À la question de savoir si le constructeur automobile allemand « réfléchissait activement » à une délocalisation de sa production, Ian Robertson, son représentant en Grande-Bretagne a répondu lors d’une conférence de presse : « Non, ce n’est pas le cas ». Et d’ajouter : « Nous sommes engagés dans nos opérations au Royaume-Uni, notre main-d’œuvre est ici ».
Lundi 25 juin, Stephan Freismuth, chargé des douanes chez BMW, cité par le Financial Times, avait déclaré que le constructeur devrait fermer ses usines britanniques qui assemblent les modèles Mini et Rolls-Royce, si le Brexit entraînait de « graves perturbations dans la logistique ».Ian Robertson a dit que les propos de son collègue avaient été sortis de leur contexte et qu’il faisait référence aux perturbations dans la chaîne logistique entraînant des retards dans la production dans les usines.
Entretemps, l’action BMW a reculé de 1% à la Bourse de Francfort, contre un gain de 0,45% pour le Dax-30.« Nous avons toujours dit que nous pouvions faire de notre mieux et tout préparer mais si en fin de compte la logistique s’arrête à la frontière, alors nous ne pourrons pas produire au Royaume-Uni », a déclaré Stephan Freismuth.La mise en garde de BMW fait écho aux inquiétudes exprimées la semaine d’avant par le responsable des opérations britanniques de Siemens, qui a jugé que la Grande-Bretagne devait rester dans l’union douanière de l’Union européenne (UE), contrairement à ce que Londres envisage.
Stephan Freismuth a ajouté que BMW voulait conserver ses usines britanniques opérationnelles et travaillait sur des plans d’urgence, mais qu’en cas de perturbation dans les importations de composants ses coûts augmenteraient et cela affecterait son modèle de production « Just in time » (juste à temps). « Une interruption d’une journée coûte beaucoup d’argent et si le nombre des interruptions augmente, notre direction devra s’employer à trouver une solution », a-t-il fait valoir.Environ 90% des pièces utilisées dans les usines britanniques du constructeur allemand proviennent d’Europe continentale. Aucun commentaire n’a pu être obtenu dans l’immédiat auprès de BMW.
Airbus a également mis en garde sur les conséquences de la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne, déclarant qu’un Brexit sans accord sur le commerce futur l’obligerait à reconsidérer sa position à long terme dans le pays.Des membres du gouvernement britannique ont critiqué les propos du constructeur aéronautique, estimant que ceux-ci minaient la position de négociation de la 1ER Ministre Theresa May.
Manifestations de rue
À Londres, des dizaines de milliers de manifestants réclament un second référendum sur le Brexit. Ils étaient dans la rue par milliers samedi 23 juin pour demander un vote sur les conditions finales du retrait du Royaume-Uni de l’UE, actuellement négociées à Bruxelles entre les deux parties.
Deux ans jour pour jour après le référendum sur le Brexit, cette marche organisée par l’association The People’s Vote (Le vote du peuple) marque le début d’une campagne d’actions qui doit durer tout l’été pour exiger une nouvelle consultation populaire.« J’étais en larmes lors des résultats du référendum, ça laissait présager d’un avenir très sombre », a expliqué à l’AFP ChiaraLiduori, une Italienne installée à Londres, venue participer à la manifestation avec sa fille de 2 ans, et sa nièce de 14 ans. « C’est pour elles que je suis venue, elles vont grandir dans Europe différente, qui n’est pas celle que je connais, ni celle que je veux ».
Sous un ciel bleu, une foule compacte a traversé le quartier des ministères, ne manquant pas de huer en passant devant Downing Street, résidence de la 1ER Ministre conservatrice Theresa May. Sur les pancartes s’affichaient de nombreux slogans contre la sortie de l’Union européenne ou le gouvernement britannique, notamment « Le Brexit détruit le Royaume-Uni », « Theresa, dis-nous la vérité », ou encore « Le Brexit n’est pas une affaire conclue ». « Je suis vraiment favorable à ce qu’on laisse les gens s’exprimer une nouvelle fois, beaucoup ont changé d’avis, on comprend mieux les enjeux aujourd’hui », a confié Emily Hill, une infirmière de 55 ans, qui a fait deux heures de route depuis le comté de Gloucestershire (sud-ouest de l’Angleterre) pour participer à l’événement.
« De nombreux électeurs ont exprimé un vote de contestation » lors du premier référendum, en 2016, estime-t-elle, brandissant un drapeau européen. « Certains ne soutiennent pas l’Europe, mais je ne pense pas que cela représente la majorité de l’opinion dans le pays ».