LE SUSPENSE a été levé après plusieurs jours d’attente anxieuse. Le secrétariat général du sommet France-Afrique 2020 et Digital Africa ont rendu publique, le vendredi 5 juin, la liste des lauréats du challenge de 1 000 entrepreneurs africains. Sur cette liste figurent 43 Congolais. La République démocratique du Congo occupe ainsi la 7è place sur le classement des pays ayant le plus grand nombre des lauréats. Les 1 000 entrepreneurs africains sélectionnés devraient prendre part au sommet France-Afrique 2020 afin de présenter leurs solutions innovantes pour la ville et les territoires durables au salon Cité des Solutions. Ils bénéficieront d’un programme d’accompagnement pour accès aux financements, formations, mises en réseaux ainsi qu’une visibilité pour leurs projets.
Organisé conjointement par le secrétariat du sommet France-Afrique 2020 et Digital Africa d’octobre 2019 à février 2020, le challenge a mis en compétition les entrepreneurs des pays africains, porteurs d’un produit ou d’une solution viable, innovant et duplicable à moindre coût à même de rendre les villes françaises et africaines plus durables sur les plans environnemental et social. Déjà lauréat 2019 (parmi les 102 jeunes entrepreneurs congolais sélectionnés pour bénéficier de la cagnotte de 5 000 dollars) de la Fondation Tony Elumelu, Serge Mbay Kabway compte parmi les 43 entrepreneurs congolais de ce challenge.
Serge Mbay est convaincu que l’avenir de l’Afrique, c’est maintenant, car, à ses yeux, le processus de redressement de l’Afrique est déjà déclenché. Il voit plein de jeunes africains déterminés qui croient à d’autres possibles en Afrique. D’après lui, rien ne pourrait les arrêter : « Les innovations fascinantes s’érigent en un tsunami emportant au passage les montagnes de pauvreté, les décennies de retard technologique, les sombres nuages d’ignorance, les barrières et les clivages divers… » Bref, l’heure est venue où il faut opérer un lift qui consiste à passer du renforcement des capacités des jeunes entrepreneurs africains au financement de leurs investissements. Vu sous cet angle, la RDC se doit intérioriser le libre-échange commercial et en être très conséquent. Autrement dit, le pays se doit d’améliorer davantage le climat des affaires (normalisation, métrologie, certification, accès au financement, protection légale des entrepreneurs locaux, renforcement des capacités face à la compétitivité, sécurité des biens et des personnes, etc.), d’abord pour les investisseurs nationaux, avant de penser ensuite aux étrangers qui sont les bienvenus. Il appartient donc aux Congolais de bâtir le futur qu’ils souhaitent.
Le projet agricole BYB
La coopérative agricole Bilanga Ya Betu (BYB), dont il est le promoteur, attire particulièrement l’attention des jurys. « C’est une vraie dynamique de mise en valeur de l’immense potentialité agricole de notre pays », souligne Serge Mbay. « La vision de la coopérative agricole est de porter la RDC à son rang de grenier agricole et alimentaire mondial. Sa mission est de promouvoir la production, la transformation et la consommation agricoles locales », poursuit-il. BYB est un projet agricole communautaire, une coopérative agricole née en 2017, en RDC de l’initiative des professionnels divers, des citadins et des Congolais de l’étranger, passionnés d’agriculture et visant la promotion de la production, de la transformation et de la consommation agricoles (agroalimentaire et agropastorale) locales.
En étroite collaboration avec des associations rurales, ces personnes se sont engagées à « créer une dynamique qui valoriserait réellement le travail des paysans et des petits producteurs locaux en leur créant des débouchés pour ce qui est de l’écoulement de leur production. BYB sert aujourd’hui de plate-forme au sein de laquelle les Congolais peuvent s’associer pour produire et transformer avec leurs ressources, consommer la production agroalimentaire issue de leur propre travail ou de celui de leurs partenaires locaux. C’est de la solidarité agricole que prône BYB.
« En RDC, les coopératives agricoles réfèrent aux associations paysannes ou rurales défendant leurs intérêts. Le sens d’une coopérative urbano-rurale consiste à mobiliser massivement les citadins, indépendamment de leurs carrières professionnelles, à s’impliquer sans réserve dans le travail de la terre jusqu’ici entièrement réservé aux paysans et perçu comme activité de basse classe », fait remarquer Serge Mbay. Développer « l’esprit de l’hectare cultivable » (1 ha de terre arable pour 1 habitant), c’est la préoccupation majeure de BYB. C’est intégrer l’initiation agricole (théorique et pratique) dans le programme d’enseignement national (de la maternelle à l’université), promouvoir l’apprentissage agricole par le tourisme agro-écologique, l’engagement et l’implication de tous dans le développement agricole. Pour que la RDC joue pleinement son rôle de grenier alimentaire appelé à nourrir plus de 2 milliards de personnes, selon la FAO, Serge Mbay pense qu’il faut avant tout une « bonne politique agricole nationale » : claire, qui tienne compte des potentialités et de multiples enjeux nationaux comme internationaux, et facile à vulgariser.