Le Service des entreprises pétrolières (SEP) et la Société nationale des chemins de fer (SNCC) se rejettent la responsabilité dans la pénurie des produits pétroliers qui va crescendo dans l’espace Kasaï. Dans sa correspondance datée du 4 juillet adressée aux entreprises commerciales des produits pétroliers et coactionnaires de SEP, le Service rapporte notamment que les compagnies d’aviation desservant Mbuji-Mayi et Kananga éprouvent d’énormes difficultés pour se ravitailler en Jet A-1, carburant le plus utilisé par les aéronefs des compagnies d’aviation de la place.
SEP impute la responsabilité de la situation à la SNCC qui transporte, en effet, les produits pétroliers depuis Lubumbashi pour le Kasaï. La Société nationale des chemins de fer tient, en effet, à ce que le Service des entreprises pétrolières paie cash tous les frais de transport wagons citernes. SEP regrette que la SNCC ait adopté une attitude qui bloque tout compromis. Par ailleurs, la Société nationale des chemins de fer entretient le flou en cas de perte du carburant sous sa prise en charge.
Visiblement, c’est le dialogue des sourds entre les deux entreprises, chacune ayant campé sur ses positions. Le Service des entreprises pétrolières a finalement sollicité l’implication des responsables des entreprises coactionnaires dans l’espoir de fléchir la position de la Société nationale des chemins de fer. La Société nationale des hydrocarbures (SONAHYDROC), ex-Cohydro, dispose de 36 % des parts au sein de SEP et est le représentant de l’État qui est d’ailleurs son unique actionnaire. SEP voudrait donc pousser le gouvernement à intervenir directement, estiment des analystes. D’autant plus qu’une grave crise de carburant dans l’espace kasaïen réputé « bastion de l’opposition », aurait à coup sûr des incidences politiques en cette avant-période électorale.
Les autres entreprises concernées par l’affaire sont notamment Total DRC et Engen DRC qui se partagent le reste des parts de SEP, soit environ 64 %. Mais jamais l’entreprise qui est née des cendres de SOCOPETROLE – entreprise coloniale – n’a connu un Congolais comme numéro un. Le poste le plus élevé pour un national et de surcroît représentant de l’actionnaire majoritaire (SONAHYDROC/État) est celui de directeur général adjoint (DGA). Dans une note sur le SEP, datée du 10 octobre 2013, adressée à Augustin Matata Ponyo, alors 1Er Ministre, Louise Munga Mesozi, la ministre du Portefeuille, à l’époque, déplorait, dans un style épistolaire de plus rocailleux que « la partie privée invoque l’insuffisance des moyens financiers (…) explication que je considère comme un prétexte », et « exige un audit spécifique ». Affaire à suivre.