Le syndicat de cette société ne croit plus en la réforme. En dépit d’énormes investissements dans le secteur des NTIC, dont la fibre optique, l’entreprise reste dans un trou noir et ne sait pas se débarrasser de son personnel vieillissant.
Payer des indemnités de sortie aux agents de la Société congolaise des postes et télécommunications (SCPT), éligibles à la retraite, parait comme un défi insurmontable. Depuis 20 ans, indique Alidor Lebon, président du collectif des retraités, ces agents continuent à émarger sur les listes de paie de l’entreprise, faute de percevoir leurs décomptes finals. Un dixième de salaire mensuel, soit 6.500 francs, leur est octroyé irrégulièrement, quelque soit le grade, la fonction ou l’ancienneté. Cette vielle situation plombe davantage le décollage de la société. Le Copirep et la Banque mondiale, à la base de ces décisions d’apurement des dettes, sont mis à rude épreuve dans une entreprise qui regorge plus d’agents inactifs et improductifs. Placide Mbatika, administrateur directeur général, prône la patience, se justifiant par les difficultés financières auxquelles la société fait face. L’évolution de la technologie a fait que, depuis plusieurs années, la SCPT n’était plus adapté aux réalités du moment. L’arrivée de la fibre optique commence à réveiller l’élan d’une renaissance qui, comme le syndicat de cette société le souhaite, pourrait permettre à l’entreprise de se débarrasser de cette charge.
Dynamique de la fibre optique
Les effectifs de l’entreprise restent la charge la plus lourde.
Le gouvernement congolais a confié la gestion du réseau de câble à fibre optique à la SCPT. Ce support qui achemine les données numériques sous forme d’impulsions lumineuses modulées, vient de révolutionner le monde technologique et permet à la RDC de passer à la connexion à haut débit. Avec son coût de 12 millions de dollars, la station de Muanda a fait la jonction et l’implantation du câble jusqu’à Kinshasa. L’entreprise, en gérant la construction des réseaux nationaux de transmission à fibre optique (Backbone), des télécommunications et d’interconnexion au réseau mondial, peut se munir des béquilles pour se relever. La bonne gestion de ce réseau, ayant une capacité de plus de 10 gigabits, est une source financière capable de rénover une société dont les infrastructures bien qu’inadaptées, sont restées intactes sur le plan national. La SCPT, grâce aux autoroutes de l’information, accède déjà aux bénéfices en termes financiers, techniques et surtout d’accès à la connexion haut débit.
Sortir de l’auberge
Des problèmes social, financier et organisationnel ont suffisamment baissé les activités de la SCPT. Pour sortir de cet alourdissement, des changements majeurs sont à apporter au niveau de la réadaptation du cadre organique, en le débarrassant de redondance et du dysfonctionnement de ses directions ou services. Une structure de jonction devra ménager le marketing, les télécoms et les postes, de manière à mieux commercialiser le produit. Déjà, les cabines publiques n’existent plus, depuis de nombreuses années, malgré le maintien d’un personnel de direction. Les effectifs de l’entreprise restent la charge la plus lourde. En 2009, la SCPT comptait 1.773 agents dont plus de la moitié, soit 68%, œuvrent à Kinshasa. Avant l’exécution du plan social en 2003, les effectifs étaient de 4.203 agents, non compris les 500 agents fictifs émargeant sur les listes du personnel. Un contrôle administratif a permis à 2.209 agents actifs d’accepter l’opération de départ volontaire, 370 agents retraités et 470 autres décédés. Pour une entreprise NTIC, le niveau d’étude est globalement bas et exige une requalification des compétences. Curieusement, elle continue à recruter. Le passif de l’entreprise a un impact financier lourd mensuellement, évalué à plus de 170 millions de francs, soit près de 189.000 dollars. D’où, la nécessité d’une restructuration et d’un assainissement des finances au sein de l’entreprise. La mauvaise gestion de ces dossiers, après l’exécution du plan social, n’a pas permis à la SCPT de sortir de l’auberge. L’entreprise continue à prendre en charge 3.680 agents dont plus de la moitié des retraités et autres agents sont non qualifiés. Instaurer une gestion des ressources humaines, adaptée aux techniques modernes, paraît impérieux. Sur le plan national, la SCPT compte 365 bureaux des postes dont 96 perceptions, 202 sous-perceptions et 66 bureaux auxiliaires, plus un centre de tri et de transit qui fonctionne à l’aéroport international de N’djili. En dépit de cette infrastructure gigantesque, le pays est loin d’atteindre les objectifs de l’Union internationale des postes visant l’implantation d’un bureau de poste, pour une zone de 40 km2, soit une population de 6.000 habitants. Sur le terrain, les zones urbaines sont desservies par 53 bureaux seulement, soit un poste pour une distance de 56 km2, moyennant 61 .000 habitants. C’est un écart très décriant dans le milieu rural où l’on trouve un bureau de poste pour plus de 85.250 habitants. La plupart de ces bureaux sont dans un état de délabrement avancé.