Le gouvernement aura beau proclamer ses bonnes intentions, le rééquilibrage budgétaire n’est pas pour demain. Car il y a toujours plus de sorties que de rentrées.
Les opérations financières de l’État au mois de mai, après les derniers ajustements, se sont soldées par un déficit de 64,33 milliards de francs contre une programmation de 74,55 milliards, affirme le compte rendu de réunion de la troïka stratégique du gouvernement du 15 juin 2015. Explication officielle : cette situation est liée au déséquilibre entre les recettes totalisant 271,58 milliards (95% de réalisation), et les dépenses qui ont atteint 355,91 milliards (93% d’exécution).
De même, poursuit le communiqué du gouvernement, il se dégage un déficit, au 12 juin, de l’ordre de 83,24 milliards de francs, provenant des recettes plafonnées à 59,83 milliards et des dépenses se chiffrant à 143,07 milliards. En cumul annuel, le compte général du Trésor affiche des marges de trésorerie de 126,15 milliards de francs.
Les principaux indicateurs observés, note le gouvernement, confortent la consolidation du cadre macroéconomique. Personne n’ignore, à cet égard, la réaction des gouvernés : « cadre macroéconomique consolidé n’est pas synonyme de cadre macroéconomique inclusif », c’est-à-dire celui qui prendrait en compte leurs besoins vitaux.
Le déficit est là, tenace
Il n’empêche que le taux d’inflation hebdomadaire, aux dires du gouvernement, était à 0,013% (-0,002). En cumul annuel, ce taux a atteint 0,284%. Or, les projections du taux d’inflation en annualité se situent à 0,616% pour un objectif de 3,5%.
Le taux de change du franc congolais par rapport au dollar américain, à la date du 12 juin, a enregistré une appréciation de 0,13% sur le marché indicatif ainsi qu’une variation nulle au parallèle. Les taux étaient respectivement à 924,83 et 932,00 francs/dollar.
Quant aux réserves internationales, à la date du 10 juin, elles se chiffraient à 1 648,35 millions de dollars, soit une couverture de 6,80 semaines d’importations. Le taux directeur de la Banque centrale du Congo était, à la même date, à 2,0%, dégageant une marge de trésorerie de 1,35 point.
De déficit en déficit, le budget ne sort pas du cercle vicieux. Aussi les observateurs avaient-ils accueilli avec scepticisme les restrictions budgétaires que le Premier ministre a, en avril dernier, imposées aux autres membres de l’Exécutif. En effet, dans sa circulaire du 20 avril, MatataPonyo a instruit les ministres que « toutes les dépenses autres que celles liées aux rémunérations et fonctionnement doivent être soumises à son appréciation préalable ». Justification : le déficit des finances publiques étant chaque jour important, il revient au gouvernement d’ajuster ses dépenses et d’observer avec rigueur l’affectation et l’utilisation des ressources disponibles. Qui plus est, face aux impératifs de mise en place et d’installation de nouvelles provinces ainsi qu’aux prochaines échéances électorales, le gouvernement doit mobiliser des moyens nécessaires. Mais le déficit est là, tenace.
La situation n’est pas alarmante
Pas surprenant que l’Assemblée nationale se soit saisi du problème. Sa commission économique et financière (Écofin) vient, au bout d’une investigation de routine, de constater « la mauvaise exécution de la loi des finances au cours du premier trimestre 2015 ». En fait de « mauvaise exécution », la commission relève « des moins-values dans la collecte des recettes dues à l’État, des dépassements budgétaires pour certaines institutions et des cas de sous-consommation des crédits pour d’autres ». La chambre basse du parlement souhaite, comme la loi le prévoit, d’interroger le Premier ministre.
Il y a urgence, car le yoyo des matières premières ne rassure pas. Illustration : à la date du 11 juin, le cours du cuivre s’est négocié à 6 045 dollars/tonne métrique contre 5 991 la semaine précédente et 6 084 au 28 mai. Le cobalt s’est maintenu à 31 059,60 dollars contre 31 024. L’or poursuit sa descente, l’once étant passée, le 11 juin, de 1 182,45 dollars à 1 180,40 une semaine avant contre 1 221,97 au 28 mai.
En tout état de cause, la situation n’est pas alarmante. Elle reste préoccupante pour le gouvernement, qui doit répondre aux attentes multiples et urgentes des gouvernés. Donc, davantage de rigueur est exigé du gouvernement dans la gestion des ressources financières disponibles afin de résoudre progressivement les problèmes de l’heure.