Des querelles de frontières empoisonnent régulièrement les relations entre pays africains. On se rappelle l’expansionnisme somalien qui a été à l’origine du conflit connu sous le nom de guerre de l’Ogaden, entre la Somalie et l’Ethiopie en 1977-1978.
Mogadiscio estimait depuis des décennies qu’il fallait modifier les frontières coloniales du nouvel État, et s’appuyait toujours sur le précédent du Jubaland et du port de Kismayo qui, en 1925, avaient été séparés du Kenya et incorporés à la Somalie, alors colonie italienne, dans le cadre du traité de juillet 1924 signé sous la houlette de la Grande-Bretagne.
En 1977, la Somalie décida de s’emparer successivement des villes éthiopiennes de Jijiga, Harrar et Combolcha. L’Éthiopie défendit son territoire. Le Provisional Military Administrative Council (PMAC) lança un ordre de mobilisation générale et créa le National Revolutionary Operation Command, le 28 août 1977, qui fut placé sous les ordres du colonel Mengistu Hailé Mariam. Au terme d’une contre-offensive sévère, une mobilisation générale avait permis à l’Ethiopie de récupérer l’espace conquis alors que, face à un ennemi organisé, la situation militaire n’était pas brillante pour Addis-Abeba n’était pas donné gagnant. L’ancien président ougandais, Idi Amin Dada, afficha très tôt des prétentions sur un territoire frontalier tanzanien. Son armée envahit le pays de Julius Kambarege Nyerere, en novembre 1978. La Tanzanie déclencha une contre-offensive contre son belliqueux voisin qui fut renversé et contraint à l’exil en Arabie saoudite. Ni l’histoire commune qui passe par des contacts avec les puissances arabes, l’empire britannique et enfin l’adhésion commune à la Communauté des États de l’Afrique de l’Est ne pouvaient empêcher la Tanzanie de défendre ses frontières. La bande d’Aozou, dans le Nord du Tchad, a été le théâtre d’affrontements violents lorsque l’armée de la Jamahiriya arabe libyenne du colonel Mouammar Kadhafi franchit la frontière pour envahir ce territoire stratégique (riche en pétrole et en uranium) dans les années 1980, à l’époque où Hissène Habré gouvernait le Tchad.
La Libye et le Tchad ont dû croiser rudement le fer dans un conflit militaire qui a impliqué le Zaïre de Mobutu, avec un soutien logistique des États-Unis. Ils se sont militairement disputé la bande d’Aozou (au Nord du Tchad et au Sud de la Libye).
L’argument jamais vérifié de vente de la Bande d’Aozou à la Libye par le défunt président Ngarta Tombalbaye, distillé dans certains milieux nordistes, n’a pas pesé. Le Tchad, fort du sentiment patriotique d’un peuple envahi se retrouva victorieux et recouvra sa souveraineté sur la Bande d’Aozou.
De 1998 à 2000, d’abord, et tout récemment, ensuite, un conflit frontalier sanglant a opposé l’Éthiopie et l’Érythrée, prouvant, s’il en était besoin, que même des voisins pauvres ne s’encombrent pas de précautions pour engager un embrasement meurtrier, quelles que soient les conséquences humaines et économiques si l’intégrité du territoire est entamée par l’action de l’un d’eux.Depuis plusieurs années déjà, l’Union européenne et la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (CÉDÉAO) ont peiné pour mettre fin à un conflit frontalier entre le Sénégal et la Gambie. Conflit entre pauvres encore une fois, mais les protagonistes tenaient à défendre leurs terres. De fréquentes et désolantes scènes de fermeture des frontières s’observent malgré la volonté affichée de régler le litige à l’amiable.
Un conflit frontalier a opposé le Botswana et la Namibie depuis les années 1990, sur la territorialité d’un îlot de trois kilomètres situé à la frontière sur le fleuve Chobe qui constitue une frontière naturelle entre les deux pays. À la suite de l’échec de la médiation régionale, les protagonistes ont porté leur conflit à la compétence de la Cour internationale de justice (CIJ) à La Haye, en 1997.Pas loin de chez nous, à la lisière nord de l’Afrique centrale, le Nigeria et le Cameroun s’opposaient depuis la fin des années 1990, à propos de la souveraineté sur la péninsule de Bakassi, d’où l’armée nigériane avait expulsé les forces de police de son voisin pour littéralement occuper ce territoire. Ce litige a été soumis à la CIJ qui a finalement rendu un arrêt le 22 octobre 2002, en faveur du Cameroun.