indiqué la Commission de l’aménagement du territoire du Sénat, lors de l’examen sur le projet de loi relatif au secteur de l’électricité. L’éclairage public demeure plutôt aléatoire.