L’action des militants de l’ONG internationale Greenpeace pour bloquer, le navire suspect n’a pas suffi. Le Safmarine Sahara, avec sa cargaison, a accosté au port français de La Rochelle.
Greenpeace a empêché, le 23 juin, le déchargement d’un navire accusé d’importer illégalement du bois en provenance de la République démocratique du Congo. La veille, le bateau battant pavillon britannique avait, selon l’Agence France Presse (AFP) tout d’abord dû rebrousser chemin, pour mouiller au large, en début de soirée, lorsque des militants de Greenpeace, embarqués sur trois canots pneumatiques, avaient plongé dans le bassin du port de commerce rochelais de La Pallice pour l’empêcher d’accoster. Les activistes de l’ONG environnementale s’étaient approchés du cargo dans l’avant-port où ils ont écrit en grandes lettres blanches sur ses flancs la mention « Bois illégal ».
Vêtus de combinaisons vertes et portant des casques de protection blancs, ils se sont postés, dans la matinée du 23 juin, sur les grues de déchargement à l’endroit où était prévu l’accostage de Safmarine Sahara. Ils ont ensuite déposé une large banderole sur laquelle on pouvait lire : « Bois illégal, France laxiste.». Face à cette pression, le navire a été finalement contraint à accoster sur une autre zone du port. Mais les assauts de Greenpeace se sont poursuivis. Selon l’Ong, une partie des 3 000 m3 de bois (bossé, sipo, sapelli, notamment) transporté par le cargo Safmarine Sahara est constituée de produits illégaux. Pour le ministère français de l’Agriculture, cité par l’AFP, 5 à 15 % du bois importé dans l’Union européenne serait illégal. Pour Greenpeace, c’est plutôt 15 à 30 %. Le commerce de bois illégal continue à peser sur les ressources naturelles de la RDC. Début janvier, Greenpeace France avait également procédé à une saisie symbolique de bois illégal au port de Caen.
Les 15 militants de cette ONG, en combinaisons portant la mention « Brigade de Vérification du Bois » avaient placé sur la remorque d’un camion une grume longue d’environ 7,50 mètres pour qu’elle soit présentée aux autorités françaises comme pièce à conviction. Le convoi avait finalement été bloqué par les forces de l’ordre. Les activistes de Greenpeace ont déploré la faiblesse de la loi française pour lutter efficacement contre le trafic de bois illégal. Ils ont, par ailleurs, insisté pour l’application en France du Règlement sur le bois de l’Union européenne (RBUE) et alerté le ministère français de l’Agriculture sur la présence de bois illégal dans les ports de l’Hexagone. « Nous exhortons les autorités françaises à saisir ce bois illégal et à appliquer les dispositions du Règlement sur le bois de l’Union européenne afin de contribuer à la protection des forêts congolaises et à la lutte contre le commerce illégal du bois », avait, en son temps, soutenu Raoul Monsembula, coordonateur national en RDC de Greenpeace Afrique.
Le bois illégal représente 15 à 30 % du volume du bois commercialisé sur le plan international. « Non-paiement des taxes, dépassement des quotas de coupe, coupe d’essences protégées, non-respect des communautés forestières, etc. Le bois illégal, dans des pays comme la RDC, rime avec déforestation et violents conflits sociaux. Il ne profite pas aux populations et impose une concurrence déloyale avec des filières légales en difficulté. C’est aussi un facteur majeur du dérèglement climatique au niveau mondial, qui a des répercussions dramatiques en Afrique », explique Raoul Monsembula.