KINSHASA, (AFP) – Un Casque bleu a été tué et trois autres ont été blessés mercredi dans l’est de la République démocratique du Congo, où des hélicoptères et l’artillerie de la force de l’ONU en RDC ont pilonné des positions des rebelles du M23 en soutien aux forces de Kinshasa.
“L’opération (menée par la Monusco au nord de Goma) est toujours en cours et nous venons d’apprendre qu’un Casque bleu a été tué et trois autres blessés”, a indiqué un porte-parole de l’ONU à New York, Farhan Haq. En début de soirée quatre obus sont tombés sur la ville faisant, selon un témoin, un mort et une quinzaine de blessés.
A Kinshasa, la Monusco a condamné dans un communiqué le meurtre du Casque bleu et a indiqué qu’il était de nationalité tanzanienne. “Je suis choqué par le meurtre, ce jour, par le M23 (Mouvement du 23 mars), de ce soldat de la paix tanzanien”, a déclaré le chef de la Monusco, Martin Kobler, cité dans le communiqué. Selon lui “il a sacrifié sa vie pour protéger la population civile de Goma”.
Le Casque bleu a été tué lorsque le M23 a tiré sur une position des Nations unies près des hauteurs de Kibati, au nord de Goma, a indiqué la Monusco. Il appartenait à la brigade d’intervention créé récemment par les Nations unies et auquel participe la Tanzanie avec un millier d’hommes.
La Force de la Monusco était engagée dans une action en soutien aux Forces armées de la RDC pour déloger le M23 des hauteurs à partir desquelles il pilonnait Goma, précise le communiqué.
La Monusco avait annoncé plus tôt dans la journée à Kinshasa que ses hélicoptères de combat et son artillerie avaient ouvert le feu aux côtés des FARDC contre des positions des rebelles au nord de la capitale de la province du Nord-Kivu.
Selon un communiqué de la Monusco, ses hélicoptères se sont “engagés” sur les collines de Kibati alors que “l’artillerie de la Brigade d’intervention (de la Monusco) et celle des FARDC entraient en action contre les positions du M23”.
Ces bombardements ont visé une zone située à une quinzaine de km au nord de Goma, où les affrontements intermittents entre l’armée régulière congolaise et le mouvement rebelle formé en mai dernier ont repris il y a une semaine.
Le M23 “utilisait ces positions pour bombarder des zones peuplées”, a souligné M. Haq à New York.
Les tirs s’étaient calmés au cours des deux derniers jours mais ils ont repris mercredi matin.
Selon le porte-parole de l’ONU à New York, les FARDC ont engagé des hélicoptères de combat, des chars d’assaut et des troupes au sol tandis que les forces de la Monusco, “y compris la Brigade d’intervention”, utilisaient leurs hélicoptères et leur artillerie.
La Monusco s’est dotée d’une brigade d’intervention qui devrait compter 3.000 hommes à effectifs pleins mais n’est pas encore totalement opérationnelle. Ils doivent renforcer la Monusco et ses 17.000 hommes souvent accusés d’inefficacité.
Les Casques bleus sont déjà intervenus aux côtés des forces congolaises jeudi dernier, après que des obus étaient tombés sur les faubourgs de Goma et près d’une base des Nations unies, puis ce week-end après de nouveaux bombardements qui ont fait au moins deux morts dans la population.
Selon un major des FARDC sur la ligne de front interrogé au téléphone par l’AFP, les pilonnages ont été “très violents” avant de se calmer mercredi en fin d’après-midi.
Ils pourraient présager une offensive terrestre afin de faire reculer le M23 et mettre Goma hors de portée de son artillerie, a expliqué à l’AFP une source militaire occidentale.
Le M23, lui, a dénoncé, dans un communiqué, une “offensive de grande envergure” sur toutes ses positions, en particulier au nord de Goma par “plusieurs brigades d’infanterie FARDC et FDLR appuyées par des dizaines des chars et d’hélicoptères de combat, y compris les troupes de la Brigade d’Intervention”.
Le mouvement “constate que le choix de la violence fait par le gouvernement de Kinshasa pour le règlement de la crise est une mesure de rupture des négociations de Kampala” ouvertes sous l’égide de l’Ouganda après la brève prise de Goma par les rebelles en novembre.
Pas de solution militaire selon l’ONU
A Kinshasa, le chef de la Monusco Martin Kobler a expliqué qu’elle “combattait” aux côtés de l’armée régulière contre les groupes armés “qui ont ciblé la ville” et qu’il s’agissait “d’éliminer les menaces qui viennent des collines”.
La mort de civils tués par des obus près de Goma le weekend dernier avait entraîné des manifestations contre la Monusco, dont le mandat est de protéger la population.
Deux manifestants ont été tués et les Casques bleus uruguayens avaient été accusés par des témoins d’avoir tiré sur la foule, mais l’Uruguay a démenti, accusant la police congolaise.
“L’action militaire n’est pas une solution magique”, a toutefois averti M. Kobler, appelant à la poursuite des discussions de Kampala, actuellement en panne.
Le M23 est constitué d’anciens militaires congolais rwandophones qui se sont mutinés et ont trouvé, selon la RDC et les Nations unies, un appui – en hommes et en munitions – auprès des gouvernements ougandais et rwandais. Mais ces deux pays limitrophes nient toute assistance au mouvement rebelle.