Tourisme en RDC : des infrastructures peu adaptées

content image template_0011_19_01 - Ministère de tourisme
Le tourisme en RDC contribue à hauteur de 00,1% au budget, (ph. BEF)

L’industrie touristique dans le monde a généré un chiffre d’affaires de 7000 milliards de dollars (soit 220.000usd par seconde) en 2013, l’équivalent de 9% du PIB mondial et emploient près de 283 millions de personnes. De nombreux pays vivent du tourisme à l’instar de l’Egypte dont les revenus de ce secteur s’étaient élevés à 5,9 milliards de dollars en 2013 (4,36 milliards d’euros), contre 10 milliards de dollars américains avant le « printemps arabe ». Première source de devises de ce pays, les égyptiens ont même constaté que le nombre de nuitées a chuté de 57%, à 15 millions, entre juillet et septembre, période qui a vu le pic des violences politiques s’installer dans ce pays. Chaque année, la tour Eiffel est visitée par plus de 7 millions de visiteurs. Cela représente un visiteur toutes les 4 secondes. En RDC, le chiffre généré par le tourisme n’est même pas connu alors qu’en France, les recettes touristiques atteindront 49 milliards d’euros en 2020 contre 45 milliards d’euros en 2009. Selon la presse internationale, la France deviendra le premier pays du monde pour les revenus touristiques qui vont représenter 6,3% de son PIB. Le contraste est lourd lorsque le monde entier reconnaît la diversité des richesses touristiques immenses que regorge la RDC. Rien qu’avec ses multiples parcs, riches en biodiversité dont celui des Virunga, le plus vieux parc naturel d’Afrique créé en 1925 constituant une réserve d’environ 800 000 hectares et qui héberge plus de 2 000 espèces végétales, plus de 200 espèces de mammifères et plus de 700 espèces d’oiseaux, le pays a acquis sa grande renommée internationale grâce aussi aux 200 gorilles des montagnes. Les autorités compétentes ne trouvent à présent d’autres justifications que de s’adonner à ne que lister les contraintes qui bloquent le secteur touristique congolais.

Dans un atelier tenu le jeudi 24 avril à ce sujet, le secrétaire général de la Chambre de commerce national de la RDC (CCNRDC), Eric Castel, a regretté l’abandon de ce secteur suite à l’insuffisance d’infrastructures de base. Il a noté qu’il est du devoir de l’Etat de s’investir dans la mise en place des infrastructures de base : les routes, les aéroports, l’eau et l’électricité, au niveau de tous les sites concernés à travers la République. Ensuite, les opérateurs économiques privés du secteur pourraient se servir desdites infrastructures pour donner, à leur tour, un élan au tourisme congolais. Même à ce niveau, le climat des affaires a été dénoncé, notamment dans les secteurs de l’hôtellerie et de la restauration où des taxes sont exagérées, à en croire le secrétaire général du CCNRDC. Pour rappel, le pays compte neuf parcs nationaux. Chaque parc a sa spécificité avec différentes espèces protégées à travers les différents sites touristiques. Les touristes fréquentaient le parc de la Garamba (Province Orientale) pour voir les rhinocéros blancs aujourd’hui décimés, les girafes et les éléphants. Au parc de Kahuzi-Biega (Sud-Kivu), ce sont les gorilles, les éléphants de forêt et les chimpanzés à face claire qui s’y trouvent. Dans le Kundelungu, au Katanga, les guépards et les zèbres ainsi que la chute de la Lofo sont une véritable attraction pour les touristes. Au parc de l’Upemba, dans la même province, les éléphants et les zèbres règnent en maître. Bien que la pratique du braconnage ait diminué le nombre de paons congolais, d’éléphants de forêt et d’okapis, au parc de Maïko, qui s’étend du Maniema jusqu’en Province Orientale, et au parc de la Salonga (Équateur, Bandundu et les deux Kasaï), les espèces sont devenues rares, notamment en ce qui concerne les Bonobo.

Insécurité et non transparence dissuadent les touristes

Les parcs nationaux congolais n’attirent plus de nombreux touristes depuis plus de quinze ans, selon le responsable de l’Institut congolais pour la conservation de la nature (ICCN). Cette situation est due à la présence d’hommes armés dans plusieurs aires protégées qui se livrent au braconnage et à l’exploitation illégale des richesses dont regorgent certains parcs. En outre, les pouvoirs publics n’ont jamais daigné mettre en place une politique claire de gestion du secteur touristique. Selon, l’ONG WWF, le parc des Virunga rapporte à nos jours 49 millions de dollars américains en dépit de la situation d’insécurité qui y règne. En période de stabilité, ce seul parc pourrait atteindre des revenus de plus d’un milliard de dollars par an. Et, 45 000 emplois pourraient être créés dans le secteur de tourisme, de la pêche mais aussi au niveau du potentiel hydraulique important du site.

Il ya deux ans, le Rwanda a rétrocédé à la RDC la moitié des recettes générées par les gorilles de montagne congolais qui se sont réfugiés de l’autre côté de la frontière depuis 2005. « Nous avons eu un arrangement de façon à ce que les revenus que génère cette famille grâce au tourisme soit partagé à parts égales entre la RDC et le Rwanda », a déclaré le Docteur le docteur Augustin Kanyunyi, directeur intérimaire du Programme international de conservation des gorilles. Chaque touriste paie 500 dollars américains pour visiter une famille de gorilles, selon la même source et cela tous les jours. Comme il est de coutume, le montant global de la somme rétrocédée n’a jamais été révélé. Selon un recensement effectué en 2010 conjointement par la RDC, l’Ouganda et le Rwanda dans le massif des Virunga, la population de gorilles y serait de 480 individus (contre 380 lors du précédent recensement en 2003). A ce groupe, s’ajoutent environ 300 gorilles des montagnes de la forêt de Bwindi.

Recettes touristiques de la RDC

Là où l’industrie touristique d’autres pays contribue à plus de 40% au budget national, en République démocratique du Congo, le secteur ne participe que pour 0,001%. Le plan de mobilisation du gouvernement 2012-2016 vise à mobiliser 48 milliards USD. S’il faut croire la revue américaine Forbes, la RDC pourra prendre la troisième place touristique du monde à la prochaine décennie.