RDC: reprise des bombardements sur les positions du M23

PHIL MOORE  [AFP]
PHIL MOORE [AFP]
GOMA,  Après une accalmie d’une demi-journée, l’armée congolaise a repris mercredi en fin de matinée ses bombardements sur les positions tenues par le mouvement rebelle M23 au nord de la ville de Goma, dans l’Est de la République démocratique du Congo (RDC).

“Nous avons commencé à pilonner les positions ennemies à Kibati”, a déclaré par téléphone à l’AFP un major basé sur la ligne de front. Une habitante a confirmé que des bombardements avaient repris. “Je rentre chez moi”, a-t-elle dit.

“Il y a une reprise des bombardements de la part du gouvernement”, a confirmé Bertrand Bisimwa, président politique du M23. Les Forces armées de la RDC (FARDC) “bombardent au niveau de nos positions à Kibati et Kanyarucinya”, a-t-il affirmé à l’AFP. Ces localités voisines sont situées à une quinzaine de kilomètres au nord de Goma, la capitale de l’instable province minière du Nord-Kivu.

“Si on réagit, on risque de faire des dégâts” car les positions ciblées sont proches de “camps de déplacés” ainsi que d’une base de la Mission de l’ONU pour la stabilisation de la RDC (Monusco), a dit Bertrand Bisimwa.

“Si nous tirons, nous risquons d’inviter la Monusco dans la guerre. Je crois que c’est le piège que veulent nous tendre les FARDC et la Monusco”, a-t-il ajouté avant d’insister sur le souhait du Mouvement du 23 mars (M23) de poursuivre les pourparlers de paix en cours à Kampala.

Selon des informations non confirmées de sources militaires occidentales, le mouvement rebelle aurait adopté une attitude passive en raison de difficultés d’approvisionnement en munitions.

Mardi, le porte-parole des FARDC, le colonel Olivier Hamuli, avait affirmé que le but de l’armée était “d’anéantir” le mouvement rebelle qui aurait, selon des sources officielles, subi de lourdes pertes. Le M23 n’a pas confirmé ces pertes.

Un major, chef d’un des bataillons de commandos des FARDC, a dit au téléphone à l’AFP que des renforts étaient en train d’arriver de l’Ouest pour poursuivre les rebelles.

Mardi, deux hélicoptères de l’armée congolaise sont intervenus contre les positions rebelles en tirant des roquettes alors que des chars pilonnaient les mêmes positions, a-t-on appris auprès de témoins. Ces appareils, basés à Bukavu, capitale de la province du Sud-Kivu, ont fait deux rotations en début d’après-midi, selon une source occidentale.

 

Pas d’intervention des Nations unies

 

Les forces des Nations unies, importantes dans l’Est de la RDC, ne sont jamais intervenues depuis le début des combats même si elles entretiennent un groupe de liaison auprès des FARDC.

Dimanche soir à New York, le porte-parole de l’ONU a prévenu qu’un mouvement du M23 en direction de la ville de Goma serait considéré comme une “menace directe” contre la population.

Le premier mandat de la Monusco est la protection des populations. Un second a été attribué à une brigade d’intervention afin de neutraliser et désarmer les groupes armés. Cette brigade n’est pas encore opérationnelle, seuls les deux tiers des soldats qui la composent étant arrivés.

Les affrontements en cours sont les plus sérieux depuis neuf mois.

A la mi-novembre, le M23 avait mis en déroute l’armée, pourtant appuyée par les Nations unies, et occupé Goma pendant une dizaine de jours, avant d’entamer de laborieux pourparlers à Kampala avec le gouvernement.

Au lendemain des premiers combats, lundi, le porte-parole du gouvernement avait donné un bilan de 120 rebelles et 10 soldats tués. Aucun autre chiffre n’a été publié depuis, et aucune confirmation n’a pu être obtenue auprès du M23 ni de sources indépendantes.

Le M23 est constitué d’anciens militaires congolais qui se sont mutinés et ont trouvé, selon la RDC et les Nations unies, un appui – en hommes et en munitions – auprès des gouvernements ougandais et rwandais. Mais ces deux pays voisins nient toute assistance au mouvement rebelle.