SONAS : pourquoi le cinquantenaire n’a pas été fêté ?

Le siège de la Société nationale d’assurances sur le boulevard du 30 Juin à Kinshasa a fait peau neuve. Le bâtiment a été remis à neuf… dans la perspective de son jubilé d’or. Signe que l’événement a été voulu grandiose. Et depuis, plus rien !

Siège de la Sonas à Kinshasa. Radio Okapi/Ph. John Bompengo

Le panache n’échappe pas à l’œil de tout passant. La Société nationale d’assurances (SONAS) s’est parée de nouveaux habits pour ses 50 ans d’existence. Mais la fête n’a pas eu lieu, sans doute en raison des circonstances politiques dans le pays, à savoir les négociations politiques de la Cité de l’union africaine pour un après-19 décembre apaisé, mais aussi du climat social délétère au sein de l’entreprise. Il n’empêche, Carole Agito Amela est entrée dans l’histoire comme l’administrateur-délégué qui aurait… dû organiser les festivités du cinquantenaire ou le jubilé d’or de la SONAS.

Créée le 23 novembre 1966 par l’ordonnance-loi n°66/0622 bis, avec la mission première d’unifier les activités d’assurances exercées jadis par les compagnies privées étrangères, la SONAS compte aujourd’hui parmi les entreprises publiques jugées encore performantes.

Grâce au management de son administrateur-délégué actuel, la SONAS constitue, depuis 2009, l’une des meilleures entreprises du portefeuille de l’État selon des analystes économiques. Elle avait été doublement primée lors de la 6è édition du Trophée de l’excellence Mwana Mboka. Les revenus annuels de la société classent la RDC au 7e rang des revenus des assurances par pays francophones subsahariens. Mais les efforts du comité de gestion sont ternis par le non paiement des clients. Pour mener à bien sa tâche, la SONAS a étendu ses activités sur l’ensemble du territoire national afin de faire face aux multiples sollicitations et de rapprocher les assurés de l’assureur en matière d’indemnisation des sinistres.

Pour rappel, la création de la SONAS avait mis fin au libéralisme économique dans ce secteur d’activités économiques au Congo, en confiant à la nouvelle société le monopole de couvrir l’ensemble du marché national d’assurances. De ce fait, les anciennes compagnies d’assurances s’étaient recyclées en agents généraux ou courtiers d’assurances agréés par la SONAS, et œuvraient pour son compte moyennant paiement d’une commission de courtage calculée sur le nombre d’affaires réalisées. Le système mis en place le 1er janvier 1967 transforma la structure économique libérale extravertie en une structure intégrée et autocentrée dans laquelle la plus-value reste au pays et est utilisée pour les investissements locaux.

C’est vers les années 1928 que les compagnies d’assurances commencèrent à s’installer au Congo belge. Elles étaient représentées par les agents généraux ou des courtiers tels que le Crédit foncier africain, Helvetta, IMMOAF (Immobilier africain), IMMOCONGO, Charles Lejeune. Par ailleurs, les compagnies britanniques d’assurances avaient couvert 80 % de l’ensemble du marché congolais des assurances. Conformément à l’ordonnance loi n°78/002 du 6 janvier 1978 fixant l’organisation et fonctionnement des entreprises publiques en RDC, la SONAS est régie par trois organes : le conseil d’administration, dirigé par le président nommé et révoqué par décret présidentiel. Tous les membres du comité de gestion font partie du conseil d’administration, sauf le chef du personnel.

Le comité de gestion est l’organe chargé de l’exécution des décisions prises par le conseil d’administration. Les membres du comité de gestion sont nommés et révoqués, le cas échéant, par décret présidentiel. Il s’agit de l’administrateur- délégué général (A-DG), l’administrateur-délégué général adjoint (A-DGA), l’administrateur directeur technique (ADT) et de l’administrateur directeur financier (ADF). Aux termes de l’ordonnance-loi n° 78/194 du 5 mai 1978, la SONAS est placée sous la tutelle des ministères du Portefeuille (administrative) et des Finances (technique). Ses missions sont de renforcer la souveraineté sur le plan socio-économique, d’étendre à l’échelle de la population le besoin de protection du patrimoine par les assurances, de sensibiliser la population aux systèmes d’épargne au moyen des assurances, de procéder au plan national à l’accroissement de la capacité d’épargne par le canal des assurances, de créer à court et à long termes un générateur des revenus pour l’État et d’augmenter la capacité contributive du secteur des assurances au développement du pays.

Selon l’ordonnance-loi n° 68/029 du 20 janvier 1968, la SONAS a pour objet les opérations d’assurance, de réassurance et de coassurance, notamment l’assurance maritime et fluviale tant sur corps que sur facultés (marchandises), l’assurance contre les dommages pouvant causer ou atteindre les véhicules automobiles, l’assurance contre les risques d’incendie des immeubles et des biens corporels faisant portée d’un fonds de commerce, l’assurance sur la vie, l’assurance aérienne et l’assurance de la responsabilité civile des transporteurs par eau, par terre et par air.