oseph Stiglitz et Paul Krugman, deux prix Nobel d’économie, se sont exprimés dans les médias pour appeler les Grecs à voter «non» lors du référendum qui s’est tenu dimanche 5 juillet.
C’est un soutien de poids que viennent d’apporter les économistes Joseph Stiglitz et Paul Krugman au gouvernement d’Alexis Tsipras. Alors que les grecs se préparent à répondre «oui» ou «non» aux nouvelles mesures d’austérité que souhaite imposer à la Grèce en échange du déblocage d’un nouveau plan de sauvetage le trio formé par la Commission européenne, le FMI et la BCE (Troïka) .
Dans une interview au magazine Time, Joe Stiglitz, ancien chef économiste de la Banque mondiale et prix Nobel d’économie en 2001 affirme n’avoir jamais vu une «dépression aussi délibérément imposée» à la Grèce par l’Europe, ajoutant qu’il «s’agit plus de pouvoir que d’économie». Stiglitz va plus loin et considère que la troïka a une «responsabilité criminelle dans le chaos» actuel, rappelant que «60 % des jeunes Grecs sont au chômage». Une diatribe sévère à l’encontre des créanciers de la Grèce, le FMI et les pays européens. Joseph Stiglitz propose à la troïka d’effacer purement et simplement la dette grecque, estimée à 300 milliards d’euros, et de verser à la Grèce des fonds afin de lui permettre de relancer son économie.
De son côté Paul Krugman a lui aussi appelé les Grecs à voter «non» lors du référendum, dans sa tribune dans le New York Times. Le prix Nobel d’économie en 2008 souligne que «l’économie grecque s’est effondrée principalement à cause des mesures d’austérité imposées à la Grèce». L’économiste juge qu’accroître l’austérité ne ferait que conduire à une impasse le pays qui «n’a jamais été aussi affaibli» et estime que «le gouvernement grec devrait être préparé à sortir de l’euro si nécessaire». Paul Krugman se prononce néanmoins contre un «Grexit», qui selon lui, engendrerait une panique bancaire dévastatrice.
D’autres prix Nobel s’expriment sur le sujet
Jean Tirole, prix Nobel d’économie en 2014, a de son côté mis en exergue l’échec patent de la stratégie européenne ces dernières années, dans une tribune publiée dans le journal Le Monde. «Jusqu’à 2009, des taux d’emprunt très bas générés par la perspective d’une garantie européenne des dettes ont probablement incité la périphérie à s’engager sur des trajectoires d’endettement d’autant moins soutenables que certains pays supervisaient leurs banques de façon laxiste», écrit-il, ajoutant peu après que la gouvernance européenne issue du traité de Maastricht a «enfreint la souveraineté des États membres par la surveillance des dettes et des déficits publics.»
Également prix Nobel d’économie, Christopher Pissarides, le lauréat de 2010, a lui aussi pris la parole lors d’une interview donnée à la Deutsche Welle. Il s’y déclare déçu par le gouvernement d’Alexis Tsipras et se prononce fermement contre une sortie de la Grèce de la zone euro. «Si je regarde la façon dont s’est déployée la politique économique grecque depuis l’élection de Syriza en janvier, ce que je vois c’est une longue suite d’erreurs économiques.» Il fustige entre autres les politiques d’austérité arguant que «les Grecs auraient dû négocier certaines mesures (…) d’austérité.» Le chyprio-britannique appelle toutefois les Grecs à voter «oui» au référendum de dimanche: «Je voterai oui car la victoire du non serait une impasse qui mènerait à terme à une sortie de la Grèce de la zone euro». Pour l’économiste, une sortie de la Grèce de la zone euro doit être évitée à tout prix. Il estime que la dette grecque ne pourra de toute façon par être remboursée et qu’une restructuration est, à terme, la seule solution possible pour éclaircir l’avenir de la Grèce, et de l’Europe.