Total est en guerre contre l’humanité

Total dit agir contre le dérèglement climatique, alors que l’entreprise continue de s’offrir un tour du monde des projets polluants et carbonés, et n’hésite pas à investir dans des régions aussi sensibles que l’Arctique.

Alors que sur tous les continents sévissent les impacts du dérèglement climatique et que ceux qui viennent sont à redouter, on lit dans les journaux « Pétrole : Total prêt ) repartir à l’offensive en 2017 ». Une déclaration de guerre contre l’humanité. Respecter l’Accord de Paris signifie geler le développement de nouveaux gisements de charbon, pétrole et de gaz. Brésil, Iran, Ouganda, Nigeria, Australie: un tour du monde des projets polluants et carbonés pour Total, qui n’hésite pas à investir dans des régions aussi sensibles que l’Arctique. Pourtant, on ne peut ignorer une équation aussi simple que celle-ci: maintenir le dérèglement climatique au plus près des 1,5°C, et respecter l’Accord de Paris signifie geler le développement de nouveaux gisements de charbon, pétrole et de gaz, et commencer à planifier la fin anticipée de l’exploitation des gisements existants.

Une chose est de dire, une chose est de faire

Ce sont les conclusions sans appel du rapport publié dernièrement par Oil Change International. La poursuite d’investissements massifs pour développer de nouveaux gisements de pétrole et de gaz dans les années à venir se chiffrera à terme en millions de vies. Mais Patrick Pouyanné annonce: « nous sommes maintenant prêts à relancer cette année de grands projets pour préparer le futur ». Un futur incompatible avec le nôtre. Avec l’Observatoire des multinationales, 350.org vient de publier un contre-rapport sur la « stratégie climat » de Total. Il est assez limpide. Il pointe du doigt que les énergies renouvelables, présentes dans toutes les nouvelles communications de Total, et l’efficacité énergétique, sont incroyablement marginales dans l’activité du groupe, particulièrement par rapport aux milliards d’euros investis dans l’exploitation de pétrole et de gaz.

Alors que nous entrons irrémédiablement dans l’ère des énergies renouvelables, les sommes consacrées à la recherche et au développement visent quasi exclusivement les agro-carburants ou encore la capture-séquestration du carbone et le gaz. En particulier le gaz de schiste, dont le PDG de Total assure le service après-vente à travers le monde… au nom de l’action contre le dérèglement climatique. Total utilise donc cette stratégie climat pour se positionner comme entreprise responsable. Comme on le dénonce dans ce rapport, l’exercice de communication n’est pas seulement destiné à rassurer les salariés, les investisseurs et autres parties prenantes externes, ainsi que les pouvoirs publics, mais également à évacuer le débat à peu de frais, pour continuer dans la même direction tout en faisant taire l’essentiel des critiques.

Les sommes consacrées à la recherche et au développement visent les agro-carburants ou encore la capture-séquestration du carbone et le gaz. Depuis trois ans en Europe, le mouvement Zéro Fossile appelle les universités, caisses de retraites, villes, églises, institutions culturelles, etc. à prendre position et à rompre leurs liens avec l’industrie fossile. Que ce soit en désinvestissant ou en rompant leur partenariat. Elles sont déjà 700 à travers le monde à avoir rejoint le mouvement. En février, le Musée du Louvre a été appelé à rompre son partenariat avec Total. Le Louvre doit refuser de tendre la main à Total, dont les choix industriels sont manifestement incompatibles avec notre futur.

Les universités ont également une responsabilité importante dans la lutte contre le dérèglement climatique. Si Total et l’industrie fossile sont en guerre contre l’humanité, l’appel est lancé de prendre position et exiger un futur sûr, juste et durable pour tous les occupants de cette planète.