Stopper la culture des palmiers à huile, c’est prendre beaucoup de risque

L’huile de palme est aujourd’hui un produit d’exportation très rentable. L’Indonésie et la Malaisie fournissent environ 85 % de la consommation mondiale. Mais sa production est cause de déforestation massive et surtout d’accaparement des terres par les multinationales. Selon le PNUE, 98 % des forêts pourraient disparaître d’ici à 2022.

LA DEMANDE en huile de palme a explosé depuis les années 1990. Elle est de plus en plus appréciée des industriels, de par son bas prix et ses plusieurs autres caractéristiques dont une bonne résistance à la chaleur et à l’oxydation et du fait que son arbre pousse vite et que son extraction est facile. Au-delà de son utilisation comme huile de table, l’huile de palme peut être utilisée dans de nombreux produits. Notamment comme intrant dans la fabrication de la margarine, de la pâte à tartiner chocolatée, les chips, dans les produits cosmétiques, les détergents et les biocarburants. À partir de l’amande de la noix, il peut être extrait de l’huile de palmiste, qui sert d’ingrédient pour des peintures et des produits cosmétiques. Plusieurs pays, dont l’Indonésie et la Malaisie, ont trouvé dans l’huile de palme un produit d’exportation très rentable. Ces deux pays asiatiques fournissent actuellement environ 85 % de la consommation mondiale d’huile de palme. Du point de vue environnemental, la production d’huile de palme est à l’origine d’une déforestation massive dans les régions tropicales qui regorgent pourtant de forêts les plus importantes du monde, et surtout de l’accaparement des terres par les multinationales et du déplacement des populations. L’Indonésie, l’un des grands producteurs mondial a déjà perdu plus de 72 % de ses forêts. 

Danger pour les forêts ?

À l’allure où vont la déforestation et l’accaparement des terres, le Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE) s’inquiète que 98 % des forêts pourraient disparaître d’ici à 2022. C’est donc un danger qui pèse sur les forêts tropicales et leurs habitants, animaux, végétaux ou humains. Plusieurs associations de protection de l’environnement mènent des campagnes, pour limiter la consommation de l’huile et propose son remplacement par notamment le beurre de karité, l’huile de coco, l’huile de tournesol, d’arachide, du colza, de tournesol et du soja. 

L’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) reconnaît le danger de la culture des palmiers à huile mais ne le condamne pas. D’après elle, chercher à stopper la culture des palmiers à huile, c’est prendre le risque que les entreprises se reportent sur d’autres cultures d’oléagineux pour obtenir la production d’huile. Or, ces cultures requièrent jusqu’à neuf fois plus de surfaces cultivées que l’huile de palme pour une production équivalente. Remplacer les palmiers à huile par d’autres plantes cultivées risquerait donc de provoquer une déforestation encore plus catastrophique. En Europe, une sortie de l’huile de palme dans les agro-carburants de première génération n’est proposée que pour 2030.

Selon des observateurs, les perspectives sont prometteuses pour l’huile de palme. En République démocratique du Congo, par exemple, le gouvernement, la société civile et le secteur privé ont validé un plan d’action de mise en œuvre des principes nationaux pour une production responsable et durable d’huile de palme. Ce plan est  assorti des modalités de son implémentation ainsi que  de son suivi. Ce plan a été élaboré lors d’un atelier national sur le développement durable de la filière huile de palme en RDC, à l’initiative du Fonds mondial pour la nature et du ministère de l’Agriculture dans le cadre de l’initiative pour l’huile de palme durable en Afrique à l’horizon 2020 de l’Alliance pour les forêts tropicales (TFA2020 APOI). Depuis 2014, la RDC importe environ 50 000 tonnes d’huile de palme par an. Accroître la production nationale d’huile de palme aura certainement un impact positif : création d’emplois, augmentation des recettes publiques, amélioration des infrastructures et augmentation du nombre de petits producteurs, soulignent les experts du ministère de l’Agriculture.