LE GÉANT japonais a publié des « résultats trimestriels brillants » et relève même ses prévisions, malgré la morosité du marché automobile mondial. Les résultats trimestriels sont au-dessus des attentes, à 4,5 milliards d’euros, en hausse de 28 % sur un an, ce qui lui permet de relever sensiblement ses prévisions de résultats pour l’ensemble de l’année fiscale, à 18 milliards d’euros au total. Toyota qui lance parallèlement un programme de rachats d’actions de quasiment 2 milliards d’euros.
Le constructeur japonais bénéficie à plein des taux de changes avec le yen, favorables aux grands exportateurs du pays en ce moment, et cette tendance tend à perdurer. Il y a quelques mois Toyota tablait sur des prévisions moyennes pour le yen/dollar à 106, elles sont désormais à 110, ce qui constitue un vrai ballon d’oxygène comptable, et lui permet de résister à la dégradation du marché américain notamment.
Mais si Toyota est en aussi bonne santé, c’est aussi pour des raisons plus industrielles.
Référence technologique
Alors que la quasi-totalité des constructeurs et des équipementiers mondiaux parlent d’un marché en forte dégradation en Chine et revoient à la baisse leurs prévisions, Toyota y excelle.
Le japonais signe même un record de vente absolu pour sa marque de luxe Lexus en Chine sur le mois d’août, +59 % à un peu plus de 17 000 unités, principalement grâce à la baisse des taxes douanières sur les véhicules importés.
Les ventes totales en Chine du groupe Toyota sur la même période ont bondi de 22,6 % à 133 000 véhicules, alors que l’ensemble du marché lui, reculait de 3,8 %.
L’autre ingrédient du succès de Toyota est d’avoir une gamme qui se transforme rapidement, grâce à l’avance prise par le japonais sur les techniques d’hybridation et d’électrification, au centre des enjeux du secteur automobile en ce moment. Toyota y est toujours une référence en termes d’expertise technologique, et peut adapter sa chaîne de production plus efficacement que d’autres constructeurs. Toyota s’est même fixé comme objectif la sortie de 10 nouveaux modèles 100 % électriques d’ici 2 ans, et de faire en sorte que n’importe quel modèle de sa gamme soit disponible en version électrique d’ici 2025. À l’horizon 2030, Toyota veut même atteindre les 5,5 millions de voitures électrifiées produites par an, dont 1 million en tout-électrique.
Enfin le groupe dispose de sérieuses capacités de maîtrise des coûts. C’est notamment le cas sur le marché américain, en phase de dégradation notamment du fait de la guerre commerciale, mais Toyota parvient à en contrecarrer les effets négatifs non seulement grâce aux taux de change, mais aussi grâce à une gestion des coûts très agressive.
Prochains mois compliqués
Un avantage qui pourrait ne pas durer selon les analystes. Et ce sera sans doute l’enjeu des prochains mois pour Toyota, qui jusque-là bénéficiait d’une relative clémence de la politique commerciale de Donald Trump. Les constructeurs japonais, qui construisent aux États-Unis pour le marché américain ont échappé aux surtaxes. Mais les prochains mois pourraient être plus compliqués, surtout si l’administration américaine décide de renégocier des accords commerciaux-clé. En attendant Toyota poursuit son année fiscale avec de très solides atouts en main, en tant que grand groupe fortement internationalisé. Le japonais a pour l’instant une belle longueur d’avance sur ses principaux rivaux, le meilleur placement produit et l’outil industriel le plus performant pour évoluer positivement dans ce marché en pleine tourmente.