L’algérien succède à Mary Robinson dans une région très fragile. Son expérience d’un diplomate de longue carrière sera nécessaire pour relever des multiples défis qui l’attendent.
Les congolais devront désormais s’habituer au nom de celui qui, certainement, sera régulièrement au pays dans le cadre de ses nouvelles fonctions. Il s’appelle Said Djinnit, le nouvel Envoyé spécial du Secrétaire général des Nations unies dans la région des Grands Lacs. A ce poste, cet algérien succède à Mary Robinson. Nommée en mars 2013, l’ancienne présidente irlandaise laisse sa place et va s’occuper désormais des questions liées au changement climatique. A 60 ans, Said Djinnit a également un carnet d’adresse international bien fourni. Il traine derrière lui une longue expérience diplomatique, acquise aussi bien à l’Union africaine qu’aux Nations unies. Celui qui passe pour l’un des hommes de confiance de Ban Ki-moon a assumé depuis 2008, les fonctions de Représentant spécial du Secrétaire général et chef du Bureau des Nations unies pour l’Afrique de l’Ouest (UNOWA). Bien avant, il a été, entre autres, le premier Commissaire à la paix et à la sécurité de l’Union africaine (UA), après avoir exercé différentes fonctions au sein de l’ l’Organisation de l’Unité africaine (OUA), y compris le poste de Sous-secrétaire général aux affaires politiques. Il a aussi assuré les fonctions de haut représentant du Secrétaire général au Nigeria, en appui aux efforts menés contre l’organisation terroriste, Boko Haram.
Sa première mission sera de jouer un rôle clé dans l’appui de la mise en œuvre de l’Accord-cadre d’Addis-Abeba par les Etats signataires.
Durant sa carrière, il s’est illustré notamment pour son implication dans la résolution de la crise en Guinée ou encore dans le règlement du conflit frontalier entre le Cameroun et le Nigeria. Cette expérience diplomatique devra être mise désormais au profit des Grands Lacs, une région constamment instable et fragilisée par des crises sécuritaires et politiques multiformes ces dernières décennies. Il vient donc de prendre le relai de la lourde mission qui est assurée jusqu’ici, par l’ancienne présidente d’Irlande, Mary Robinson. sa prédécesseur. Sa première ligne de front est dors et déjà connue : jouer le rôle clé dans l’appui de la mise en œuvre de l’Accord-cadre pour la paix, la sécurité et la coopération en RDC et dans la région des Grands Lacs. Signé le 24 février 2013 à Addis-Abeba, dans la capitale éthiopienne, ce document constitue un outil de référence qui engage tous les Etats de la région à participer au retour durable à la paix et ainsi favoriser le développement de la région à travers notamment une coopération permanente. Said Djinnit sera également appelé à gérer des évènements importants à venir dans la région, notamment les élections qui s’annoncent dans la plupart des pays. La particularité de ces élections en RDC et au Rwanda est que leurs présidents actuels, respectivement Joseph Kabila et Paul Kagame, seront à la fin des leurs seconds mandats. Son grand défi sera donc de prévenir des conflits en travaillant pour que ces chefs d’Etat respectent les dispositions constitutionnelles de leurs pays respectifs. Dispositions qui les empêchent de se représenter. La RDC, pays le plus touché par des conflits armés dont la plupart orchestrés par ses voisins de l’est, attend aussi beaucoup de cet émissaire de Ban Ki-moon. Said Djinnit sera également dans l’axe d’encouragement de la mise en œuvre des déclarations de Nairobi entre la rébellion du M23 et le gouvernement. Le désarmement total des rebelles des Forces démocratiques pour la libération du Rwanda (FDLR) sera aussi classé parmi les priorités de sa mission.