L’on reparle de la relance de la production industrielle du secteur en RDC. L’offre mondiale accuse un déficit de près de 10 millions de tonnes l’an par rapport à la demande. Les cours mondiaux de l’or orange demeurent stables et la tonne de ce produit se négocie autour de 675 dollars. Zoom sur les huileries du pays.
Avant qu’il ne soit nommé ministre de l’Environnement, Bienvenu Liyota N’djoli était – l’est-il toujours? – administrateur aux Palmeraies et Huileries du Congo (PHC). L’ex-directeur de cabinet du Laurend-Désiré Kabila, et ancien ministre de l’Energie, Buse Falay est, aussi pour le compte de l’État, président du conseil d’administration de cette entreprise d’économie mixte devenue filiale de la société Feronia. Laquelle a racheté, le 3 septembre 2009, 76,2% des parts du groupe Unilever du Congo. Côté production: rien à signaler. À l’image de toutes les huileries du pays.
État des lieux du secteur
Le Kongo-Central, l’ex-Bas-Congo, d’où partira le projet de la relance de l’industrie huilière en RDC, comptait pourtant cinq huileries : la Société commerciale et agricole du Mayumbe (SCAM), la Compagnie des produits, Agriumbe, Elbema et JVL. Il n’en reste plus que de vieilles machines – d’ailleurs en partie cannibalisées – pour rappeler leur gloriole d’antan. Autant que dans l’ex-province voisine du Bandundu découpée en trois provincettes. Cette dernière disposait de cinq grandes exploitations de palmeraies naturelles et industrielles : Plantations Lever au Zaïre (PLZ), MADAIL, Compagnie du Kasaï et de l’Équateur (CKE), la Compagnie de Commerce de Bandundu (CCB) et les Huileries et Plantations du Kwilu HPK. Tout a disparu.
Dans la région du Kivu, note un rapport de la Fédération des entreprises du Congo (FEC), les mesures calamiteuses de la « zaïrianisation » puis de la « radicalisation » ont dévitalisé plusieurs plantations de palmiers à huile dans les directions de Kamituga et de Walikale. Dans l’ancienne province du Katanga, la culture du palmier à huile et l’industrie y afférente prospéraient dans le Tanganyika, le Haut-Lomami et aussi dans les localités de Kapanga, Sandoa, Kamina, Kabongo, Kaniama, Kongolo et Nyunzu. L’industrie huilière était au plus fort de sa production avant les années 1990, en fait avant les premiers pillages.
Le monopole de quelques unités agro-industrielles était concentré entre SOLBENA, TABAZAIRE et FILTISAF. Il n’y a quasiment plus rien de tout cela. Dans l’ancienne Province-Orientale, les cultures industrielles dont le café, le cacao et l’huile de palme, étaient encore, du temps de Mobutu, au plus fort de leur production, le monopole de quelques unités agro-industrielles comme SOCITURI, PLANTADEM, HUILPLANCO, SOCOPLA, PLANKUMU, AGRIUELE et naturellement PLZ qui avait des plantations et des unités de production d’huile de palme notamment à l’Équateur. Toutes ces entreprises sont aujourd’hui à l’arrêt. Sur l’axe Kisangani-Isangi-Basoko, l’on voyait, jusque dans les années 1990, des carrosseries de vieux camions Toyota ou encore Bedford chargées en rasade de gros barils d’huile sortis des huileries de Lukutu et d’Isangi. Les guerres ou les rébellions à répétition sont passées par là.
Mais selon la FEC, les usines s’étaient remises à ronronner et assurer, selon un rapport d’il y a un peu plus de 5 ans, une production qui couvrait 90 % de la consommation de la Province-Orientale. Quelque sept unités industrielles de production d’huile de palme étaient opérationnelles dans l’ancienne province de l’Équateur, dont les actuelles Palmeraies et Huileries du Congo. L’ancienne province du Kasaï-Oriental dispose d’un potentiel de cultures pérennes de café, de palmier à huile, d’hévéa qui étaient autrefois exploitées dans le Nord-Sankuru. Il est aussi d’autres régions dans les ex-provinces des deux Kasaï où, selon la FEC, des cultures industrielles d’huile de palme – autant que le tabac, le café et le coton – peuvent se développer avec grande rentabilité.
Peu d’attention sur les cultures pérennes
Dans son ambitieux programme de relance du secteur agricole, le gouvernement n’a pas du tout porté une attention particulière aux cultures pérennes. Le président du Sénat, Léon Kengo Wa Dondo, l’avait déploré dans son speech de la rentrée parlementaire de mars dernier. A ce jour, l’on a du mal à croire que c’est un Belge, Vanderweyen, qui œuvrait au Congo belge pour le compte de l’Institut de recherche agronomique, qui a été à l’origine d’une découverte majeure sur l’hybridation des palmiers à huile en 1939. Que ces variétés tenera, hybrides des dura et des pisifera, combinent une coque épaisse et une pulpe fournie et forment, actuellement, la totalité des palmiers exploités dans le monde. Que les palmiers à huile ont été introduits au début du XXè siècle en Indonésie, par un autre expert venu de l’actuelle RDC, l’agronome belge Adrien Hallet.
Aujourd’hui, l’Indonésie – qui se dispute le titre de premier producteur mondial avec la Malaisie – réalise jusqu’à 45% de la production mondiale, plus de 20 millions de tonnes d’huile de palme l’an quand la RDC – pionnier du secteur- se contente de quelques bidons d’huile, obtenus artisanalement.