Une décennie après sa timide apparition en RDC, le marché de la télédistribution est aujourd’hui marqué par la concurrence des fournisseurs français, chinois, libanais, coréens.
Le secteur de l’audiovisuel congolais est en plein essor. C’est la conséquence de l’avènement, au début des années 2000, des nouveaux fournisseurs de télédistribution. Le tout premier, Canal +, a été talonné par la sud-africaine DSTV, la chinoise Startimes Media. En 2015, Kinshasa accueille le fournisseur coréen, Strong Technologies, et le libanais Bleu Sat. La concurrence devient rude. Seuls les abonnés détiennent le dernier mot pour départager les challengers. C’est là qu’intervient la guerre des prix contre la guerre des technologies.
Autrefois élitiste, la télévision par câble tend à envahir les milieux urbains, voire ruraux. Pour bénéficier, par exemple, de la totalité de l’offre Canal + (à l’époque CanalSat), il fallait dépenser près de 250 dollars pour l’installation initiale, prix auquel s’ajoutaient 105 dollars d’abonnement mensuel pour accéder à toutes les chaînes.
Avec ou sans antenne parabolique
La concurrence aidant, de nouveaux opérateurs proposent des offres intéressantes. Généralement, ils tiennent compte du contexte économique du pays. C’est-à-dire le pouvoir d’achat d’un citoyen moyen. Ainsi, l’offre qui a le meilleur rapport qualité/prix a toutes les chances de l’emporter. Concrètement, le prix des équipements – antenne parabolique, boîtier récepteur – ne fait que baisser.
Actuellement, l’installation initiale coûte 54 000 francs (60 dollars) chez Canal +. À cette somme s’ajoutent les frais d’abonnement pour la réception des chaînes câblées. Ces frais varient entre 10 000 (11 dollars) et 90 000 francs (100 dollars) par mois, selon le type des programmes choisis. À l’opposé, un abonné DSTV doit prévoir 125 dollars pour une première installation et entre 54 et 145 dollars pour l’achat du bouquet. Startimes Media, lui, propose son décodeur à 5 000 francs (5,5 dollars) et ses bouquets à des prix variant entre 2 800 francs (3 dollars) et 23 000 (25 dollars). Bleu Sat, encore au stade des essais techniques vend son kit à 70 dollars. Pour Strong Technologies, les enchères des kits de réception débutent à 93 000 francs (100 dollars) ; ce prix peut aller croissant selon le type d’équipements recommandés par la marque du poste téléviseur. La réception des chaînes est gratuite. À l’exception de Startimes Media qui utilise uniquement le décodeur, tous ses concurrents fournissent leurs services à travers une antenne parabolique et un décodeur.
Faciliter le recouvrement des redevances dues à l’Etat
Le succès de DSTV s’explique par la présence en RDC d’un nombre relativement important de coopérants techniques expatriés. Témoignage de Hubert Mukanda, revendeur des services d’une entreprise de télédistribution : « Mes clients sont majoritairement anglophones, ils choisissent le bouquet DSTV qui leur propose une vaste palette des chaînes en anglais et quelques-unes seulement en français ». De même que la présence massive des Chinois en RDC justifie l’avènement de Startimes, dont le bouquet comporte près de deux cents chaînes de télévision en chinois, mais une vingtaine seulement en français.
Le fait que des grands opérateurs de la télédistribution investissent en RDC signifie qu’il existe un réel potentiel de développement du secteur. Cela promet des nouveaux emplois, notamment des producteurs d’émissions télévisées et des réalisateurs pour le marché de la publicité. Téléspectateurs et annonceurs deviennent ainsi des potentiels cibles à conquérir.
La présence de plusieurs sociétés offrant des chaînes câblées n’est pas une menace pour la télévision congolaise. Elle est à rapprocher de l’ultimatum gouvernemental lancé aux propriétaires des chaînes de radiotélévision privées leur intimant l’ordre de basculer sur la norme TNT (Télévision numérique terrestre) d’ici à la fin de 2015.
Cet exercice, outre qu’il oblige les chaînes de télévision congolaises à produire leurs propres programmes à diffuser via satellite, permettrait un contrôle étatique sur les contenus des programmes et, surtout, faciliterait le recouvrement aisé via les sociétés de télédistribution des redevances dues au trésor public par les propriétaires des télévisions privées. L’univers médiatique des réseaux de télédistribution n’est pas encore saturé. On s’attend à de nouveaux opérateurs dans un proche avenir.