Le dernier rapport du Centre Carter sur les mines en République démocratique du Congo, rendu public mi-janvier 2015, ramène plutôt à zéro les milliards annoncés de la Sino-Congolaise des mines.
« Il a été quasiment impossible d’accéder aux états financiers des sociétés minières en RDC », lit-on dans le rapport. Qui naturellement donne un 0 sur 10 à SICOMINES sur la fiabilité de ses états financiers. La Sino-congolaise des mines est toujours à l’étape de la constitution. Mais que des zones d’ombre, relève le rapport du Centre Carter. « Les statuts des sociétés doivent être publiés dans le Journal Officiel et être accessibles auprès du Tribunal de Commerce (ou, en son absence, au Tribunal de Grande instance).
En théorie, il ne s’agit donc pas de documents confidentiels. Kamoto copper company (KCC) par exemple, avait déposé son dossier au Tribunal local de Kolwezi, mais le dossier de SICOMINES ne s’y trouve pas ». L’État n’a pas encore rendu publics des données relatives à l’annexe c à la convention de joint-venture à savoir le modèle économique (financial conclusion, primary conclusion et economic model parameter) ainsi que le contrat d’amodiation du permis d’exploitation 8841. SICOMINES n’a pas non plus fourni d’informations sur ses réalisations sociales. Pour ce qui est du nombre de travailleurs nationaux et étrangers œuvrant à la Sino-Congolaise des mines, la joint-venture renvoie à l’Office national de l’emploi (ONEM). Mais, là aussi aucune information n’est disponible sur les politiques en matière d’emploi ou sur le barème salarial.
Le contrat chinois a été conclu en septembre 2007 à Pékin, SICOMINES doit produire 6,5 millions de tonnes de cuivre raffiné, 200 000 tonnes de cobalt et 372 tonnes d’or. Selon les termes initiaux du contrat convenu entre la partie chinoise, Synohydro, CREC et EXIM BANK qui s’est retirée depuis, le chiffre d’affaires à dégager pourrait être de l’ordre de 55 milliards de dollars échelonnés sur une période de 20 ans. Il faut soustraire de cette somme une vingtaine de milliards de dollars devant être absorbés par les coûts de production. Chinois et Congolais auront donc à se partager un bénéfice escompté de 35 milliards de dollars sur base de 68% pour les Chinois et 32% pour l’État congolais et un particulier.
Selon l’expert comptable Frédéric Kabasele, membre de l’Institut des réviseurs comptables de la RDC, les actionnaires se partageront en réalité un profit de 24,1 milliards de dollars à raison de 16,4 milliards pour les firmes chinoises et 7,7 pour la RDC.