La reprise des cours reste fixée au 7 septembre. Si, dans la plupart des écoles, il y a encore de la place pour les nouveaux, élèves, s’inscrire n’est pas évident. Le gouvernement, pour sa part, mise sur l’inscription de quelque deux millions d’élèves.
À quelques jours de la rentrée scolaire 2015-2016, la ruée vers les magasins pour l’achat de fournitures n’est pas au rendez-vous. Si les uniformes, les cahiers et autres matériels scolaires sont en vente, les acheteurs, eux, se font rares. Une vendeuse d’uniformes interrogée au grand marché indique que la vente est lente par rapport à l’année passée. Roger Mavinga, père de cinq enfants, est fonctionnaire dans un ministère. Depuis deux mois, il n’a pas touché son salaire. C’est généralement autour du 15 du mois qu’il est payé. Vu le retard, il ne sait plus quoi faire. « Je n’ai jusque-là rien payé comme frais scolaires pour mes cinq enfants. Je n’ai acheté que quelques fournitures scolaires», indique-t-il. Une chose est sûre : l’argent que Roger Mavinga touchera ne lui permettra pourtant pas de faire face aux dépenses relatives aux études de ses enfants. Depuis février 2014, il rembourse 50 000 francs sur les 140 000 qu’il gagne mensuellement. Cela va jusqu’en février 2016. « Avec ce que j’aurai, je vais faire le nécessaire. Quant au reste, je me débrouillerai comme d’habitude », explique-t-il.
L’un des collègues de Roger Mavinga dit n’avoir rien acheté ou payé et il ne veut même pas y penser pour ne pas tomber malade. Roger Mavinga fait partie des fonctionnaires qui ne reçoivent rien de l’employeur pour la scolarité des enfants. Pourtant, certaines entreprises du portefeuille et services de l’État facilitent la tâche à leurs employés en leur offrant de quoi payer frais et fournitures scolaires. Tel est le cas de la Direction générale des douanes et accises (DGDA), de la Société commerciale des transports et ports (SCTP) et de la Régie des voies aériennes (RVA). À la DGDA, c’est au début du mois d’août que ces frais ont été payés aux agents et cadres. Outre le secteur public, certaines entreprises privées comme la Bralima accordent des facilités à leurs employés
Le défi des inscriptions et des frais scolaires
Dans la plupart des écoles de Kinshasa, l’heure est encore aux inscriptions. Dans une école privée de Lemba, les frais d’inscription à la maternelle s’élèvent à 5 000 francs, auxquels il faut ajouter 15 000 francs de fournitures scolaires. Dans la même école, l’inscription dans la section primaire coûte 5 000 francs, en plus de 5 500 pour les fournitures. Cependant, l’inscription de l’élève doit être confirmée par le paiement d’un acompte « obligatoire de la moitié des frais du premier trimestre ». En ce qui concerne le minerval du premier trimestre dans la même école primaire, il est fixé à 92 000 francs. À la maternelle, il est de 87 500 francs.
Campagne nationale d’inscription de 6 à 7 ans
Le 17 août, Maker Mwangu Famba, ministre de l’Enseignement primaire, secondaire et de l’Initiation à la nouvelle citoyenneté a lancé la campagne nationale d’inscription des enfants de 6 à 7 ans à l’école primaire pour l’année 2015-2016. La cérémonie s’est déroulée à l’école primaire Kilimani, à Kintambo, en présence de la Représentante adjointe de l’Unicef, Sylvie Fouet. Objectif : inscrire deux millions d’enfants. Cette campagne est conforme à la loi-cadre du 11 février 2014 et au Plan intérimaire de l’Éducation(PIE) visant l’accroissement de l`accessibilité à l’enseignement primaire. Pour le ministre de l’Enseignement primaire et secondaire, l’accélération des inscriptions des enfants en première année est un pas positif qui va donner à tous les enfants les moyens de terminer le cycle complet d`études primaires. « Les deux millions d’enfants à inscrire profiteront de la mise en place progressive de la politique de la gratuité de l`enseignement primaire dans les écoles publiques », précise Mwangu Famba. Pour sa part, Sylvie Fouet, représentante adjointe de l’Unicef, a indiqué que l’école est l’avenir des enfants et elle assure leur bien-être, en faisant d’eux de bons citoyens. « Elle contribue aussi à créer un environnement de paix et améliorer la vie des communautés. La place des enfants est à l’école, aucun facteur d’exclusion n’est acceptable », a-t-elle ajouté.
Lutte contre l’entrée tardive des enfants à l’école
Le ministère de l’Enseignement primaire et secondaire mène une guerre contre l’entrée tardive des enfants dans le système scolaire et ses conséquences. C’est le cas des mauvais résultats. « Nous devons corriger cela en réduisant les barrières qui favorisent l’exclusion scolaire. Il s’agit notamment du coût de la scolarisation, de la distance entre l’école et la résidence, de l’inégalité dans la répartition des infrastructures scolaires, de l’insuffisance des ressources humaines, des fournitures scolaires et des conflits armés », a insisté le numéro un de l’enseignement primaire et secondaire. Par ailleurs, il a appelé les parents et tuteurs à participer à cette campagne, en veillant au maintien des enfants à l`école durant tout le cycle primaire.
La proportion des enfants en dehors de l`école a beaucoup baissé
Une enquête nationale sur les «Enfants et adolescents en dehors de l’école (EADE) » a été menée en 2012. Selon les résultats obtenus, 7,3 millions d’enfants et adolescents de 5 à 17 ans sont en dehors de l’école. Le gouvernement s’est mis à y travailler et, depuis, des avancées ont été enregistrées. Le rapport sur l’état du système éducatif national démontre que les indicateurs de couverture, d’accès et d’achèvement au primaire sont encourageants et que des progrès significatifs ont été accomplis.
Selon Maker Mwangu Famba, le taux de scolarisation est passé de 90,4% à 110,4% de 2007 à 2012. La représentante adjointe de l’Unicef en RDC s’est félicitée des améliorations obtenues après les deux dernières campagnes : une augmentation annuelle de plus ou moins 10% du nombre des enfants qui commencent l’école primaire. Par ces deux campagnes, on peut estimer à plus de deux millions d’enfants, tous sexes confondus, qui ont été inscrits.