Trois mois après la mise en service des fameux bus, l’Association des propriétaires de véhicules affectés au transport en commun (APVCO) et les exploitants jugent l’expérience concluante.
Depuis que l’Association des propriétaires de véhicules affectés au transport en commun (APVCO) a été choisie comme partenaire par le gouvernement dans la concrétisation du projet « Esprit de vie », le nombre de ses membres n’a cessé d’augmenter. « En cinq mois, le nombre de nos adhérents est passé de 75 à 647 aujourd’hui », reconnaît Felo Akilimi, le secrétaire général de l’association. La motivation profonde est claire : avoir la possibilité, pour les nouveaux adhérents, d’acquérir un « Esprit de vie ». Pourtant, l’APVCO a renforcé les conditions d’adhésion. Les frais sont passés de 15 à 50 dollars, en plus d’une demande manuscrite expresse, d’une attestation de résidence, d’un extrait bancaire, d’une attestation de mariage… « Chaque jour, nous recevons de nouvelles demandes d’adhésion comme si on était une agence de placement », ajoute la jeune secrétaire et réceptionniste de l’association, en indiquant du doigt des dossiers empilés dans un coin de son bureau. Le mobilier de bureau ainsi que l’équipement informatique de l’APVCO ont été renouvelés, les murs rafraîchis. Le programme a coûté à ce jour un investissement de près de 14 millions de dollars pour assurer la commande et le transport entre la Corée du Sud et la RDC d’un premier lot de 250 bus Hyundai.
Beaucoup de scepticisme au départ
Au début de cette aventure, beaucoup de Congolais étaient sceptiques quant à l’aptitude du gouvernement et de l’APVCO à mener à bon port le projet. D’autres attendaient de connaître l’identité des bénéficiaires pour être rassurés. Cette méfiance était justifiée par une opération antérieure de cession, dans l’opacité la plus totale, de tracteurs commandés par le gouvernement. Destinés au départ aux projets agricoles à l’intérieur du pays, la plupart de ces engins ne sont jamais arrivés là où on les attendait. Commentaire d’un fermier : « C’est entre amis et sur la base de critères connus des seuls initiateurs du projet que ces tracteurs ont été distribués. » Ce qui le pousse à soupçonner l’APVCO d’être une structure au service de certaines autorités qui distribuent, au mépris de l’équité, des cadeaux à des proches qui ne savent rien du secteur du transport en commun. Un avis que ne partage pas le secrétaire général de l’APVCO. Pour lui, il y a des critères qui sont très sélectifs et très rigoureux. Outre les conditions d’adhésion, le demandeur doit verser avant réception du bus un acompte de 8 560 dollars sur les 57 000 exigés, soit 15% du total. Le solde est échelonné sur 4 ans, à raison de 1 010 dollars par mois. Les exploitants, dont les recettes journalières se situent entre 200 et 300 dollars, ne s’en plaignent pas.
Garanties du constructeur
Pendant toute la durée du contrat, qui comprend également une assurance et des taxes administratives, le constructeur Hyundai se charge de réparer toutes les pannes mécaniques. À l’instruction du dossier, une commission d’enquête est instituée pour s’assurer que le demandeur est effectivement propriétaire des biens déclarés en produisant la carte grise, à son nom, du ou des véhicule(s) déclaré(s), en plus d’autres garanties exigées, dont la déclaration de propriété. Les enquêteurs sont autorisés à aller vérifier certaines informations jusque dans les banques et à se rendre au domicile du demandeur. La procédure, affirme Felo Akilimi, a permis de démasquer quelques brebis galeuses connues comme escrocs dans leurs quartiers et qui prétendaient être propriétaires de biens qu’ils n’ont jamais possédés.
Deux millions de dollars déjà remboursés
À ce jour, même si seulement 40 % des 250 bus ont été effectivement attribués, le secrétaire général de l’APVCO reconnaît qu’il n’y a plus assez de possibilités pour les nouveaux demandeurs : ils doivent attendre une nouvelle commande de 50 bus, en avril, grâce au remboursement du crédit par les anciens récipiendaires. Plus de 2 millions de dollars remboursés au gouvernement ont été immédiatement affectés à cela. Il en sera ainsi chaque année, dit-on à l’APVCO, jusqu’à la résolution totale du problème de transport en commun à Kinshasa et dans les autres grandes agglomérations du pays. Selon des études récentes de la Banque mondiale, les besoins en bus pour le transport en commun à Kinshasa, avec une population estimée à quelque 10 millions d’habitants, s’élèvent à 5000 bus. L’État, à travers les initiatives de Transco (500 bus), « Esprit de vie » (250 bus) et la Régie de transport de Kinshasa (RETRANSKIN) avec 80 bus, est encore très loin du compte. Hyundai, le constructeur et fournisseur sud-coréen des bus « Esprit de vie » a décidé d’installer à Kinshasa une usine de montage du modèle livré. Les travaux sont déjà en phase d’achèvement sur l’avenue Mondjiba dans la commune de Kintambo.