LA semaine dernière, le décor était planté et le protocole respecté. Mardi 16 juin, d’abord à la primature, Sylvestre Ilunga Ilunkamba, le 1ER Ministre, a présidé la réunion hebdomadaire du comité de conjoncture économique du gouvernement à laquelle prennent habituellement part les ministres de Budget, Plan, Économie nationale, Commerce extérieur, Mines, Finances ; le gouverneur de la Banque centrale du Congo (BCC). Mais depuis la crise sanitaire due à la pandémie de Covid-19, participent également à cette réunion les administrateurs délégués de la Fédération des entreprises du Congo (FEC) et de l’Association nationale des entreprises publiques (ANEP).
Au cours de la réunion de la semaine dernière, les membres du comité de conjoncture économique ont passé en revue la situation économique dans le pays. À en croire Jean Baudouin Mayo Mambeke, le vice-1ER Ministre, ministre du Budget, sur la semaine, il s’est observé une contraction de 2,4 % de l’économie nationale. C’est la conséquence, a-t-il déclaré, des effets pervers liés à la pandémie de coronavirus. Pour ce faire, le gouvernement intensifie les efforts pour garder la situation sous contrôle. Et c’est non sans raison qu’il a été demandé à Deogratias Mutombo Mwana Nyembo, le gouverneur de la BCC, de réfléchir aux mesures qu’il faut pour arrêter l’hémorragie de la monnaie nationale.
La Banque centrale tente par tous les moyens de stabiliser la monnaie mais les indicateurs macroéconomiques ne sont pas rassurants pour le moment. Le Comité de politique monétaire (CPM) s’est réuni récemment pour faire le point de la situation. À l’issue de cette réunion, la Banque centrale a communiqué : le compte du Trésor public affichait un solde créditeur de 120,7 milliards de nos francs, soit 71 millions de dollars au taux bancaire de USD/CDF = 1 861 FC. Mais la situation sur le terrain montre que la parité USD/CDF flirte avec le pic de 2 000 FC dans les banques privées.
La revanche du sol
Les dépenses mensuelles de l’État ont été au-dessus des recettes collectées en mai et à mobiliser en juin. Le déficit est de 22.4 milliards de nos francs avant le financement, les recettes mobilisées se situent à seulement 484,8 milliards de FC pour 507,3 milliards de dépenses. Cependant, le CPM souligne que les ressources provenant des émissions des bons du Trésor et de l’appui budgétaire du Fonds monétaire international (FMI) ont permis, du reste, à l’État d’afficher un solde créditeur de 120,7 milliards de nos francs. Cet appui servira plus à soutenir la balance des paiements. Selon plusieurs projections, la RDC pourra connaître une inflation de 15 % avec une forte dépréciation de la monnaie nationale d’ici la fin de l’année.
Puis, le même mardi 16 juin, au siège du gouvernement à l’Immeuble Intelligent, Place Le Royal, le 1ER Ministre a réuni quelques membres du gouvernement, en l’occurrence les ministres de Budget, Plan, Infrastructures, Travaux publics et Reconstruction, Économie nationale, Portefeuille, Agriculture, Pêche et Élevage, Développement rural, Industrie ; le vice-ministre aux Finances ; et le gouverneur de la BCC.
À l’issue de cette rencontre, Jean Joseph Kasonga Mukuta, le ministre de l’Agriculture, a déclaré qu’il s’est agi de faire le point autour du chef du gouvernement sur le projet phare du gouvernement visant la redynamisation du secteur agricole. Comment encadrer la production des paysans, leur donner la possibilité de produire plus et ramener leur production sur les marchés de consommation intérieurs, tel a été la préoccupation majeure lors de cette réunion.
Selon le ministre de l’Agriculture, on retiendra utilement que dans un délai proche, le gouvernement va mobiliser 33 000 ha pour la culture de riz, maïs, manioc et haricots. En outre, 3 000 tonnes de riz, produits localement à Kimpese dans le Kongo-Central, seront bientôt disponibles sur le marché local. Quelque 800 ha de manioc ont été cultivés à Mongata. Par ailleurs, le maïs sera produit sur plusieurs sites retenus par le gouvernement.
Jean Joseph Kasonga Mukuta souligne que ce programme volontariste de sortie de crise consiste à une revanche du sol sur le sous-sol, c’est-à-dire réduire la dépendance économique aux ressources naturelles. Il va de soi que pour gagner ce pari, il faut bien entendu mobiliser beaucoup de moyens financiers et investir notamment dans l’outil de transformation.
Cette réunion s’est poursuivie, le mercredi 17 juin, au siège du gouvernement. Sylvestre Ilunga a cette fois-ci demandé aux membres du gouvernement et gouverneur de la Banque centrale qui avaient pris part à la réunion de la veille, et auxquels s’est joint le secrétaire général du gouvernement, d’analyser en profondeur le programme agricole d’intervention post-Covid-19, présenté par le ministre de l’Agriculture. Il est donc prévu des travaux d’experts pour cerner les contours de ce projet.
Le plan en lui-même
Le Plan national de relance agricole (PNRA) a pour objectif de relever les défis dans le secteur agricole, notamment la lutte contre l’insécurité alimentaire et la malnutrition, et la réduction de la pauvreté en milieu rural. Le PNRA a pour cible le ménage agricole à travers tout le pays.
Il s’agit de la valorisation des intrants agricoles et l’encadrement des ménages du secteur agricole au moyen d’une subvention pour une agriculture moderne. Le PNRA entend par ailleurs promouvoir les cultures vivrières, notamment le maïs, le riz, le manioc et les haricots, ainsi que les produits agricoles essentiellement consommés par les populations congolaises.
Le PNRA vise également à mettre à la disposition des ménages agricoles des intrants, des engins motorisés et accessoires dont environ 2 000 tracteurs. Le coût total du PNRA sur une période de trois ans est évalué à 4,4 milliards de dollars. Le PNRA prévoit aussi la redynamisation des programmes agricoles nationaux (60.9 millions de dollars hors PNRA).