UBA/Cameroun se distingue dans l’espace francophone

La filiale camerounaise du groupe bancaire nigérian United Bank for Africa est la plus dynamique dans les pays francophones africains. Selon les dirigeants de cette banque, elle s’est distinguée en se montrant agressive en 2017.

 

Selon des données disponibles sur les performances financières de l’UBA/Cameroun pour l’exercice 2017, le produit d’exploitation bancaire ou le chiffre d’affaires est d’environ 26 milliards de FCFA. Ce qui représente une hausse spectaculaire de 102,5 %, par rapport à l’année 2016, qui était de seulement 13,4 milliards de FCFA. Cette performance serait soutenue par la hausse de 13 milliards de FCFA des crédits accordés aux clients. Il y a aussi les engagements supplémentaires de 33 milliards de FCFA, sur les titres émis sur le marché des capitaux, généralement des titres publics, et dont la rémunération connaît des exemptions de taxe.

Les charges d’exploitation de la filiale camerounaise ont été les plus importantes des 10 filiales francophones du groupe, se hissant à près de 17,8 milliards de FCFA. Ainsi, le poids des charges et autres dépenses non fiscales, ou celles liées aux dépréciations, s’est alourdi. En 2017, 66,7 % des revenus de la banque ont été dépensés dans l’exploitation, contre seulement 56,4 % en 2016. Dans ce contexte la marge d’exploitation bancaire a été proche des 6 milliards de CFA et le bénéfice net est estimé à 3 milliards de FCFA. Dans les deux cas, il s’agit presque du double de ce qui a été réalisé en 2016.

Autre appréciation de cette performance finale : le ratio de marge net qui évalue le poids du bénéfice réalisé sur les revenus, est de seulement 12 % pour le Cameroun, contre 30 % pour le Sénégal, le pays francophone qui a le plus contribué aux bénéfices nets du groupe nigérian, et 40 % au Tchad, où l’économie connaît certains défis. Le Cameroun est la filiale francophone qui a connu le plus de dépréciations des actifs financiers, estimées à 2,8 milliards de FCFA. Dans ce contexte, UBA/Cameroun a vu ses réserves de cash reculer, en passant d’environ 62 milliards de FCFA à seulement 59,4 milliards de FCFA environ. L’un des objectifs de la banque est désormais d’adresser cette question relative à ses charges. Mais UBA/Cameroun veut aussi accroître ses revenus et a pour cela lancé de nouveaux produits financiers digitaux et, plus récemment, a obtenu une licence d’émission de monnaie électronique. Un service qui manquait à son portefeuille.

Ancrage sur la banque mobile

L’UBA est née en février 1961des cendres de British and French Bank Limited (BFB), filiale de la Banque nationale de crédit, qui démarra ses activités au Nigeria en 1948. À l’époque, les banques commerciales se développent rapidement et l’État nigérian, soucieux de réguler le marché, a acquis une participation majoritaire dans les 3 grandes banques du pays, dont l’United Bank for Africa. En 1970, la banque est listée au Nigeria Stock Exchange, première banque du pays à effectuer une offre publique d’achat. En 1984, elle ouvre une succursale à New York. L’année suivante, le gouvernement nigérian reproche aux banques du pays leur « manque d’approche commerciale, leur obsession pour les gros profits, et la sur-utilisation du système de crédit ». Il leur reproche également de ne pas vouloir opérer la transition vers des systèmes informatisés. En 2005, l’UBA fusionne ses activités avec Standard Trust Bank, et fait l’acquisition de la Continental Trust Bank. La fusion avec la Standard Trust Bank permet de se lancer dans « un développement domestique et panafricain ». C’est ainsi qu’en 2006, l’UBA absorbe Trade Bank, alors en liquidation et l’année suivante, 3 banques entrent dans le giron de l’UBA : City Express Bank, Metropolitan Bank et African Express Bank. En 2008, l’UBA rachète deux autres banques en liquidation : Gulf Bank et Liberty Bank.

Ainsi la banque entame une nouvelle ère, celle de l’implantation en dehors du Nigeria. Les premières extensions voient le jour au Cameroun, Côte d’Ivoire, Ouganda, Sierra Leone, Liberia. L’UBA entre dans le capital (51 %) de la banque internationale du Burkina Faso (BIB). Puis en 2009, l’UBA débarque au Gabon, Tchad et ouvre un bureau de représentation à Paris en France. Par la suite, d’autres pays se sont ajoutés à cette liste : République du Congo, République démocratique du Congo, Ghana, Bénin, Guinée, Kenya, Mozambique, Sénégal, Tanzanie, Zambie, États-Unis, Royaume-Uni.

Pour accompagner son développement africain, l’UBA lance en 2010 Africash, un système de transfert d’argent instantané dans n’importe quelle agence de la banque (il y en a alors 750), et Afritrade, un système de facilitation des paiements interbancaires. Cette même année, elle obtient sa licence de banque mobile, qui lui permet ainsi de déployer des offres bancaires via le téléphone portable. En 2012, l’UBA se joint à la Banque européenne d’investissement (BEI) pour la création d’une initiative régionale de financement dotée d’une enveloppe de 50 millions d’euros au profit des PMI/PME dans 16 pays africains. Elle est chargée de rétrocéder les fonds européens aux clients admissibles dans les pays cibles. Depuis juin 2014, les cartes de paiement délivrées par l’UBA sont acceptées par la plateforme de paiement en ligne Paypal.